Le crépuscule mordait dans la forêt, peignant les arbres de teintes pourpres et violette tandis que l’ombre s’épaississait à une vitesse alarmante. La pluie fine et acide qui semblait ronger la peinture de notre vieille voiture s’abattait sur le pare-brise. Rian, les nerfs à vif, marmonnait des imprécations sous son souffle. J’étais assise à côté de lui, le visage éclairé par la faible lueur du tableau de bord, essayant de diagnostiquer le problème. Le moteur était silencieux, aussi mort qu’un cœur brisé.
La voiture était plantée là, une épave rouillée dans ce décor lugubre. L’air sentait le bois pourri et la terre humide, une odeur sucrée et nauséabonde à la fois. Au loin, à travers les arbres tordus, j’apercevais une lueur orangée, une lueur incertaine qui semblait provenir d’une maison, ou peut-être d’un autre endroit plus sinistre.
Rian, toujours tendu, me lança un regard inquiet. "On va y aller ? Ça me fout les jetons, cette baraque…" Son hésitation était palpable. Nous devions passer la nuit quelque part, attendre le lever du soleil pour appeler de l'aide...
Après une longue hésitation, nous nous sommes finalement résolus à nous approcher de la source de lumière. Et quelle ne fut pas notre surprise en découvrant une auberge, pittoresque et chaleureuse, contrairement à l’atmosphère lugubre de la forêt environnante. Un homme corpulent, le visage ridé par le temps et le soleil, à la barbe poivre et sel, nous a accueillis avec un sourire étonnamment amical. Sa fille, une jeune femme aux yeux brillants et à la chevelure noire comme de l’encre, nous a guidés jusqu’à un grand feu crépitant dans la cheminée. Ils nous annoncèrent des prix défiant toute concurrence pour la nuit.
Nous avons décidé de rester.