Pluie d'autrefois

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Il pleuvait encore sur la capitale. Mon café fumait et me réchauffait les mains tandis que mes yeux se baladaient sur la grande baie vitrée toute flou du café. Lola, comme à son habitude, était en retard de plus de 5 minutes. Je bus une gorgée chaude qui me fit du bien, en me remémorant la soirée d'hier. Quand soudain, de fines mains froides se posèrent sur mes épaules avant qu'un tendre baiser ne se dépose sur ma joue. Voilà Lola. Elle se déshabilla gracieusement avant de s'asseoir en face de moi avec un air doux au visage. Un chignon blond défait et des yeux bruns chaleureux se posèrent sur moi toute pensive.

  • Lola: Coucou toi! Comment tu vas ? Je m'excuse pour le retard...
  • Moi: Ne t'en fais pas...

Elle me sourit délicatement en appelant le serveur par un léger signe de main. Il s'approcha et pris notre de sa commande avant de disparaître derrière le comptoir. Lola replongea aussitôt son regard dans le mien. Elle semblait si soucieuse depuis son arrivée.

  • Lola: Alice...

Sa main agrippa tout doucement la mienne avant de la serrer plus fort. Mon regard quitta le sien pour fixer l'extérieur à nouveau. Dehors, la pluie fine et froide montrait un Paris triste. Peu de passants, c'était un dimanche calme. Peut-être que la météo reflétait mon état d'âme actuel... Peut-être que le dimanche représentait bien mon état tout court. Peut-être que je ressemblais à un long dimanche pluvieux.

  • Lola: Alice... Ne sois pas triste... Il s'en veut.

J'acquiesçai de la tête silencieusement pendant que le serveur déposa le cappuccino et l'addition sur notre table avant de nous tourner les talons à nouveau. Lola avait retiré sa main pour attrapa sa tasse. Elle leva les yeux au ciel avant d'affirmer à haute voix son mécontentement.

  • Lola: Il est complétement con d'embrasser une autre que toi!

Elle grogna un petit moment avant de me faire un clin d'oeil complice m'arrachant un petit sourire. Lola peut être tellement réconfortante dans certaines situations. Elle est le genre de personne qui reste positive et de bonne humeur peu importe ce qui peut lui arriver. Lola est si folle et responsable, elle est belle et terriblement amusante. Parfois, je me demande ce que nous avons en commun toutes les deux. Je suis si fade à côté d'elle. Lola est toujours très appréciée et tout le monde souhaite être son ami.

D'ailleurs, c'est elle qui est invitée à toutes les soirées, pas moi. C'est aussi par son biais que j'ai rencontré Jules mon petit ami. Je me souviens de la toute première fois où nous nous étions rencontrés, il m'avait tout de suite plu. Il était si doux, si gentil et si drôle. C'était l'été, nous étions aux Tuileries, il faisait chaud et Lola avait commencé une bataille d'eau sauvage à laquelle j'avais essayé d'y échapper en vain... J'avais manqué de me tordre la cheville en courant pour éviter de me faire mouiller par son énorme bouteille d'eau quand Jules m'avait rattrapé par la taille délicatement. Nos regards ne s'étaient plus quittés et on y voyait déjà un bel amour naissant. Maintenant, lorsque je le regarde dans les yeux, j'y vois encore beaucoup d'affection, mais plus comme avant. Nous ne sommes plus en phase, nous ne voulons plus les mêmes choses, nous ne nous comprenons plus à vrai dire, mais nous nous aimons encore un peu.

Quand je l'ai vu embrasser cette fille hier soir, mon coeur a ralenti l'espace d'un instant et je me suis figée. Je me souviens m'être demandée si j'étais encore heureuse, si je l'aimais encore, pourquoi n'ai-je pas eu si mal à le voir avec une autre fille? Ana semblait tellement plus choquée et touchée que je ne l'étais, pourtant c'est moi sa petite amie et nous avions passé près de 3 ans ensemble. Elle agrippa mon bras, quelques mots,par-ci, par-là me parvenaient, mais je ne l'écoutais pas. Mon regard était bloqué dans le sien. Nous nous regardions intensément, et même si nous étions coupés par des gens qui dansaient, la fumée épaisse du bar, et les lumières tamisées, je sentais son regard tendre depuis là-bas. Il la tenait encore dans ses bras, mais il me regardait moi. Qui pouvait bien être cette jolie brune? Une connaissance ou une simple rencontre de soirée? Le contact s'était finalement rompu brusquement. On me bouscula violemment et me propulsa en arrière me faisant perdre totalement l'équilibre, mes yeux se fermèrent et mon corps crispé se prépara à une chute brutale. Puis rien, j'ouvris les yeux et me découvris dans des bras inconnus, en me relevant péniblement, un verre rempli de glaçon se renversa sur mon visage, me faisant frissonner et laissant s'échapper un cri aigu de surprise. Je m'étais redressée rapidement et l'eau froide coulait encore, le long de mon visage, les glaçons fondaient eux aussi au contact de ma peau et coulaient le long de mon ventre. Mon regard se posa sur cette longue et fine silhouette vêtue de noire qui était elle aussi trempée et me fixait nonchalamment. Le verre vide tomba et une fille furieuse me fusilla du regard avant de me tourner le dos. Je me retournai vers l'inconnu et ses yeux noirs me dévisagèrent, il passa lentement une main baguée dans ses cheveux avant de prendre un peu de distance. J'avais balbutié un merci et son regard foncé et intense ne me quittait plus. Le mien s'attarda sur sa chemise blanche toute trempée qui lui collait à la peau puis sur ses mains qui portaient des bagues avant de revenir à son visage d'ange encadré par une masse de cheveux ondulée et noire. Il ne disait rien, mais son regard parlait sûrement pour lui. Je n'aurais pas su dire s'il était très fâché ou s'il était juste ivre. Je lui avais souri timidement. Ana s'était interposée entre nous affolée.

  • Ana: Alice ça va?

J'avais cligné des yeux et il avait disparu. Jules nous avait également rejointes et nous étions rentrés ensemble. Nous avions pris le métro, ni lui ni moi n'avions discuté durant le trajet pourtant nous pensions et lorsque nos regards se croisaient, ils se fuyaient. Nous ne nous étions pas embrassés, il n'avait pas essayé en réalité et j'avais murmuré un adieu très bref avant de me glisser seule dans les draps froids de mon lit.

Il avait voulu que nous en parlions, mais je ne voulais pas. Lola et Ana s'étaient également proposées, mais je ne ressentais pas le besoin de parler ni avec lui ni avec elles. Le temps est révélateur et je n'avais pas la force de me battre encore pour nous. Je ne saurais dire à quoi ressemble cette jolie brune aujourd'hui. En revanche, je me rappelle assez bien de ce mystérieux inconnu aux yeux noirs.

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