Une nuit mouvementée
Une fois mon dessert terminé, je regagnai la chambre où m’attendait Rian. La porte s’ouvrit sur une pièce somptueuse, aux murs lambrissés et au lit à baldaquin drapé de velours rouge. Avant même que je n’aie pu poser mes bagages, Rian m’attrapa, me serrant contre lui dans une étreinte chaleureuse. Ses lèvres se posèrent sur les miennes dans un baiser tendre et passionné. L’excuse du mal de ventre n’était qu’un prétexte, une ruse habile pour me retrouver seule avec lui dans ce lieu isolé et intime.
Il me murmura des paroles enflammées, son regard brûlant de désir. Il me parlait de la beauté de la chambre, de la douceur des draps, des rideaux épais qui assuraient une intimité parfaite. Il me décrivit les motifs complexes sculptés dans le bois du mobilier ancien, la richesse des tapisseries, le reflet scintillant de la lune dans le grand miroir vénitien. Il me fit remarquer le silence absolu qui régnait dans la chambre, un silence si profond qu’on pouvait entendre le battement de nos cœurs. Il me montra les nombreux détails architecturaux de la pièce, les fresques aux couleurs estompées par le temps, le petit balcon qui donnait sur la forêt, la cheminée monumentale décorée de sculptures grotesques. Il me fit observer la subtilité des ornements en argent sur les meubles, le lustre en cristal qui projetait des ombres dansantes sur les murs, la subtilité des gravures sur le bois. Ses paroles, emplies d’une passion contenue, me laissèrent sans voix. La chambre, auparavant simplement belle, prenait une dimension nouvelle, presque mystique, sous le charme de ses mots.
Quelques heures plus tard, épuisés par les émotions de la soirée, nous nous sommes endormis dans les bras l’un de l’autre. Un sommeil profond et réparateur m’avait envahi. Je fus brutalement réveillée par des cris perçants, déchirants, qui semblaient provenir de l’extérieur. Des hurlements stridents, suivis de gémissements plaintifs, puis d’un silence assourdissant, puis à nouveau, de cris encore plus violents. Ils étaient proches, terribles, des cris de pure terreur qui glacèrent mon sang.
Rian dormait profondément, insensible à mes secousses et à mes appels insistants. Déterminé à comprendre l’origine de ces hurlements, je tentai d’ouvrir la porte, mais elle était verrouillée de l’extérieur. J’essayai de l’enfoncer, mais en vain. À ce moment précis, les cris cessèrent aussi brutalement qu’ils avaient commencé. Un silence de mort s’abattit sur l’auberge. Je collai mon oreille contre la porte, retenant mon souffle. J’entendis alors des pas, lourds et lents, qui se rapprochaient, s’approchant de manière régulière et implacable. La peur me paralysa. Je n’eus d’autre choix que de regagner précipitamment le lit, me blottissant contre Rian, les yeux fermés, serrant les dents pour étouffer un cri de terreur.

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