Chapitre 5 ou Kiki

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Dans la tente, éclairée seulement par la lumière du jour et une petite lampe au fond, se tenaient sept à huit Meyers. Cinq d’environ notre âge tous équipés d’une tablette et deux plus vieux, dont un avec une clef à molette et un bleu de travail et une autre avec des lunettes et un cardigan. Au centre, devant le poteau en simili-bois qui retenait la tente, un écran plat diffusait ce qui ressemblait à notre BFMTV mais pour les Meyer. Une jeune femme à la vingtaine était à l’origine du ricanement de sorcière. Elle tenait ses hanches et portait un manteau tellement blanc que l’on aurait plus le prendre pour une blouse de chimie si le col et la ceinture n’avaient pas été colorés. Elle nous vit et nous remarquâmes que c’était une humaine tout comme nous.

- Oh ! Si c’est pour réparer leur télé c’est trop tard ! HAHA ! Je m’en suis chargé ! Vous, les Meyers, êtes les premiers à nous donner des leçons mais vous êtes incapables de relier un routeur à une télé !

- Eh ! Tu as dit toi-même que c étais plus complexe que prévu ! Rétorqua un meyer plus amusé que vexé.

- Bien sûr ! Vous avez une autre énergie qui se ballade avec l’électricité ! Nous n’avons pas ça sur Terre alors c’est sûr que ça ne marche pas ! Maha ! Heureusement que je suis un génie et j’ai réponse à toutes les difficultés ! Un multiplexeurs par-là, un filtre passe-bas par ici. Et hop le tour est joué !

- Tu rigole, on a dû tout rebrancher sur notre planète !

Elle rit encore plus fort et plongeant sa tête châtaigne en arrière et ses mains dans ses poches.

- Mais ça marche maintenant non ? Eh les filles, je ne suis pas géniale ?

- Je peux voir le montage ? Demandai-je en étant intriguée par le fait qu’elle ait réussi à bloquer un autre type d’énergie avec seulement un filtre passe bas, comme si on pouvait bloquer de l’eau avec une passoire.

Des Meyers me bloquèrent un peu gênés.

- Désolés mais on essaie de limiter le plus possible les terriens entrant en contact avec notre moyen de transport. Là on en avait vraiment besoin parce que ce soir notre président fait un discours sur vous et sur ce que nous allons devenir.

- Je comprends.

- Pouvons-nous vous offrir le déjeuner, à vous, vos amies et la drôle humaine ?

- Ça tombe bien ! Un en-cas ne serait pas de refus ! Servez le caviar, Meyers ! S’exclama la drôle d’humaine en riant encore plus fort.

Une des jeunes se glissa derrière la tente et il eut un bruit d’ouverture de frigo. Elle revint un peu gênée et se tourna vers la dingue.

- Nous n’avons pas de caviar mais je peux vous proposer des chips et du saucisson. Et un steak ?

- Va pour le steak ma grande ! Le jambon pour la jeune là-bas et laisse ces deux manger dans un coin plus tranquille !

Alice la remercia et s’esquiva avec Carla. Elles aimaient manger juste toutes deux. La folle s’assit à une table au milieu de la tente, où bidouillait un jeune Meyer des sortes d’appareils électriques, et m’invita à faire de même.

- Tu dois être Agathe.

- En personne. Et vous ?

Elle rit aux éclats.

- Pardon. Je manque à toute politesse. On m’appelle Kiki. J’aime bricoler quand j’ai du temps libre. Tu n’es pas avec Geneviève ? Vous êtes inséparable normalement.

- On se connaît, Kiki ? Comment vous savez tout ça ?

- Tu poses toujours des questions mais tu n’as pas de réponses. Surtout ces derniers temps. Avec les Meyers.

- Vous vous moquez de moi ?

- Tout à fait. Mais je ne voulais pas être cruelle, pardon. Je suis une amie à ton prof de math et d’info. Il me parle souvent de toi. Puis le jeune Meyer, à l’extérieur, il parle de toi aussi. Il a dit que tu avais de beaux yeux.

Kiki eut un sourire en coin. Et les Meyers du fond rirent un peu.

Pauvre Eruk. Tu m’étonnes qu’il soit à cran avec les autres Meyers. Même s’ils ne voulaient pas le blesser, ça ne devait pas être agréable d’être moqué comme il l'était.

Une amie à mon prof de math, M. Verry ? Pourtant je n’avais pas l’impression d’être proche de lui. Pourquoi parlait-il de moi à ses amies ?

- Je vois. Et comment ça se fait que vous êtes ici ?

- J’allais voir ton prof quand je les ai entendu paniquer sur la télé alors je me suis glissée sous la tente pour les aider.

- Merci encore Mme. Kiki, pleura le Meyer assit à côté de nous. Mais s’il vous plait ne vous glissez plus sous les tentes des peuples extra-terrestre… En plus, on a cru que vous étiez une Meyer et supérieur Elena n’a pas compris pourquoi elle avait 15 personnes à gérer et non 14…

- Oui ! Intervint la supérieur en prenant un air grondeur mais plus comme un professeur corrigeant patiemment un élève qu’un parent prêt à donner la fessée. Vous m’en avez causé des soucis ! Mais au moins cette télé fonctionne et nous pourrons assister aux discours de notre président.

- Xéréolas ?

- Oui ! Il n’est pas génial ?! S’exclama le Meyer en lâchant son montage. Il en est à son 3eme mandat ! Les Meyers n’arrêtent pas de voter pour lui !

- Il a de l’ambition dites donc... Soupira Kiki en posant son coude sur la table pour mieux voir la télé.

- Haha ! Ria la supérieur en secouant ses cheveux blond platine. Si vous saviez ! Chez nous, nous pouvons entrer un nom libre : Si on pense qu’une personne non inscrite dans la liste électorale sera plus compétente par exemple ! Xéréolas ne s’est jamais présenté aux élections. Il n’a jamais fait de discours pour les présidentielles ! Il a été dégoûté d’être encore élu après la guerre. Mais c’est un homme bon. Et un bon dirigeant et représentant. Je pense qu’au fond de lui, il aime son métier.

- Je vois. Je me demande ce qu’en pense Tierte…

Tierte c’était sûrement M. Verry. Elle eut l’air pensive deux secondes, une beauté sans égale pendant un instant. C’est fou qu’un homme avec le physique de M. Verry puisse sortir (amicalement ou romantiquement ?) avec une belle femme (un peu dingue quand même) comme elle. Il était un peu guindé, le teint comme gris avec cette peau pâle de vampire, les cheveux courts dévoilant un peu de calvitie mais le regard aussi perçant qu’une lance aiguisée et pourtant reflétant une gentillesse innée où un peu de malice se reflétait. On l’appelait "lutin des marais" à cause de cette apparence et de ses oreilles pointu—

- M. Verry, m’étouffai-je, c’est un Meyer ?!

- Oui. Et il ne se cache même pas. Il n’eut veut aucun secret entre nous.

- M. Verry, un Meyer…

- Il m’a emmené, une fois, sur sa planète.

- Pardon ?! S’exclama la supérieur en prenant son chignon dans ses mains, les yeux écarquillés. Il vous a emmené où ça ???!!

- Sur votre planète. Dans la région de Tytya si j’ai bien compris.

- Quand ?! Comment ?!

Elle semblait paniquée. M. Verry allait avoir des problèmes.

- Ça va supérieur Elena ?

- Et si vous aviez ramené des maladies ? Et si vous aviez été blessée ? Hein ? Quand vous a-t-il emmené sur notre planète ???

- Il y a 1 an. Elle se mit à rire doucement. Ne vous inquiétez pas. Je n’ai pas causé de problème.

- Pourquoi même vous a-t-il emmené ? C’est une infraction a beaucoup trop de nos lois !

Kiki perdit un peu de sa composition alors que le sang lui montait à la tête. Elle se remit à rire un peu.

- A votre avis qu’est-ce qui pousse un homme à emmener une femme dans un beau lieu ? Quoique. Peut-on encore appeler Tytya un beau lieu ? J’y étais comme en Grèce. Entourée de ruines…

Personne ne répondit. Même la supérieur, avec son grand air, sembla plus vieille un moment. Elle regardait vers le bas, les yeux dans le vide, comme si la guerre sonnait encore dans ses oreilles. Elle essuya une larme timide menaçant de perler son visage et inventa une excuse pour s’esquiver. Les autres meyers, les plus jeunes surtout, revinrent lentement à leurs occupations en essayant de cacher leur gêne.

Kiki, presque sans pitié, rit de leur réaction. Elle bascula sa tête en arrière, plongea ses mains dans les profondeurs de ses poches pour en ressortir un téléphone. Le dernier modèle d’une marque coréenne connue pour sa qualité et la fiabilité de leur appareils. Ses doigts fins tapotèrent presque professionnellement sur l’écran et le téléphone vibra dans les secondes qui suivirent.

- Tu ne devrais pas être en cours Agathe ? Il est presque 13h30.

- Oui. Je vais repartir. Vous devriez faire de même, Kiki. J’ai l’impression que vous les dérangez maintenant.

- Effectivement, ils ont la télé.

Elle se leva et fit signe à la supérieure Elena qui inspectai des dossiers. Celle-ci agita la main en retour mais semblait ailleurs, les yeux perdus dans le vide. Kiki prit une sacoche noire qui devait, vu la forme, contenir un ordinateur et passa la bandoulière à travers l’épaule. Elle me sourit une dernière fois plus, pour me dire au revoir qu’adieu, et prit congé.

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