Chapitre 12 ou Des invités et la santé

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Ils portaient des habits de civils, un sweat à capuche confortable avec un jean pour le président meyer et un élégant chemisier avec une jupe d'hiver et des collants écrus pour la reine.

- Xéréolas, reine elfe, voici ma garnison. Ils avaient hâte de vous rencontrer !

Ils sourirent et commencèrent à faire des checks les Meyers en les saluant.

- Oh. Tu es Ellia, je me souviens de toi à la cérémonie de remise des médailles d'honneur, reconnu le président.

- Oui monsieur.

- J'ai entendu parler de toi, tu es très forte, rajouta la reine elfe.

- S'il vous plaît ne dites pas ça comme si vous vouliez me complimenter.

Et elle caressa son bras gauche avec sa main droite en baissant la tête et se recroquevillant sur elle-même.

Ils arrivèrent à Eruk.

- Toi. Tu étais dans les premiers à me rejoindre dans la résistance.

- Les Encapuchonnés ont tué mes parents et ma petite sœur devant mes yeux, je ne voulais pas que ça arrive à d'autre. Mais je n'ai pas servi à grand-chose à part d’éclaireur.

- Voilà, c'est ça ! Tu es le garçon qui faisait des loopings dans les airs ! C’était vraiment impressionnant.

- Mes bêtises ont failli nous faire repérer, je vous en prie, ne me rappelez pas ces moments.

Décidément, ils avaient le truc pour mettre à l'aise. Ils finirent de saluer les Meyers et me remarquèrent, cachée sur un côté de la tente. La reine elfe se tourna vers le président en soupirant.

- Et voilà encore une garnison qui a fini par se lier d'amitié avec des humains, tu me dois encore 50 ryens, dit-elle d'un ton jugeur.

- Ce pari m'aura ruiné… Tu es ?

- Agathe, une amie d'Eruk. C'est impressionnant de vous voir en vrai. J'ai vu que vous vous souvenez de beaucoup de mes amis.

- Ne te laisse pas avoir, rie la reine elfe, il a une mémoire photographique et il a révisé hier en regardant la liste des Meyers attachés à cette garnison. C'est sûrement ça qui l'a fait devenir président.

Elle tendit la main et je serrais la main d'une reine. Xéréolas demanda à la supérieure de disperser ses minions, ce n’était pas la peine d’en faire autant pour une visite officieuse. Les Meyers se réunirent alors autour de lui pour le harceler de questions, nous laissant seules la reine et moi. Sûrement qu'elle leur faisait un peu peur.

- Puis je vous demander la raison de votre visite ?

- Nous faisons le tour des garnisons Meyers. Nous devions venir la semaine prochaine si la Terre accepte les échanges mais il se trouve que nous aurions dû alors croiser une autre personne, la terrifiante Aishé. Bien que se soit sa nièce, elle inspire une peur bleue à Xéréolas. Ah. Elle était si mignonne plus jeune, elle aurait pu devenir une bonne personne.

J'avais déjà entendu ce nom. Ce n’était pas celui de la prophète ?

- Et pourquoi elle vient, elle ?

- Allons, je croyais que si les Meyers avaient bien voulu que tu restes, c’était parce que tu es une fille intelligente. A ton avis ? Tu crois que l'on va vraiment choisir des gens au hasard ?

- Non. Mais je ne connais pas vos vrais critères. Qu'est ce qu’elle a de si spécial cette Aishé ?

- Disons qu'elle sait reconnaître le potentiel des personnes.

C’était donc ça. La prophète va venir sur place et voir quelles personnes inscrites sur la liste pouvait devenir la reine Fée de sa vision. Mais ils n’allaient envoyer que des femmes ou un homme pouvait aussi devenir reine fée ?

- Dis-moi.

Elle sortit une photo de son sac. La photo d'une jeune elfe lui ressemblant, les mêmes cheveux, le même nez et les mêmes sourcils. L'image était beaucoup trop parfaite pour être une vraie. D’après mes heures à regarder des séries policières, c'était une simulation de vieillissement. Une jeune fille disparue très jeune donc[NM1] …

- Tu as vu cette jeune elfe ?

- Non. Je m'en serais souvenu.

Elle rangea la photo, un peu déçue, en me remerciant. Je ne posais pas plus de questions. Ce n’était pas mon histoire[1]. Mais je pris en pitié cette pauvre femme qui, alors qu'elle avait un pays à diriger, cherchait toujours sa fille perdue lors de la guerre ; espérant qu'elle ne soit un pas un corps froid sous des décombres.

Elle se dirigea vers le président, tira sa manche pour attirer son attention et hocha la tête de gauche à droite. Il caressa l’épaule de l’elfe dans un geste presque intime, ce qui étonna les meyers qui l'avait vu.

Eruk, qui m'avait rejoint quand la reine elfe m’avait quitté et qui avait vu le geste, croisa les bras.

- Je suis désolée pour tes parents et ta sœur. Je ne savais pas.

- Je m'y suis fait. Et je les ai déjà pleurés. Puis j'ai même été vengé.

Il me sourit calmement, ses yeux traduisaient encore une déchirure profonde mais il était en paix avec lui-même. Il pointa discrètement du doigt la reine et le président.

- Ils sont super proches [NM2] depuis que cet idiot de président a sauvé la reine. C'est d'ailleurs ce jour là que la résistance pour Gamma a commencé.

- Comment tu sais ?

- Les Encapuchonnés voulaient que l’exécution de la reine soit publique, ils ont piraté nos écrans télé et ont diffusé ce qui devait être sa mort. Le président est arrivé en trombe pour empêcher ça. C'est comme ça qu'on a compris comment éliminer les Encapuchonnés.

- Comment ?

- Ils ont parsemé l'air de cuivre, utilisé ne serait ce qu'un peu de Xyrès créait des explosions dans les régions les plus impactées. Il suffit de diriger son utilisation.

Pardon ? Eruk vit mon incompréhension et décroisa les bras pour s'expliquer avec des gestes.

- Tu vois, oi quand je vole, je créé juste un vent juste sous nos pieds, le Xyrès est dirigé vers nous.

- Je suppose ?

- Mais imagine que je fasse léviter une théière, le Xyrès est dirigé vers elle. Donc l'explosion se fera vers la théière. Quand Xéréolas est arrivé sur la scène de l’exécution, son premier geste a été de tendre le bras pour arracher la lame des mains d'un Encapuchonné grâce au Xyrès.

- Et ça a explosé à la tête d’Encapuchonné…

- Il n'en restait que des cendres et la cape. Et il a profité de la caméra pour nous faire un super discours et créer la résistance tandis que la reine elfe était toujours un peu secouée. Depuis ils sont inséparables. Ce qui ne déplait pas au président. Il est dingue d'elle. Apparemment, avant la guerre, il lui aurait envoyé des centaines de lettres d’amour.

- Et la reine ?

- Je ne sais pas. Tout le monde sait qu'elle a eut un enfant et qu'elle est ou était mariée mais la guerre a été déclarée quelque mois après la naissance de l’enfant. Ils sont sûrement morts, son enfant et le mari.

- La fille je ne sais pas. Mais je pense qu'elle est mariée à Xéréolas.

- Pourquoi ? C'est la reine elfe et lui un président avec un diplôme de boulanger / pâtissier.

Sérieux ? C’était quoi le délire des Meyers ?! Ils avaient vraiment élu un boulanger à la tête de leur pays ?

- Je ne connais pas les détails mais apparemment le gars, son diplôme en poche, a voulu devenir chef pâtissier d'une grosse pâtisserie super connue qui recrute sur concours publique et il a fait une énorme campagne électorale pour être élu. En même temps que les élections présidentielles, m'informa Eruk.

- Oh. Attends je commence à comprendre.

- Les Meyers ont cru que la campagne visait le poste de président et non de chef pâtissier. Ils ont voté pour lui grâce au vote libre.

- Mais il n'a jamais fait de discours ou d'apparition.

- Si mais ils ont cru que quand il parlait de pain, il voulait dire l'argent ; la crème légère, les emplois….

Donc le mec a été élu sur un quiproquo…

- Le pire, continua Eruk, c’est qu'il a fait du bon travail lors de son premier mandat. Genre, très bon travail. Alors il a été réélu. Toujours sans se présenter. Et ceci 3 fois. Les prochaines sont dans un an. Tu paries sur qui ? Xéréolas qui va peut-être ressusciter la reine Fée ou son concurrent qui n'a même pas rejoint la résistance ?

- Mais alors ce n'est pas si bête ma théorie. Moi aussi je tomberais dans les bras de la personne qui m’a sauvé[NM3] .

- Évite. J'ai tellement de prétendantes !

Il rit à pleine dents avant de me pincer la joue droite pour me faire sourire à sa blague nulle.

- Oh ! Grand Eruk, je n'ose même plus poser le regard sur vous. Vous tellement beau et fort. Vous avez volé, littéralement, mon cœur !

Et on nous vit rire en pleurant presque. Le groupe de meyers me dévisagea et je fis mine de tomber dans les bras d'Eruk qui me rattrapa (bien joué !) en souriant.

- Ô Xéréolas, vous m'avez sauvé. Je ne sais comment vous remercier.

- Je serais toujours là pour vous belle Alambar. Pour vous protéger et juste pour être à vos côtés[NM4] .

Me répondit Eruk en surjouant le beau gosse tombeur de ces dames. Les plus jeunes rirent à notre imitation foireuse mais les deux dirigeants rougirent jusqu'aux oreilles en ne disant rien. Puis ils se regardèrent et sourirent en rigolant d'avance. Xéréolas se mit à genou devant la reine, la main sur le torse et une autre par terre, tel un chevalier attendant d’être adoubé ; la reine tendit la main vers le visage du président.

- Xéréolas, je vous dois ma vie. Je remercie votre courage et votre intervention.

Le président releva la tête, prit la main de la reine et l’appuya contre ses lèvres. Il transperça du regard la reine elfe et sourit calmement.

- Ma reine, pour vous, rien ne m'est trop dangereux.

Et ils explosèrent de rire avant même de réussir à terminer leur reconstitution.

- Non en réalité, j'ai surtout grondé votre président car mon exécution devait sauver mon peuple, les Encapuchonnés avaient promis de ne plus les tuer si je laissais ma place de reine. Et quoi de mieux que de me tuer pour assoir sa légitimité ? Je l'ai même frappé.

- C’était une guerre d'extermination et non d'invasion. Ton sacrifice était vain, ils n'auraient pas du tout laissé ton peuple. Ta mort aurait juste privé de tout espoir tes sujets. En te sauvant, il y avait beaucoup plus à gagner.

Il ne mentait pas. Mais il semblait cacher un détail. Bah ce n’était toujours pas mes affaires[2]. En tout cas, il était clair pour moi que la reine elfe aimait aussi Xéréolas. Lui ça ne faisait aucun doute, il la regardait avec une telle douceur, il devait mourir d'envie de juste pouvoir prendre sa main ou l'embrasser sur le nez. Ça se voyait dans le fond de ses yeux, dans le doux sourire qu'il esquissait quand elle tournait son soyeux visage vers lui, à la main qu'il tendait vers la sienne sans jamais l'attraper, caressant juste le bout de ses doigts. Peut être que quelqu’un m'aimera aussi un jour. Silencieusement. Lentement. Doucement. Tout doucement. Et peut être que moi aussi je sourirai les yeux fermés en sa présence, j'oublierai le monde ; et peut être moi aussi par la même occasion…

Mais j’étais encore consumée par le feu toxique de Geneviève, tel Tchernobyl, je ne savais pas si je pourrais faire encore grandir quoi que soit dans les terres radioactives de mon cœur[NM5] . Pourrais-je même entretenir mon amitié avec Eruk ?

Il pleuvait encore sous la tente. Je pleurais silencieusement alors mon ami jura abondement de surprise avant de me prendre dans ses bras. Il s'excusa pour moi devant le couple royal et me demanda si je voulais sortir. J'hochai la tête en signe d’approbation et il me conduisit vers derrière le lycée. Nous nous sommes assis sur un banc, la honte me rougissait le visage et empêchait mes joues de sécher. Eruk me tendit un mouchoir en souriant dans lequel je me mouchai avec le bruit élégant d'un pet d’éléphant. Je demandais pardon à Eruk pour m’être montrée aussi faible et émotive devant ses supérieurs. Il regarda alors le ciel, pensif.

- Tu pleureras l'heure où tu pleures

Qui passera trop vitement

Comme toutes les heures.

Il plongea ses yeux bleus dans les miens. Je n'arrivais pas distinguer si c’était la mer ou le ciel qui s'y reflétait mais il y faisait chaud.

- C'est d'un poète à vous. Guillaume Apollinaire. Ça veut dire qu’il y a un temps pour pleurer. Et que ce n'est qu'une passe, tu vas passer à autre chose. Mais pour l'instant pleure. Pleure de toutes tes forces. Moi je suis là pour essuyer[NM6] .

Supérieur Elena se trompait. Elle se trompait tellement.

[1] N.D.A : C'est littéralement pas l'histoire d'Agathe puisque c'est le sujet d'une autre œuvre.

[2] Encore une fois, c'est littéralement pas ses affaires puisque c'est le sujet d’encore une autre œuvre.

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