Chapitre 4 ou "la tente"
La sonnerie du midi sonna la fin du cours de maths et la classe se vida. Les calculs lors des maths en deuxième heure nous assomant un peu, certains oublièrent même les origines extraterrestre d’alien. Pas moi.
- Tu veux aller voir les meyers ? Ceux à l’impasse.
- Hein ? pourquoi ? Sursauta Alice soudainement effrayée.
- Eh bien nous avons toutes les deux des questions, non ?
- Je viens avec vous. Dit simplement mais sèchement son amie en croisant les bras, prête à me sauter à la gorge si je refusais.
Je lui répondis que bien sûr qu’elle venait avec nous et c’est ainsi que je me retrouvais encore devant Eruk, de ma propre volonté cette fois. Il finissait un sandwich jambon cornichon et failli s’étouffer en me voyant. Ses yeux brillèrent étrangement tandis qu’il me fixait. Il aperçut Alice et son amie et comprit que je n’étais pas venu pour lui.
- Agathe.
- Eruk.
- Que me vaut ce plaisir ?
- Hm… Essaya d’articuler Alice soudainement prise d’une terrible timidité. Je suis une meyer immigrée.
Eruk fronça les sourcils, plus pensif que colérique. Un coup de vent incongru mélangea mes cheveux déjà en bataille.
- Effectivement, tu es une meyer. Que la lumière te garde. Tes parents se sont-ils enregistrés pour le rapatriement ?
- Non… Ils voulaient en parler avec moi ce soir. Mais j’ai des questions que je ne peux leur poser de peur de les blesser…
- Tu es donc venue vers nous. Des représentants officiels des meyers. Il prit le temps de se verser un verre d’eau et de le boire. Vas-y Pose tes questions, je t'en prie.
- Hm… Je… Nous sommes donc demi-humains ?
- Oui la fusion entre Lotussia, une humaine et un elfe, un des deux peuple natifs de notre planète. Enfin, selon la religion meyer.
- La religion meyer ?
- Oui. Le culte de notre mère à tous, Lotussia. Ne t’inquiète pas. On emploie le mot de culte mais on parle juste de la croyance qu’une humaine est venue sur notre planète et a fondé la civilisation meyer. On a une fête dans l’année au printemps et on suit ses valeurs mais c’est tout.
- Et la lumière ?
- L’équivalent de Dieu sur notre planète. C’est la religion dominante. On part du principe que toute vie est créée et protégée par la Lumière et qu’elle est à l’origine de toute chose. Tout être possède sa part de Lumière et repars vers elle lors de sa mort. En gros. C’est très différent de vos religions mais en même temps assez ressemblant non ?
Alice hocha la tête en signe de confirmation et se détacha de son amie mais resta derrière elle. Eruk reprit de l’eau et se remit à m inspecter comme hier mais plus comme un inquisiteur. J’eus un sursaut et Alice reprit.
- Je pourrais rester sur Terre ?
- Si c’est là qu’est ta maison, le gouvernement te laissera rester.
Carla ouvrit la bouche pour poser elle aussi une question mais fut interrompue (encore) par l’amie d’Eruk qui sortit de la tente avec un sandwich au jambon. Elle aperçue Alice et sourit.
- Oh ! Tu es une immigré ?! Alors le choc Terre-Terre ? (Sûrement que le traducteur avait buggé parce qu’elle devait parler de leur planète.) C’est si sale ici. Le sol, les murs, même le ciel ! Toujours gris même quand il fait beau ! Chez nous il est vraiment bleu même des fois un peu verdâtre parce que notre couche d’ozone est un peu plus fine ! Surtout depuis… enfin bref ! Oh ! Et t’as pas de dichjury ? Votre air n’a pas la même composition ! Comme des mini particules…
- Oh ! dichjury ça doit être de l’asthme ! C’est quand on a des difficultés à respirer ? Et que ça bloque même des fois ?
- Oh ! Exactement ! C’est guéri en inspirant dans ça !
Elle tendit un appareil qui était trait pour trait de la Ventoline.
- Beaucoup de meyers ont fait de la dichjury en arrivant sur Terre. Apparemment l’air est très pollué par des produits chimiques.
- Il n’y a pas de pollutions chez les meyers ?
- Très peu. Nous utilisons très peu tout ce qui pétrole et plastique. Nous préférons électricité et gaz naturel. Répondit Eruk presque en grognant, comme si la présence de son amie l’avait mis encore plus en rogne.
- Excusez-le. Il est comme ça depuis hier. Il est encore plus de mauvaise humeur depuis ce matin.
- Tais-toi, dit simplement Eruk en croisant les bras.
La fille ouvrit la bouche et prit un air surpris et choqué. Elle s offusqua et le traita de colérique et de fou furieux.
- Bah dites donc. Si c’est ça être énervé pour un meyer, rigolais-je. Je n’ai pas vraiment eu l’impression que tu lui criais dessus moi.
- Je suis connu comme étant le plus bougon et le plus colérique du groupe. On a failli ne pas me prendre à cause de ça. Mais ça ne vous regarde pas, Agathe. Dois-je répondre à d autre questions Alice ?
- Si j’ai bien compris. Se mettre en colère est mal vu chez les meyers ?
- Très. On dit que c’est contre nature. Pff. Que des conneries ça.
Ah. On leur avait appris l’argot. Et ils avaient aussi des injures. Drôle pour un peuple pacifiste où se mettre en colère était mal vu.
- Mais moi je me mets souvent en colère.
- Mais quand tu le fais, tu préfères crier ou aller t’expliquer sur ce qui qui t’as mis en colère ?
- M’expliquer. Je n’aime pas vraiment crier… répondit elle en se cachant encore plus derrière Carla qui croisa les bras, lui donnant un air de bucheron avec cette chemise à flanelle, et lui avait pris la main pour la rassurer.
- Alors tu es apparemment plus meyer que moi. Je préfère aller crier ma frustration.
- Ce n’est pas sain ce que tu fais Eruk. Tu vas finir par franchir le point de non-retour. Et là nous n’aurons pas d’autre choix.
Informa une femme sortant de la tente, les traits de la quarantaine terrienne et les yeux fatigués.
- Veux-tu que ta famille te pleure ? Que le honte s’abatte sur elle ?
Elle caressa la tête de Eruk, le décoiffant avec humour. Elle posa délicatement son regard nuit sur Alice qui semblait plus détendue en sa présence.
- Alice. C’est toi la fille de réfugiés ? Tout ça doit être dur pour toi ma pauvre…
Elle parlait d’une voix douce et rassurante. Je ne voyais de malice nulle part. Ni dans ses yeux ni dans son sourire. Juste une gentillesse presque innocente et une sincère volonté d’aider.
- Je suis juste un peu perdue…
- Nous ne le sommes pas tous un jour dans notre vie ? Je pense sincèrement que tes parents t aiderons plus que nous. Surtout que tu ne parlais pas à un exemple de meyer type. N’est-ce pas Eruk ?
- Supérieur Elena... Voulut s’expliquer le garçon avant de se raviser, un peu honteux de lui-même.
- Tu veux parler de ce qui te dérange Eruk ? Tu sais que je serais toujours à ton écoute.
Elle posa sa main sur son épaule et le regarda droit dans les yeux avec tendresse.
- Tu peux tout me dire, tu sais ? Ça ne sert à rien de se mettre dans des états pareil mon grand. Culte de Lotussia ou non. Il est plus facile de communiquer que de se renfermer. Non ?
- Si supérieur Elena. Pardon.
- Ne demande pas d’excuse pour avoir ressenti Eruk. N’ai jamais honte de ta colère. Fais-en ta force. Un outil que tu auras peaufiné pour en faire le tien sans qu’il ne te blesse.
Le garçon eu comme les larmes aux yeux et hocha la tête en signe d’approbation. Puis il me regarda comme s’il attendait une approbation de ma part. La supérieur sembla le remarquer puisqu’elle dirigea sa tendresse vers moi.
- Tu dois être Agathe. Je suis la supérieur Elena. C’est moi qui dirige cette équipe. Enchantée de te rencontrer. Elle se tourna vers Carla. Et vous êtes ?
- Carla, l’amie d’Alice.
- Enchantée. C’est gentil d’être venu avec elle. Ça va ? Pas trop choquée de l’identité d’Alice ?
- Non. Pas vraiment. Elle m’avait dit être une meyer il y a longtemps. Je n’ai pas tout de suite fait le rapprochement avec elle quand vous êtes arrivés. Puis Alice reste Alice. Je resterais à jamais avec elle.
Alice sourit et sortit enfin du dos de son amie en serrant sa main. La supérieur sourit aussi et eu un soupir de contentement.
- Tu as pu te faire de bonnes relations ici. C’est super. Je pense que tu n’as pas à t‘en faire autant.
- Oui. Confirma Alice, elle aussi contente. Je me sens mieux.
Elle s’adossa sur l’épaule de Carla et plongea ses beaux yeux dans les siens mais ne dit rien.
Soudain un cri. Enfin un rire. Machiavélique et hystérique souleva la tête accompagné d’une salve d’applaudissement et d’onomatopées étonnées et impressionnées. Une tête d’ado sortie de la tente et s’adressa à la supérieur avec un grand sourire.
- Supérieur Elena ! L’humaine a bel et bien réussi à connecter notre réseau téléphonique et de télévision sur la base ! Ces terriens sont décidément pleins de surprises !
Un autre meyer sortit en souriant, la tête toute décoiffée.
- Ceci enfreint plus de la moitié des protocoles de sécurité et la petiote est même allé sur Terre parce qu’un meyer ne réussissait pas les branchements ! Elle a peur de rien ! Enfin maintenant on a la télé chef.
- Il faut aller la féliciter. Et même s’excuser de l’avoir pris un peu de haut. Vous voulez venir avec nous ? Nous proposa la supérieur en riant à pleine dent.
Nous acceptâmes plus par curiosité que par politesse malgré les plaintes de l’autre meyer qui regrettait toutes ces enfreintes aux règles de sécurité.
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