Le pouvoir du prénom

Une minute de lecture

Suis-je un tyran ? C'est la question que je me pose lorsque je parle aux autres. J'imbrique régulièrement le prénom de mon interlocuteur dans mes phrases, et on m'a déjà dit que c'était inconfortable. En effet, j'éprouve un malin plaisir à réquisitionner de force l'attention vers moi, à me mettre en tête-à-tête avec l'humain sans lui demander son avis. Quand il entend son prénom qui s'impose à lui, son esprit s'éveille, se met en garde le temps d'un éclair dans la poitrine.

Et quelle puissance ! Qui ne s'est jamais senti foudroyé par un professeur qui vous désigne en plein cours, alors que vous êtes terré au fond de la salle, faussement invisible ? C'est peut-être bien pour ça que le surnom existe, il allège la lourdeur d'un nom qu'on a pas choisi. J'estime justement que c'est sa plus grande qualité.

Alors oui, je suis probablement un tyran, et comme tous les tyrans, j'ai simplement besoin d'être le centre du monde - mon monde à moi, insignifiant.

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