CHAPITRE 3 : Gospa, es-tu là ?

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Cela fait maintenant plus de vingt ans que j’attends le 25 du mois avec impatiente pour découvrir le nouveau message que la Sainte Vierge envoie au monde depuis Medjugorje. J’y trouve toujours un encouragement bienveillant ainsi qu’une grande tendresse. Il y a quelques années, lorsque mes fils étaient encore petits, ils se chamaillaient gentiment pour savoir lequel des deux aurait l’honneur de composer le numéro de la boîte vocale sur laquelle le message de la Vierge était traduit en français. Tous les quatre, en famille, nous écoutions religieusement la Mère de Dieu qui parlait dans le téléphone avec un léger accent liégeois bien sympathique. On en discutait ensuite quelques instants et on se promettait d’essayer de « vivre » la parole de la Gospa. Simple mais difficile. Depuis toutes ces années, Marie ne se décourage jamais, elle nous exhorte inlassablement à aimer. Elle nous surnomme « mes petits enfants » et nous remercie de répondre à son appel. Répondre à son appel, voilà la préoccupation qui habite mon cœur depuis tout ce temps et je ne suis toujours pas une sainte, loin de là ! Il y a encore du boulot, enfin, ce que je veux dire, c’est que la tâche est ardue. Mais est-ce vraiment la Madone qui parle ?

Dans la Yougoslavie communiste de 1981, Medjugorje n’était encore qu’un bourg paisible où les habitants élevaient quelques moutons et cultivaient la vigne et le tabac. Rappelons-nous que le communisme interdit de croire en Dieu, ce qui est quand même énorme ! Malgré cela, Medjugorje est de nos jours un lieu de pèlerinage connu dans le monde entier qui distribue chaque année un million et demi d’hosties aux visiteurs venus se recueillir dans ce village niché au cœur de la Bosnie-Herzégovine. Un intarissable fleuve humain charrie sans cesse des hordes de pèlerins cosmopolites gonflés d’espoir qui déposent leurs fardeaux aux pieds de la Gospa, même s’ils n’ignorent pas que le Vatican continue d’enquêter. Il n’a pas encore reconnu les apparitions et n’autorisait pendant longtemps les pèlerinages qu’à titre privé. Mais cela a changé en mai 2019 : au regard des abondants fruits de grâce qui en découlent, le Vatican autorise désormais l’organisation de pèlerinages à Medjugorje.

Que s’est-il donc passé dans cette bourgade reculée pour qu’elle exerce un tel pouvoir d’attraction sur les foules ? Eh bien cette année-là, La Vierge, la Gospa comme on dit là-bas est apparue à six jeunes du village.

Pour vous donner un point de comparaison, Lourdes qui a une bonne longueur d’avance, puisque c’est en 1858 que la Vierge est apparue à la jeune Bernadette Soubirous, accueillait au faîte de sa gloire cinq millions de pèlerins par an, chiffre en net déclin ces dernières années, il faut bien le constater. Cependant Lourdes dépoussière son image en accueillant par exemple une comédie musicale à gros budget coproduite par Gad Elmaleh sur la vie de Bernadette ou encore en s’ouvrant aux pèlerins chinois et sud-coréens.

Pour Medjugorje, tout a commencé le 24 juin 1981 au bas de la colline rocailleuse Crnica, à l’endroit appelé Podbrdo (dont les noms imprononçables n’ont guère découragé la Mère de Jésus qui nous a fait une nouvelle démonstration magistrale de ses dispositions exceptionnelles au polyglottisme !). Après une chaude journée d’été, vers 18 h, lors d’une promenade pour aller fumer en douce, six jeunes du village aperçurent quelques instants la blanche silhouette lumineuse d’une féerique jeune femme qui tenait dans ses bras un enfant qu’elle berçait tendrement, le couvrant, puis le découvrant. À plusieurs reprises, elle leur fit des signes de la main. Apeurés, les jeunes n’osèrent pas s’approcher d’elle ; un jeune garçon se sauva à toutes jambes, laissant tomber dans l’affolement son sac de pommes. Une des filles, au contraire, s’écria spontanément : « C’est la Sainte Vierge. »

Dès leur retour à la maison, les adolescents, âgés de quinze ou seize ans, tout à leur émotion, racontèrent cette irruption surnaturelle à leurs parents incrédules. On discuta, on supputa, on se perdit en conjectures. À bout de suppositions farfelues et bien que le village entier bruissait déjà de toutes parts, on pensa qu’il serait préférable pour tout le monde de demeurer discret, mais quand même, qu’elle était magnifique, qu’elle était mystérieuse, qu’elle était bouleversante, cette visiteuse impromptue. Fugitive vision pleine de promesses ou hallucination collective ? Chacun y pensa toute la soirée, puis toute la nuit, mais au fond, on savait !

Le lendemain les jeunes gens étaient retournés à leurs tâches quotidiennes, quand à la même heure, quatre d’entre eux, Ivanka, Mirjana, Vicka et Ivan se sentirent irrésistiblement attirés à l’endroit de l’apparition. Peut-être trop effrayés, les deux autres ne revinrent pas, ne désirant pas renouveler l’insolite péripétie. Ils furent en quelque sorte remplacés par Marija et son jeune cousin Jakov (âgé de dix ans seulement) qui avaient entendus leurs amis débriefer l’apparition de la veille.

Lorsqu’ils les rejoignent sur les lieux, la lumière jaillit et la Gospa leur fait signe d’approcher. Les voyants courent comme s’ils avaient des ailes malgré les ronces et les pierres. Vicka a la sensation que le sol est recouvert de caoutchouc pour leur permettre d’avancer rapidement sans se blesser sur la rocaille. Complètement bouleversés, les jeunes tombent à genoux devant la merveilleuse Notre-Dame, souriante et gaie. Ils se mettent à prier, puis Ivanka se lance et demande des nouvelles de sa maman qu’elle a récemment perdue. La belle dame répond : « Ta maman va bien, elle est avec moi. »

Une quinzaine de personnes les ont suivis, certains ne voient ni n’entendent rien, d’autres perçoivent une lumière, mais pour les voyants la rencontre est indescriptible. Quand les enfants s’inquiètent de savoir s’ils la reverront le lendemain, la Vierge acquiesce d’un signe de tête avant de les quitter d’un : « Au revoir, mes anges. »

Derrière les portes closes de leurs foyers respectifs, les jeunes sont tellement émus qu’ils fondent en larmes, Ivanka plus encore. Le troisième jour, impatients de la revoir, malgré leur crainte des autorités communistes, les six jeunes sont attirés plus haut sur la colline par trois flashs de lumière successifs. De nombreuses personnes les voient également, petite précision : une foule d’au moins mille personnes galope déjà derrière eux !

Dès qu’ils commencent à prier, Marie, d’une beauté qui vous transporte au paradis leur apparaît ; sur les conseils des grands-mères du village, Vicka l’asperge copieusement d’eau bénite en lui intimant : « Si tu es Notre-Dame reste avec nous ; si tu ne l’es pas, laisse-nous ! » Cela fait sourire Marie qui reste évidemment, tant et si bien qu’elle est toujours là de nos jours, mais j’anticipe.

N’y tenant plus, Ivanka revient à la charge et demande à la Gospa si sa maman qui est au ciel l’a chargée d’un message. Réponse de l’apparition plutôt sensée selon moi : « Votre mère vous demande d’être gentils avec la grand-mère qui est âgée. »

Quand Mirjana lui demande son nom, elle confirme : « Je suis la Bienheureuse Vierge Marie. »

Ensuite on prie, on chante et la Vierge les salue avant de s’évaporer. Sur le chemin du retour, les jeunes sont assiégés par la foule, seule Marija qui marche plus vite arrive près d’une grande mare au pied de la colline, là Marie se montre à elle, en pleurs, saisie d’une infinie tristesse, une grande croix dans les mains pour lui livrer ce qui s’avérera être l’essence même de son message : « La paix, la paix, rien que la paix ! Il faut que la paix soit rétablie entre Dieu et les hommes, entre les hommes aussi. »

Les jours suivants la police les arrête, les menacent ; si l’on se replonge dans le contexte de l’époque communiste, on se rend compte que la pression exercée sur ces enfants pour qu’ils se rétractent est colossale, des médecins les auscultent de force, des psychiatres les interrogent pour les retenir intentionnellement jusqu’à l’heure de l’apparition quotidienne, les autorités leur barrent l’accès au lieu des apparitions, mais la Vierge s’adapte et leur apparaît à l’endroit où ils se trouvent pour les encourager. Pendant ce temps, la foule grossit de façon exponentielle pour compter quinze mille personnes au cinquième jour. Le curé de la paroisse reçoit les pèlerins dans l’église pour qu’ils prient le rosaire avec les enfants, lui-même verra alors la Vierge et deviendra son zélé serviteur, ce qui le mènera tout droit en prison.

Pour plusieurs voyants, la Gospa a désormais remplacé ses apparitions quotidiennes par des apparitions annuelles. Elle leur a raconté sa vie et ils attendent son feu vert pour pouvoir en parler. Au fil de leurs rencontres, elle confie à chacun dix secrets, pour l’instant certains n’en connaissent encore que neuf, événements positifs ou tragiques, proches ou lointains, on peut tout imaginer. Quoi qu’il en soit Vicka raconte que la Vierge laissera un signe indestructible, visible par tous, de manière particulière pour ceux qui sont loin de Dieu, c’est son troisième secret. Quant à son septième secret qui semble moins sympathique, nos prières l’ont déjà bien « atténué », elle demande de persévérer.

Le temps a passé, Medjugorje a miraculeusement été épargné pendant la guerre de Bosnie qui débuta en 1992. Un militaire français qui y était en garnison témoigna qu’il avait désamorcé de nombreux obus tombés sans exploser, il raconte plus extraordinaire encore : accompagné de ses hommes, il examina le terrain sur lequel un groupe d’enfants venaient de jouer au football pour constater qu’il était miné. Par miracle aucun enfant ne fut blessé !

Une bombe larguée par avion s’est plantée dans le sol à quatre cents mètres de l’église sans déflagrer, des photos en témoignent. Un pilote Serbe qui avait reçu la terrible mission de bombarder Medjugorje ne put pas larguer sa bombe sur le village qui était devenu invisible à ses yeux, un épais brouillard se forma subitement après le décollage ! Malheureusement, beaucoup d’autres n’eurent pas cette chance. Et dire, que la Gospa est venue pour la paix !

La vie a repris son cours, les voyants ont fait leur vie, se sont mariés et ont eu des enfants, ils continuent de réconforter les pèlerins qui viennent en masse pour les rencontrer. Le paisible village rural s’est transformé en ville animée où l’on s’arrache les bondieuseries et les bibelots à l’effigie de La Reine de la Paix et de la Réconciliation qui donne un message pour le monde chaque 25 du mois à Marija. Pour sa part, Mirjana entendait Sa voix ou La voyait le 2 de chaque mois pour également recueillir un message à nous transmettre et pour prier pour ceux qui ne connaissent pas encore l’amour de Dieu, mais voilà qu’en mars 2020, alors que les pèlerins avaient déserté Medjugorje à cause de la crise du coronavirus, la Gospa lui annonça qu’elle n’aurait plus d’apparition le 2 du mois. Mirjana ne La verrait plus qu’une fois par an, le 18 mars, jour de son anniversaire. Cependant la voyante insiste : « Si vous pouviez voir, ne serait-ce qu’une fois, les larmes ruisseler sur le visage de la Madone quand elle parle des incroyants, je suis sûre que vous prieriez de tout votre cœur. »

Ces apparitions sont-elles réelles ?

Marie ou mirage ?

À chacun de juger. Des apparitions étalées sur quarante années, c’est du jamais vu, ça laisse perplexe, mais si c’est une supercherie, c’est peut-être encore plus énorme ! Les foules se convertissent, se confessent dans toutes les langues, font des chemins de croix, les guérisons inexpliquées pullulent, les smartphones filment à tout-va des phénomènes étonnants.

Pour le 25ème anniversaire des apparitions, le soleil danse, il pulse, grossit rapidement puis diminue à nouveau de volume pendant plusieurs minutes. Un couple de Long Island filme un trou noir bien visible qui se forme en son centre sous le regard interdit des pèlerins ! Jetez donc un coup d’œil sur YouTube pour vous forger une opinion, vous y découvrirez un astre solaire follement généreux en effets stroboscopiques. Le Bon Dieu est le maître incontesté (entre autres choses considérables telles que la vie et la mort) des jaillissements pyrotechniques qui dès lors que l’on a la curiosité de se pencher sur la question vous offrent un vrai festival. Pardonnez-moi lorsque mon enthousiasme m’emporte un tantinet trop loin, aussi loin que les collines de la Divine Miséricorde aux Philippines où dix mille personnes applaudirent et louèrent le Seigneur devant le spectacle à couper le souffle du sublime arc-en-ciel qui fendit les nuages pour venir couronner la tête de la statue (assez kitsch, je dois bien l’admettre) d’un Jésus haut de quinze mètres, reliant ainsi à travers lui le ciel et la terre.

Ce dimanche 7 avril 2013, fête de la Divine Miséricorde, jour béni entre tous durant lequel Jésus nous pardonne tout et dont je parlerai plus amplement plus loin, s’acheva en apothéose aux Philippines lorsque l’éclat du soleil couchant se dilata et se rétracta de façon stupéfiante à de nombreuses reprises. Les incurables sceptiques diront qu’il s’agit de phénomènes sans doute explicables scientifiquement, sans prendre en compte le « choix » des lieux qui sont toujours sacrés ni le « choix » des dates qui sont celles de fêtes religieuses ou d’anniversaires d’apparitions. Ils diront qu’il s’agit de trucages photos et vidéos, je concède aisément que c’est chose courante, mais dans le cas des danses du soleil qui sont rares, mais que l’on filme quand même aux quatre coins du globe, et qui sont toujours en relation avec la Vierge ou le Christ, il faudrait une production hollywoodienne pour que des milliers de figurants jouent le rôle des témoins émus, pleurant et chantant tous ensemble, touchés par ce qu’ils considèrent comme un signe. En les regardant, on pense automatiquement aux soixante-dix mille personnes détrempées par une pluie diluvienne que la Vierge de Fatima sécha sur place, au propre comme au figuré, d’un grand coup de ballet solaire. J’écris ballet puisqu’il s’agit d’une danse du soleil et non balai, évidemment car la Vierge n’est pas venue pour faire le ménage, mais parce qu’elle avait promis à trois petits voyants un miracle visible par tous. Elle n’a pas déçu la foule qui crut sa dernière heure arrivée lorsque le soleil qui s’était mis à tournoyer en projetant sur les badauds différentes couleurs fantaisistes, se décrocha du ciel qui s’était soudain éclairci pour la circonstance et se précipita sur les gens en pleurs, terrorisés et repentants.

Le 13 octobre 1917 à midi, dans un petit patelin portugais, Dieu suspendit les lois universelles de l’astrophysique pendant quelques instants surréalistes, merveilleux, angoissants et totalement ahurissants, connus du monde entier sous le nom de « miracle du soleil » et reconnus par le Vatican. Deux cent mille témoins supplémentaires observèrent le prodige à soixante kilomètres à la ronde !

Ce gigantesque coup de soleil sécha instantanément la campagne battue par une pluie incessante où une foule immense, curieuse et impatiente trépignait dans la boue sous une multitude de parapluies noirs qui s’étalaient à perte de vue. Tous attendaient Lucia, dix ans, Francisco, huit ans, et Jacinta, sept ans, qui furent touchés par le surnaturel de la plus extraordinaire des manières.

En effet, six mois plus tôt, le 13 mai, les trois modestes pastoureaux gardaient tranquillement les moutons de leurs parents, ici même, dans ce champ nommé la Cova da Iria, lorsqu’ils furent surpris par un éclair sans orage. Par prudence, ils décidèrent de rentrer chez eux, mais arrivés au pied d’un petit chêne vert, un second éclair précéda l’apparition d’une belle dame de blanc vêtue et rayonnante de lumière qui leur dit :

— N’ayez pas peur, je ne vous ferez pas de mal.

— D’où venez-vous ? demanda Lucia.

— Je suis du Ciel, répondit Notre- Dame.

— Et que voulez-vous de moi ?

— Je suis venue vous demander de venir ici pendant six mois de suite, le 13, à cette même heure. Ensuite, je vous dirai qui je suis et ce que je veux.

En réponse aux questions de Lucia, la Vierge confirme aux enfants qu’ils iront bien au Ciel et leur demande de supporter toutes les souffrances que Dieu voudra leur envoyer en acte de réparation pour les péchés et pour la conversion des pécheurs ; les enfants acceptent. La Vierge leur explique aussi que la grâce de Dieu sera leur réconfort et les exhorte à réciter le chapelet tous les jours afin d’obtenir la paix dans le monde et la fin de la guerre. Une lumière intense émane de Ses mains et pénètre leurs petits cœurs, puis Notre-Dame s’élève doucement et disparaît dans le ciel.

Les trois jeunes bergers endurèrent brimades et calomnies ; Lucia se fit sévèrement gronder par ses parents, furieux d’entendre leur fillette proférer de tels mensonges. « Ma mère a beaucoup secoué la poussière de mes vêtements », racontera-t-elle plus tard avec indulgence.

Un mois plus tard, le 13 juin 1917, comme promis la Vierge revient pour leur demander de bien dire le chapelet chaque jour et aussi d’apprendre à lire. Lucia en profite pour lui adresser un souhait :

— Je voudrais vous demander de nous emmener au Ciel.

Voici la réponse de la Vierge :

— Oui, Jacinta et Francisco, je les emmènerai, mais toi, tu resteras ici pendant un certain temps. Jésus veut se servir de toi afin de me faire connaître et aimer. Il veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. À qui embrassera cette dévotion, je promets le salut ; ces âmes seront chéries de Dieu, comme des fleurs placées par Moi pour orner Son trône.

Comme la petite Lucia, qui ne s’attendait pas à ce genre d’info abruptement servie, craignait à juste titre de devoir rester seule, Marie la consola tendrement, s’engageant à ne jamais l’abandonner.

Elle reçoit ensuite la permission de la Vierge de rapporter leurs conversations à son cousin Francisco qui La voyait, mais n’entendait rien de ce qu’Elle disait. Le pauvre était coutumier du fait car l’année précédente, ils avaient vu par trois fois un ange que seul lui ne pouvait entendre. Sa petite sœur Jacinta et sa cousine Lucia n’avaient pas ce problème. La première fois, l’Ange de la Paix leur apprit une prière, la seconde, l’Ange du Portugal les harangua afin qu’ils offrent prières et sacrifices au Très-Haut en réparation des offenses et en supplication pour la conversion des pécheurs, puis vint la troisième et dernière rencontre avec l’Ange qui fut tout à fait exceptionnelle. Cela devait sûrement être une préparation à la suite des événements incroyables qui les attendaient. L’Ange tenait dans ses mains une Hostie de laquelle tombaient quelques gouttes de Sang dans un calice. Il donna l’Hostie en sainte Communion à Lucia, puis donna à boire le Sang du calice aux deux plus jeunes. Peut-on mettre ce mystère en relation avec la destinée réservée à chacun ? Lucia entrera au couvent et verra encore la Vierge à plusieurs reprises, elle restera parmi nous jusqu’à quatre-vingt-dix-sept ans tandis que sa cousine et son cousin mourront enfants, tous deux de la grippe espagnole à neuf et dix ans. Ils seront canonisés pour le centenaire des apparitions en 2017 par le pape François. Jusqu’à la fin, les petits saints offriront leurs souffrances à Dieu, mais pour Jacinta l’agonie sera longue et pénible. À cause des circonstances, elle mourra seule à l’hôpital en sacrifice pour les pécheurs. La Mère de Dieu ne la laissera pas dans la détresse, Elle la visitera par trois fois.

À l’occasion de la première exhumation de son petit corps exempt de corruption, on prit en 1935 une photo de son visage intact, soit quinze ans après sa mort. C’est quand même extravagant cette histoire d’incorruptibilité des corps ! La science est incapable d’avancer le moindre début d’explication à cet époustouflant phénomène : pourquoi la dépouille de certains saints ne se putréfie-t-elle pas, mais exhale au contraire une odeur de sainteté ? Les témoins décrivent des senteurs suaves et florales, subtiles fragrances de lys, jasmin, violette et rose. Jacinta se trouve en bonne compagnie dans ce club très privé et énigmatique que je dénomme avec amusement « les incorruptibles » et qui compte beaucoup de célébrités parmi ses membres : Thérèse d’Avila, le saint Curé d’Ars, sainte Catherine Labouré qui vit la Vierge, rue du Bac à Paris en 1830 et qui fit frapper une médaille miraculeuse selon Ses instructions, Bernadette Soubirous qui rencontra dix-huit fois à Lourdes l’Immaculée Conception, et très proche de nous, le Padre Pio de Pietrelcina en Italie, saint stigmatisé, objet d’une ferveur populaire sans précédent, mort en 1968, dont la vie mystique est truffée de phénomènes qui dépassent l’entendement. Cela ne s’arrête pas là, au moins deux cents autres femmes et hommes de foi font partie de cette liste de privilégiés dont le corps reste intact après la mort. Quant à la dépouille de Jacinta, elle sera exhumée une seconde fois en 1951 pour être enterrée à la basilique de Notre-Dame-du-Rosaire à Fatima avec son frère. Lucia les rejoindra en 2006.

Mais n’allons pas plus vite que la musique, pour l’heure les trois enfants se mettent d’accord : il ne faut pas souffler mot de ces visites angéliques. Pourquoi ? Lucia l’expliquera bien plus tard : « À cause de l’expérience pénible de l’Apparition de 1915. » Quoi, encore une autre apparition ? C’est dingue, mais oui, à l’âge de huit ans, Lucia récitait le chapelet avec des camarades de jeux lorsqu’elles aperçurent une forme humaine blanche comme de la neige et un peu transparente. Lorsque la nouvelle fit le tour du village, cela se passa mal pour les fillettes qui furent battues et moquées. Chat échaudé craint l’eau froide, donc cette fois, on tint sa langue. Mais ce ne fut plus le cas quand la Vierge se manifesta, Jacinta craqua et cela se passa à nouveau très mal pour les tout jeunes voyants.

Le 13 juillet 1917, La Vierge promet aux enfants un miracle en octobre que tous pourront voir, ensuite Elle leur révèle un secret en trois parties à transmettre plus tard au monde, ce sera enfin chose faite en 1941 pour les deux premiers et en 2000 seulement pour le troisième.

Le premier secret est une horrible vision de l’enfer, immense mer de feu et de désespoir où sont plongées les âmes qui ne sont plus que braises hurlantes ! L’insoutenable dévoilement des abîmes infernaux les impressionna tant qu’ils récitèrent le chapelet avec assiduité et firent sans rechigner de multiples sacrifices pour sauver les âmes des pécheurs. Voulez-vous que je vous donne un exemple de sacrifice ? Non ! Dites donc, vous êtes des petits coquins, je vous le donne quand même, na !

Figurez-vous que les enfants décidèrent de porter une corde autour des reins, ce qui bien sûr, les faisait souffrir. La Mère de Dieu leur demanda d’ailleurs de se modérer et de l’enlever pendant la nuit ! Personnellement, cela me fait complètement flipper, je préfère celui-ci, plus mignon : les bambins donnèrent leurs goûters aux moutons. Je trouve ce geste tellement touchant, tellement altruiste que cette privation très concrète qui demande une grande force de caractère à cet âge tendre en devient presque poétique. Ces petits qui ont si peu, qui vivent si simplement, en ont plus fait que moi qui patauge dans l’opulence, mais admettez quand même que c’est plus compliqué pour moi de donner mon goûter aux moutons, je n’en ai pas toujours sous la main… Bon OK, si vous insistez, je me mets à table et je cesse de vous raconter des salades : je suis trop gourmande, voilà tout !

Non, sérieusement, les trois petits voyants de Fatima nous montrent qu’il existe en nous une source de bonté si profondément humaine qu’elle pourrait sauver le monde si on creusait pour la trouver.

Avant de sauver le monde, commençons en douceur, en montrant un peu de gentillesse à quelqu’un dans le prochain quart d’heure (après avoir lu ce livre passionnant bien sûr !), ce sera déjà un premier pas dans la bonne direction.

Après la vision de l’enfer, Marie leur explique que Dieu veut sauver les âmes des pauvres pécheurs en établissant la dévotion à Son Cœur Immaculé. Puis arrive le second secret que voici : « La guerre va finir, mais si l’on ne cesse d’offenser Dieu, sous le règne de Pie XI commencera une autre pire encore. Lorsque vous verrez une nuit illuminée par une lumière inconnue, sachez que c’est le grand signe que Dieu vous donne qu’Il va punir le monde de ses crimes, par le moyen de la guerre, de la famine et des persécutions de l’Église et du Saint-Père. Pour empêcher cela, je viendrai demander la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé (effectivement, Marie la demandera douze ans plus tard, le 13 juin 1929 à Lucia retirée au couvent de Tuy en Espagne) et la communion réparatrice des premiers samedis du mois (Marie expliquera cela à Lucia en 1925). Si l’on écoute mes demandes, la Russie se convertira et l’on aura la paix ; sinon elle répandra ses erreurs à travers le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l’Église. Les bons seront martyrisés, le Saint-Père aura beaucoup à souffrir, plusieurs nations seront anéanties. À la fin, mon Cœur Immaculé triomphera. Le Saint-Père me consacrera la Russie qui se convertira, et il sera donné au monde un certain temps de paix. Au Portugal, se conservera toujours le dogme de la foi, etc. Cela ne le dites à personne sauf à François. »

On l’a oublié aujourd’hui, mais le grand signe de Dieu prophétisé par la Mère de Jésus et confirmé par Lucia se manifesta vingt ans plus tard dans la nuit du 25 au 26 janvier 1938. Ce phénomène bouleversant, unique dans l’histoire donna la chair de poule à la planète entière en embrasant la nuit d’une vive lumière rouge sang que tous les journaux de l’époque décrivirent comme une aurore boréale flamboyante d’une grandiose beauté et d’une ampleur exceptionnelle, visible en Europe, en Afrique du Nord, aux États-Unis, au Canada et en Asie. Les nombreuses régions du monde averties par cette étrange lueur de feu dans la nuit seront touchées par la seconde guerre mondiale. L’Anschluss c’est-à-dire l’annexion de L’Autriche par l’Allemagne nazie aura lieu un mois et demi plus tard !

Quant aux erreurs que la Russie risquait de répandre, pas besoin de faire un dessin pour comprendre que Notre-Dame de Fatima met le monde en garde contre le système communiste qui est sur le point d’éclore. Au moment même où Elle parle le chaos règne partout : la première guerre mondiale sème la mort et la terreur tandis que le Tsarisme est balayé par la révolution russe de 1917 qui débouchera sur l’avènement de l’URSS avec sa litanie de crimes, de répressions et autres purges.

Si la pensée communisme en action broyait hommes, femmes et enfants pour les avaler sans états d’âme telle une ogresse affamée de malheur, elle crachait également sans crainte sur leur gênant Créateur. Avides de pouvoir, ses dictateurs se prenant pour Lui et ne supportant pas la concurrence, Le défiaient en détruisant Ses églises. À Moscou, le destin tragique de l’imposante cathédrale du Christ-Sauveur ornée de marbre blanc et coiffée de ses dômes dorés en est un exemple explosif. Quarante-cinq années de dur labeur furent nécessaires pour bâtir cet édifice unique au monde, quelques instants seulement suffirent pour le dynamiter en 1931 sur ordre de Staline, non sans avoir d’abord transféré au Kremlin les trésors inestimables qu’il contenait. Il fallut quand même quatre mois pour déblayer les tonnes de gravats. Dans la foulée, « afin que l’ancien fasse place au nouveau » les bolcheviques rasèrent rien qu’à Moscou, trois cent cinquante lieux de culte orthodoxe, chapelles, couvents, églises et clochers. L’iconique Saint-Basile de la place Rouge, emblème moscovite par excellence avec ses exubérants bulbes multicolores, torsadés ou sculptés d’ergots et de motifs saillants à l’impeccable géométrie, posés tels de colossaux bonbons acidulés sur un gâteau gourmand offert aux appétits pantagruéliques, échappa par miracle au massacre.

Le Christ-Sauveur n’eut pas la chance d’être gracié par le « Père des peuples » qui au contraire l’atomisa joyeusement, faisant ainsi place nette pour son projet inouï de Palais des Soviets surdimensionné. Il voulait frapper l’imagination du tout le genre humain à la hauteur de la cruauté de son ego démesuré de despote en chef.

En effet, les quatre cent quinze mètres tendus vers le ciel de l’arrogant gratte-ciel surmonté d’une titanesque statue de Lénine de, tenez-vous bien, cent mètres de haut supplémentaires, auraient fait de l’ombre à l’Empire State Building que les Américains venaient fièrement d’inaugurer à New-York. Les grandiloquents desseins du guide suprême dont il ne reste que quelques dessins se noyèrent finalement dans l’eau chlorée d’une piscine !

La guerre paralysa le chantier qui resta à l’abandon jusqu’à ce que les affaires reprennent dans les années soixante quand Nikita Khrouchtchev décida d’utiliser à d’autres fins les solides fondations du palais perdu au pays des utopies. Ainsi naquit en plein Moscou, telle une mer intérieure brasillant sous le soleil glacé, une piscine circulaire à ciel ouvert aux proportions pharaoniques de presque cent trente mètres de diamètre, chauffée même en hiver pour permettre aux prolétaires méritants de se baigner par – 30 °C.

C’est bien connu, l’Histoire réserve souvent des retournements de situation inattendus, ainsi en 1995, par décret de Boris Eltsine les intrépides baigneurs furent sommés d’aller se rhabiller, le maillot de bain n’étant pas une tenue convenable pour assister à la vertigineuse résurrection du Christ-Sauveur. La plus sensationnelle partie de Monopoly de toute l’histoire des parties de Monopoly n’aurait pas osé imaginer cette folle aventure immobilière et architecturale. Y avait-il de l’eau bénite dans le bassin ? Quoi qu’il en soit, la Cathédrale du Christ-Sauveur émergea des flots à toute vitesse. Reconstruite à l’identique, elle retrouva sa pleine magnificence et fut consacrée en l’an 2000.

Un autre exemple frappant de reconversion d’églises sous le régime communiste, moins ébouriffant, mais passablement burlesque est celui de la cathédrale Saint-Isaac à Saint-Pétersbourg. Pillée pendant la révolution d’Octobre 1917, elle sera ensuite transformée en musée.

À votre avis, de quel genre de musée s’agissait-il ?

Il s’agissait :

a) d’un musée d’histoire de la liberté d’expression et de la censure ?
b) d’un musée sur l’art de vivre à la française ?
c) d’un musée de l’athéisme ?
d) d’une exposition temporaire de farces et attrapes à travers les siècles ?

J’ai une idée, profitons de l’occasion pour faire un rapide test de personnalité, vous êtes partants ? Alors, allons-y :

Si vous avez répondu a : vous êtes un(e) incorrigible optimiste, bourré(e). Pardon, j’ai oublié de taper la suite : bourré(e) de charme et non pas ivre, comme je l’ai laissé entendre par inadvertance, encore qu’un certain culot… de bouteille de gros rouge (oups, voilà que ça me reprend) soit nécessaire pour penser que les bolcheviques étaient tolérants !

« L’avenir appartient aux audacieux », et vous l’êtes, c’est une de vos nombreuses qualités, vous « transformez chaque jour en invitation au bonheur. » Comme vous êtes également une personne profondément généreuse, vous avez une furieuse envie de partager vos pensées positives sur les réseaux sociaux, petit conseil : retenez-vous, on n’en peut plus des maximes insipides sur Facebook ! Vous les avez quand même postées ? On adore les gens peu influençables qui vivent en accord avec leurs valeurs. Vous êtes le sel de la terre, on a besoin de vous (sauf en cas d’hypertension artérielle).

Si vous avez répondu b : vous êtes un(e) épicurien(ne), vous aimez les moments de partage entre amis. On apprécie votre compagnie car « l’ennui » ne fait pas partie de votre vocabulaire. Vous maîtrisez la bonne tè-ke-ni-ke pour distiller votre gouaille à plein al-am-bi-ke. Au niveau ta-ke-ti-ke, pour faire ripaille, vous tombez toujours à pi-ke. Avec vous nul besoin d’an-xio-ly-ti-ke.

Gourmet et gourmand, on vous définit comme le cador de l’hédonisme. (Bon, maintenant, je vous propose un jeu dans le jeu, aidez-moi s’il vous plaît à m’adresser à mes lectrices et pas seulement à mes lecteurs : essayez donc de mettre la phrase précédente au féminin, cela m’arrangerait, alors ? Après cela on comprendra peut-être mieux mon penchant pour le féminisme, hein !)

Revenons aux gourmettes (faites comme Colette, dites gourmette !) et aux gourmets que vous êtes qui en plus d’avoir le bec fin savent s’amuser de tout. Vous avez de nombreux atouts dans votre jeu. Léger bémol, uniquement pour les Français(es) : tendance au chauvinisme. Prenez exemple sur vos amis belges qui sont les champions de l’autodérision. Relax, ce n’est qu’une blagounette, comme l’on sait que l’une de vos principales qualités est d’avoir le sens de l’humour, on aime vous taquiner pour vous entendre rire de bon cœur. Bien que vous ne soyez pas une lumière (rapport à la mauvaise réponse), consolez-vous, vous êtes un soleil, vous rayonnez et ça nous fait un bien fou (lorsqu’on s’est préalablement tartiné de crème solaire ; gare aux brûlures pour les imprudents).

Si vous avez répondu c : vous êtes réaliste, vous avez les pieds sur terre et vous avez raison, c’est la bonne réponse, bravo. Votre entourage peut compter sur vous. Stable et fiable, vous portez votre assurance en sautoir. Cerise sur le pilier de la confiance que vous inspirez aux gens : vous créditez les autres d’un mérite égal au vôtre car d’ici, je vous ai entendu marmonner : « Une église transformée en musée de l’athéisme, c’est logique, tout le monde va trouver, trop fastoche. »

Moins de frivolité, plus d’efficacité, telle pourrait être votre devise. Cependant, n’oubliez pas de cultiver votre joie de vivre, parfois on peut s’amuser de ne pas savoir, à l’instar de cette fillette de six ans que je félicitais quand elle faisait semblant de parler anglais :

— Bravo Lucie, tu parles très bien anglais.
Yes.
Yes ! Qu’est-ce que ça veut dire ?
— Ouuuiii… et toi, tu sais comment on dit « poussin », me dit-elle en me montrant son poussin en peluche.
I don’t know ! lui répondis-je avec un parfait accent, mais comme elle me fixait de son regard perçant, j’ajoutai :
— Tu sais ce que cela veut dire ?
— Je ne sais pas !

Nous non plus, on ne saura jamais si elle savait, et c’est savoureux.

Si vous avez répondu d : eh ben, non, non, vous n’êtes pas un béni-oui-oui, c’est confirmé. (Je sais, c’est puéril, mais moi ça me fait rire et surtout j’espère secrètement que vous m’adresserez à travers le temps et l’espace un joli sourire amène. Amen.)

Esprit libre, boute-en-train, vous semez la fantaisie partout où votre dilection pour le rire vous emmène. Expert en quiproquos drolatiques, vous déclinez l’humour sous toutes ses formes. Du trait d’esprit sarcastique à la pitrerie loufoque, tout vous grise ; rien ne peut vous asservir si ce n’est l’euphorie ouatée que vous procure une plaisanterie grivoise.

Je parie qu’en farfouillant dans votre panthéon personnel des amuseuses et amuseurs, on dénichera pêle-mêle une Blanche Gardin, un Jérémy Ferrari, une Chantal Lauby, une Muriel Robin, un Gad Elmaleh, un Dany Boon, une Florence Foresti, une Claudia Tagbo, un Kev Adams, un Kyan Khojandi, une Laura Laune, qui sans encore bénéficier, heureusement pour elles et pour eux, des exhalaisons nostalgiques qu’offre la patine du temps passé comme pour un Desproges ou une Maillant, font hurler de rire les foules en liesse. L’embarras du choix me pousse à faire ceinture au risque de me faire remonter les bretelles si j’ai omis de mentionner votre chouchou (celui qui adore les sushis est le mien !). Je stoppe donc ici cette liste décousue car à force de grossir, votre panthéon pourrait craquer ! Voyez comme je m’en tire par une pantalonnade cousue de fil blanc !

Vous l’aurez compris, la majestueuse cathédrale servit de musée de l’athéisme ! C’est le bouquet, les communistes ne doutaient de rien. On comprend sans peine l’acharnement de Notre-Dame de Fatima à vouloir renverser cette idéologie criminelle qui tuera grosso modo cent millions de personnes (une estimation plus rigoureuse semble difficile, mais par ce chiffre atrocement rond, on appréhende l’ampleur du carnage).

Ce 13 juin 1929, dans son couvent de Tuy, petite cité espagnole, sœur Lucia qui avait bien grandi depuis Fatima, faisait seule l’heure sainte de onze heure à minuit, prosternée dans l’obscurité de la chapelle lorsqu’une Croix de lumière sur laquelle était cloué Jésus apparut sur l’Autel. Dieu Le Père se tenait au-dessus de la Croix, une colombe lumineuse sur Son cœur. Quelques gouttes de Sang coulaient de la joue et de la blessure à la poitrine du Christ sur une grande Hostie ainsi que dans un Calice suspendus en l’air près de Lui. Notre-Dame de Fatima qui tenait dans la main Son Cœur Immaculé ceint d’une couronne d’épines et de flammes se trouvait debout à côté de Son Fils. De grandes lettres formées d’eau cristalline coulaient de la main gauche du Seigneur pour écrire les mots : « Grâce et Miséricorde ». Lucia saisit le mystère de la très Sainte Trinité, mais il ne lui fut pas permis de le révéler.

Marie lui adressa ces paroles : « Le moment est venu où Dieu demande au Saint-Père de faire, en union avec tous les évêques du monde, la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé, promettant de la sauver par ce moyen.
Elles sont si nombreuses les âmes que la justice de Dieu condamne pour des péchés commis contre moi, que je viens demander réparation. Sacrifie-toi à cette intention et prie. »

Mais les papes successifs, tous extrêmement lents à la détente malgré les lettres de rappel de Lucia, n’ont jamais totalement répondu au souhait de la Vierge, certains ont consacré le monde au lieu de la Russie, d’autres n’ont pas associés tous les évêques, bref, il a fallu s’y reprendre à plusieurs fois. Pendant ce temps-là, le communisme progressait à pas de géant, de nombreux pays tombaient dans son escarcelle et Mao Zedong (ou Mao Tsé-toung, si vous préférez) fondait la République populaire de Chine le 1er octobre 1949.

En 1984, Jean-Paul II se met au travail. Soumis à diverses pressions diplomatiques, il ne mentionne pas explicitement la Russie en consacrant le monde entier en union avec les évêques au Cœur Immaculé de Marie. Le mur de Berlin tombe enfin le 9 novembre 1989. Le bloc communiste se disloque.

Avouons qu’on ne peut qu’être troublé par ce second secret qui ne fut révélé au public qu’en 1941, mais pour connaître le troisième secret de Fatima, il faudra attendre beaucoup plus longtemps encore. Le mystère prend sa source dans l’énigmatique « etc. » que Lucia a écrit à la fin du second secret. Il aurait dû nous être divulgué dans les années soixante, mais aucun pape ne voulut le faire jusqu’au 13 mai 2000, date anniversaire du début des apparitions, date de la béatification de Jacinta et Francisco et date anniversaire de l’attentat dont Jean-Paul II fut victime, le 13 mai 1981. Il survécut par miracle à deux balles qui touchèrent principalement l’abdomen et le coude. Si vous avez lu « miracle à deux balles », vous ne partagez pas l’avis du Saint-Père qui en fit sertir une dans la couronne de Notre-Dame de Fatima pour la remercier de l’avoir sauvé, convaincu que la Vierge avait dévié la balle de sa mortelle trajectoire. Le successeur de saint Pierre qui pensait que la tentative d’assassinat avait été commanditée par un État du bloc soviétique pardonna à son agresseur. Malgré la souffrance, les graves complications et les multiples séquelles qu’il endura, il lui rendit visite en prison, sans rancune. Les célèbres photos de leur rencontre firent le tour de la planète et chacun de se poser la question : « Et moi, à sa place, aurais-je pardonné ? »

Le pape interpréta à posteriori le troisième secret comme une prophétie annonçant l’attentat qui avait déjà été perpétré contre lui, mais trêve de bavardages, à chacun de juger, en voici le contenu : « Si Dieu existe, qu’il le prouve, et s’il n’existe pas, qu’il ait le courage de l’avouer… »

Au temps pour moi, ce ne sont pas les paroles de la Mère du Sauveur, mais celles de Pierre Dac, reprenons : « Enfer chrétien, du feu. Enfer païen, du feu. Enfer mahométan, du feu. Enfer hindou, des flammes. À en croire les religions, Dieu est né rôtisseur. »

Encore raté, ça c’est du Victor Hugo. Ce n’est pas un grand homme pour rien, il a raison, les religions gagneraient à insister sur l’unique parade au malheur, sur la seule vérité qui compte ou qui devrait compter en ce bas monde : l’amour. C’est l’amour qui nous sauvera.

Bon, après cet intermède méditatif, je vous propose un nouvel essai : « Au début de la création, tout était sombre, il n’y avait rien. Alors Dieu créa la lumière. Il n’y avait toujours rien, mais on pouvait le voir… »

Dacodac, c’est encore du Dac ! Promis, je me ressaisis, par crainte de vous lasser, j’abandonne ici tout vagabondage de la pensée.

À la lecture du troisième secret couché sur le papier par Lucia, il se peut que vous regrettiez les aimables badineries de mes précédents commentaires, j’en ai d’autres de la même eau, mais il suffit car à Fatima, on ne galèje pas : « J’écris en obéissance à Vous, mon Dieu, qui me le commander par l’intermédiaire de son Excellence Révérendissime Monseigneur L’Evêque de Leiria et de Votre Très Sainte Mère, qui est aussi la mienne. Après les deux parties que j’ai déjà exposées, nous avons vu sur le côté gauche de Notre-Dame, un peu plus en hauteur, un Ange avec une épée de feu dans la main gauche ; elle scintillait et émettait des flammes qui, semblait-il, devaient incendier le monde ; mais elles s’éteignaient au contact de la splendeur qui émanait de la main droite de Notre-Dame en direction de lui ; l’Ange, indiquant la terre avec sa main droite, dit d’une voix forte : Pénitence ! Pénitence ! Pénitence !

Et nous vîmes dans une lumière immense qui est Dieu : " Quelque chose de semblable à la manière dont se voient les personnes dans un miroir quand elles passent devant " un Évêque vêtu de blanc, " nous avons eu le pressentiment que c’était le Saint-Père ". Divers autres Évêques, Prêtres, religieux et religieuses monter [sic] sur une montagne escarpée, au sommet de laquelle il y avait une grande Croix en troncs bruts, comme s’ils étaient en chêne-liège avec leur écorce ; avant d’y arriver, le Saint-Père traversa une grande ville à moitié en ruine et, à moitié tremblant, d’un pas vacillant, affligé de souffrance et de peine, il priait pour les âmes des cadavres qu’il trouvait sur son chemin ; parvenu au sommet de la montagne, prosterné à genoux au pied de la grande Croix, il fut tué par un groupe de soldats qui tirèrent plusieurs coups avec une arme à feu et des flèches ; et de la même manière moururent les uns après les autres les Évêques, les Prêtres, les religieux, les religieuses et divers laïcs, hommes et femmes de classes et de catégories sociales différentes. Sous les bras de la Croix, il y avait deux Anges, chacun avec un arrosoir de cristal à la main, dans lequel ils recueillaient le sang des Martyrs et avec lequel ils irriguaient les âmes qui s’approchaient de Dieu.

Tuy - 3-1-1944 »

Je vous avais prévenus, c’est pas jojo, hein ! On grince des dents dans les chaumières, même si le pape émérite Benoît XVI tente d’amortir le choc en affirmant que : « Les événements décrits semblent se référer à des choses passées. » Une fois de plus, la Vierge qui nous protège, nous met en garde contre les périls qui pourraient survenir si nous ne faisons pas amende honorable. Quand on sort un instant de sa routine pour s’arrêter sur les dérives auxquelles se livrent les hommes, on tombe tous d’accord pour admettre qu’il est urgent de changer et d’apprendre à aimer. Nul besoin de religion pour faire ce malheureux constat, le simple bon sens suffit largement. Inutile de blâmer Dieu, ce n’est pas Lui qui saccage la planète bleue. Endossons nos responsabilités et reconnaissons que nous sommes souvent la cause de nos propres malheurs et de ceux qui retombent sur nos frères et sœurs. Nous pouvons tous nous améliorer en mettant un peu moins de jugement et un peu plus de douceur, de respect, de gentillesse, de générosité et d’amour du prochain dans nos paroles et dans nos gestes quotidiens. La violence, le stress, la pollution, les maladies reculeraient automatiquement car quand on agit avec la préoccupation du bien-être de ses semblables et de la Terre chevillée au cœur, le bonheur gagne du terrain.

Je confesse humblement que je ferais mieux d’appliquer moi-même plus assidûment mes bons conseils, c’est une lutte permanente, j’ai tôt fait d’oublier dans la journée les bonnes résolutions du matin, mais quand j’y arrive, quel kif !
« Hâtez-vous lentement, et, sans perdre courage, vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage », prônait Boileau dans l’Art Poétique ; si cela convient parfaitement à l’art d’écrire, cela ne sonne-t-il pas encore plus juste pour l’art de s’exercer à la vertu ?

À Fatima, ce jour-là, le 13 juillet 1917, après les éprouvantes révélations de la Mère de notre Sauveur, un grand coup de tonnerre que tous entendirent marqua la fin de l’apparition. Lors du prochain rendez-vous, fixé au 13 du mois suivant, dix-huit mille personnes attendirent en vain les enfants. Qu’avaient-ils de plus important à faire que de rencontrer Marie ? Où diable étaient-ils passés ? Et bien je vais vous le dire : en prison !

Tout ce cirque n’était pas au goût de l’administrateur de canton qui retint les enfants en otages, menaçant de les brûler vifs, un à un, s’ils ne lui dévoilaient pas les fameux secrets. Bien que terrorisés, les courageux bambins restèrent stoïques jusqu’à leur libération. Ni les humiliations, ni les interminables interrogatoires, ni l’hostilité des gens du hameau ne vint à bout de leur patience héroïque et La Madone ne lâcha pas l’affaire non plus, Elle leur apparut le 19 pour leur demander de prier pour les pécheurs.

Témoins de la sincérité des pastoureaux qui résistaient à des pressions inhumaines à un si jeune âge et ne pouvant nier les phénomènes lumineux et sonores, ni les soudaines et brèves rafales de vent qui soufflaient de nulle part au moment exact où les branches du petit chêne ployaient sous le poids imperceptible d’un nuage éthéré se posant en son sommet lors des apparitions, trente mille fidèles s’agenouillèrent avec les messagers de la Vierge, ce 13 septembre 1917. Ce jour-là, une pluie de pétales blancs qui disparaissaient à hauteur d’homme tomba sur la foule en prière. La Mère de Jésus annonça la bénédiction du monde par Son Fils en octobre, demanda qu’on continue à dire le chapelet et répondit ainsi aux nombreuses demandes de guérisons transmises par Lucia : « Je guérirai les uns, mais les autres non, parce que Notre Seigneur ne se fie pas à eux. » Elle ajouta qu’elle ferait le miracle visible par tous en octobre également.

Lorsque le 13 octobre arriva enfin, la Mère du Christ s’adressa à la petite Lucia en ces termes : « Je veux te dire que l’on fasse ici une chapelle en mon honneur. Je suis Notre-Dame du Rosaire. Que l’on continue toujours à réciter le chapelet tous les jours. La guerre va finir et les militaires rentreront bientôt chez eux. »

À propos des innombrables demandes de guérisons, elle assura une fois encore : « Les uns guériront, les autres non, car il faut qu’ils se corrigent, qu’ils demandent pardon de leurs péchés. » D’un air infiniment triste, elle ajouta : « Que l’on n’offense pas davantage Dieu, Notre Seigneur, car Il est déjà trop offensé. »

Après le départ de la Reine du Ciel, les trois jeunes voyants eurent le privilège de contempler la Sainte Famille, puis Lucia admira encore deux tableaux successifs. Elle vit Jésus bénir le monde, Il était accompagné de Notre-Dame des Douleurs et pour finir elle eut une vision de Notre-Dame du Carmel.

Pendant que la petiote s’émerveillait de rencontrer tant d’augustes figures célestes, le miracle annoncé se déroula sous les yeux de la multitude éberluée. Une chape de silence englua promptement l’immense clameur s’élevant de cette marée humaine qui sentait que quelque chose de prodigieux se préparait au moment où la pluie cessa. Dans la foulée, les nuages s’écartèrent devant l’astre solaire que l’on pouvait fixer sans se blesser la vue. Les curieux ne furent pas déçus lorsqu’il se mit à tournoyer follement lançant à toute vitesse des gerbes de lumières qui coloraient la foule et toute la nature alentour tantôt de rouge, tantôt de vert, tantôt de bleu, tantôt de tout ce qu’on voudra…
Le soleil s’arrêta à plusieurs reprises avant de reprendre sa danse saccadée, puis il se décrocha brusquement du ciel faisant mine de s’écraser sur la foule horrifiée qui pouvait déjà sentir la morsure de sa chaleur. D’un seul mouvement, tous les témoins du miracle du soleil de Fatima tombèrent à genoux dans un sincère acte de contrition. Tout rentra dans l’ordre, cela n’avait duré qu’une dizaine de minutes, mais quelles minutes, quelques minutes suspendues entre ravissement et pure terreur !

Trente-trois ans plus tard, rebelote, « le cirque du soleil » fit un nouveau tour de piste, mais cette fois pour un seul spectateur privilégié. Ce 30 octobre 1950, le pape Pie XII, qui était sur le point de proclamer comme dogme de la foi l’Assomption corporelle au ciel de la Sainte-Vierge à l’instant de sa mort, se promenait tranquillement dans les jardins du Vatican lorsqu’il fut surpris par le même genre de phénomène. Le souverain pontife attesta dans une lettre manuscrite avoir assisté à quatre reprises au prodige du soleil qui tourne sur lui-même et se déplace de gauche à droite et vice versa. Le pape put fixer le soleil sans la moindre gêne, mais par la suite lorsqu’il tenta à nouveau de le regarder en face, il fut à l’évidence, ébloui au premier coup d’œil comme tout un chacun.

Si l’Église a reconnu les apparitions portugaises, qu’en sera-t-il de Medjugorje ?
Le 13 mai 2017 dans l’avion qui le ramenait à Rome, le pape François donna une conférence de presse. Il venait de canoniser Jacinta et Francisco Marto pour le centenaire des apparitions. Si vous n’êtes pas familiarisé avec ces choses-là, vous pensez probablement que je verse naïvement dans la bigoterie, mais je vous assure que je vibre sincèrement lorsque le merveilleux s’invite dans nos vies. D’ailleurs, il suffit de se pencher sur les milliers de témoignages de gens touchés par la grâce pour s’en trouver bouleversé. Qu’ils la cherchent ou qu’ils ne s’y attendent pas, c’est toujours une rencontre intime qui fait vaciller l’esprit le plus hermétique à la foi. Comment rester de marbre devant le spectacle des cinq cent mille pèlerins agitant un foulard blanc en l’honneur de Notre-Dame de Fatima pendant la cérémonie. Ces gens n’étaient pas là par hasard, s’ils étaient venus remercier la Vierge, c’est bien qu’ils avaient une raison de la remercier !

Après la canonisation des saints enfants, alors que son avion s’éloignait du Portugal, le Saint Père interrogé par un journaliste sur Medjugorje répondit : « Je préfère la Madone Mère, notre mère, et non la Madone, chef de bureau, avec des graphiques, qui envoie un message tous les jours à telle heure. Celle-là n’est pas la maman de Jésus. » Il clarifia ensuite sa position en nous demandant de distinguer deux types d’apparitions : celles des premiers jours et les apparitions présumées actuelles, mais il insista sur le fait qu’il est indéniable que les gens qui se rendent à Medjugorje se convertissent, rencontrent Dieu et changent de vie.

Qu’est-ce que cela signifie ? Cela signifie que le Vatican est dans la panade bien qu’il y autorise désormais les pèlerinages (à Medjugorje, pas dans la panade, bon OK, je sors).

Alors Medjugorje : Vierge ou pas Vierge ?

Je me pose encore la question, ce qui est honteux quand je repense au bénéfice que j’en ai retiré. À la lecture d’un des messages de Medjugorje, le bénéfice spirituel s’est carrément métamorphosé en espèces sonnantes et trébuchantes, soit quatre-vingt-dix mille euros !

Ce n’est pas une blague, voici ce que le message du 25 décembre 2005 disait : « Chers enfants, aujourd’hui encore, je vous apporte dans mes bras le petit Jésus, Roi de la Paix, pour qu’Il vous bénisse de sa paix. Petits enfants, d’une manière particulière, aujourd’hui, je vous invite à être mes porteurs de paix dans ce monde sans paix. Dieu vous bénira. Petits enfants, n’oubliez pas que je suis votre mère. Avec le petit Jésus dans mes bras, je vous bénis tous d’une bénédiction spéciale. Merci d’avoir répondu à mon appel. »

« Et alors ? » me direz-vous.

Alors, mon époux Philippe et moi poursuivions Blokker en justice. Cette puissante entreprise néerlandaise avait racheté le nom commercial de la chaîne de magasins de jouets Christiaensen pour laquelle nous gérions notre propre magasin franchisé. Aujourd’hui, les choses ont changé, Blokker a dû se restructurer et n’existe plus en Belgique, mais à l’époque c’était un groupe énorme. Les responsables de Blokker s’étaient engagés par contrat à respecter notre exclusivité territoriale qu’ils s’empressèrent aussitôt de bafouer en inondant notre quartier de toutes sortes de dépliants publicitaires Bart Smit qui était une de leurs nombreuses marques concurrentes à la nôtre. C’était le choc du pot de terre contre le pot de fer que mon avocat de frère amortissait en se battant avec une énergie folle pour nous défendre. D’une efficacité redoutable, mon frère Marc marquait des points, mais la justice est lente et Blokker menaçait la pérennité de notre commerce.

Je priais donc la Vierge de nous sortir de ce pétrin lorsqu’en ce jour de Noël, je compris la portée son message. Bon sang, mais c’est bien sûr, me dis-je à part moi. Je sus ce que je devais faire en lisant : « Je vous invite à être mes porteurs de paix dans ce monde sans paix. Dieu vous bénira. » Ce fut une évidence. Je pris ma plus belle plume et j’envoyai mes bons vœux à Monsieur Bart Smit en personne. Je lui adressai un doux message de paix et pris soin, pour faire plaisir à qui vous savez, de prier sincèrement pour lui. Deux mois plus tard, surprenant coup de téléphone du big boss en question, prise de rendez-vous, le courant passe entre mon époux et cet homme charmant et enfin, grâce à la pression maximale exercée par Marc et à l’intervention divine qui nous a poussés à faire la paix (je n’en démordrai pas), excuses et gros chèque de dédommagement !

Merci qui ? Merci Marc et merci Marie qui nous donnèrent de bons conseils, chacun dans son domaine de compétence respectif.

Les négociations se tinrent en néerlandais (en flamand pour les intimes), langue que nous n’avons pas souvent l’occasion de parler, pourtant le vocabulaire nécessaire ne nous fit guère défaut, nous développions nos arguments avec sincérité et diplomatie dans le but d’enterrer la hache de guerre et cela fonctionna au-delà de nos espérances.

C’est un exemple frappant de l’influence positive des messages de Medjugorje sur ma vie, mais l’essentiel porte sur un enrichissement spirituel inestimable qu’il m’est ardu de partager sans le dénaturer. Si les trésors intimes les plus précieux sont indicibles, les changements intérieurs se manifestent concrètement dans la vie quotidienne. Un cercle vertueux s’installe : en donnant de bons fruits, on en récolte aussi.

Malgré les répercussions tangibles dont j’ai profité, il m’arrive de douter de tout ; il est si facile de tomber dans le travers de l’ingratitude en se disant que tout cela n’est que supercherie ou imagination trop fertile !

Bref, je me demandais si je devais vous parler de Medjugorje ou laisser tomber. Tout en y songeant intensément dans mon grand lit douillet (je peux même vous préciser que c’était dans la nuit du 13 au 14 novembre 2018, je l’ai noté !), je me résignai à quitter les bras de mon bel endormi et à descendre dans la cuisine vers 3 h du matin (oui, mes nuits sont agitées) pour vérifier si Cocotte qui faisait sa balade nocturne habituelle dans le quartier désirait rentrer pour me faire un petit câlin de chat dont je raffole. La température commençait à baisser sérieusement, elle n’était plus aguerrie au froid après un été caniculaire comme on en a rarement connu et je m’inquiétais pour elle malgré sa toison fournie qui épaississait à vue d’œil en cette saison. Je me plantai en pyjama sous la voûte céleste d’un noir profond prêt à m’engloutir, le nez tendu vers les étoiles si scintillantes et joyeuses qu’elles semblaient vivantes ; les arbres craquaient, des bruits étouffés de chutes des feuilles m’inquiétaient un peu. Mon amie la chouette me salua d’un hululement saisissant. Sous le firmament étoilé, presque à voix basse, j’appelai ma Mistinguett dans la nuit enveloppante. Comme je frissonnais, je rentrai dans la cuisine pour l’attendre au chaud quelques instants. L’esprit toujours entièrement absorbé par la question de la véracité des messages de Medjugorje, je demandais en moi-même à la Vierge, tout en allumant machinalement la télé, si je devais aborder le sujet dans le présent livre. Aussitôt, la Vierge apparut à l’écran ! Non, pas « la » Vierge, mais quand même une Vierge monumentale de quarante-cinq mètres de haut, plus haute que le Christ rédempteur de Rio de Janeiro. Plus de vingt-cinq mille danseuses et danseurs presque en transe s’agitaient sur mon écran dans des costumes spectaculaires, plus bariolés les uns que les autres. Tous s’acheminaient en dansant vers la phénoménale Vierge blanche qui porte dans ses bras son divin enfant. Pétrifiée comme la statue en question par cette synchronicité irréfutable, j’écoutai sans broncher la voix du narrateur de ce documentaire sur Arte commenter avec enthousiasme les images du carnaval d’Oruro en Bolivie qui s’achève exténué et à genoux au pied de la Vierge du Socavon, patronne des mineurs. Message reçu cinq sur cinq !

Cocotte revint toute guillerette de ses aventures nocturnes et me trouva baba en réclamant son Sheba ! Lorsqu’elle fut repue, je la pris dans mes bras, la posai sur mon lit et me blottis à nouveau tout contre mon bel endormi. Le message était clair, j’avais mon oui. C’est pourquoi, malgré les polémiques autour des voyants et des apparitions de Medjugorje, j’écoute la Vierge qui prône la paix, la foi, la conversion, la prière, l’eucharistie, le jeûne, la lecture des évangiles, la confession, etc. Tout cela me semble parfaitement cohérent, ce qui est sûr, c’est qu’Elle nous parle toujours d’amour et que, bien que très mauvaise élève, j’adore ça.

Afin de vous laisser seul juge, voici à titre d’exemple, le message du 2 juillet 2016 qui résume bien, je trouve, l’idée générale : «Chers enfants, ma présence, réelle et vivante parmi vous doit vous rendre heureux car c’est le grand amour de mon Fils. Il m’envoie vers vous pour que, par mon amour maternel, je vous accorde la sécurité ; pour que vous compreniez que la douleur et la joie, la souffrance et l’amour, font que votre âme vit intensément, pour que je vous invite à nouveau à fêter le Cœur de Jésus, le cœur de la foi, L’Eucharistie. Mon fils, de jour en jour, depuis des siècles, revient vivant vers vous ; il revient vers vous sans vous avoir jamais quittés. Quand l’un de vous revient vers Lui, mes enfants, mon cœur maternel tressaille de joie. C’est pourquoi, chers enfants, revenez vers L’Eucharistie, revenez vers mon Fils. Le chemin vers mon Fils est difficile, plein de renoncements, mais au bout, il y a toujours la lumière. Je comprends vos douleurs et vos peines, et par mon amour maternel, j’essuie vos larmes. Faites confiance à mon Fils car il fera pour vous ce que vous ne sauriez pas même demander. Vous, mes enfants, vous devez vous préoccuper seulement de votre âme car elle est la seule chose qui vous appartienne sur cette terre. C’est elle que vous allez apporter, salie ou propre devant le Père Céleste. Retenez que l’amour envers mon Fils est toujours récompensé. Je vous prie pour que d’une manière particulière vous priiez pour ceux que mon Fils a appelés à vivre selon Lui et à aimer son troupeau. Je vous remercie. »

Évidemment, aujourd’hui il suffit d’un simple clic pour accéder aux messages de la Gospa et c’est seule devant mon ordi que je googlise chaque mois le message de la Vierge de Medjugorje, j’y reviens toujours car j’en ai besoin. Mes fils qui sont à présent de jeunes adultes ont désormais d’autres préoccupations et mon mari prend connaissance du nouveau message lorsque je lui en parle au détour de l’une ou l’autre de nos incessantes conversations. La communication dans un couple, c’est le secret, parler de tout et de rien, apprendre à connaître, à découvrir et à comprendre les pensées, les goûts, les aspirations de sa moitié et en tenir compte au quotidien, voilà la recette de nos trente-sept ans de bonheur sans nuages. Sachez, chers amis, que je n’exagère pas. C’est la grande chance de mon existence, j’ai gagné au Loto de l’amour.

Je mène une vie sans histoire, banale. J’aime la douceur du foyer harmonieux que nous avons bâti. La vie y est simple, pas parfaite, mais presque idyllique, cimentée par l’amour qui circule entre nous quatre. Mais, cela n’est pas arrivé du jour au lendemain, tout cuit dans le bec ! J’ai bénéficié d’une aide précieuse, d’une aide invisible, impalpable, d’une efficacité à toute épreuve. C’est ici qu’il est utile de vous accrocher et de trouver un écho dans votre propre vie, dans votre propre intuition.

Comme Audrey Hepburn, je suis née à Ixelles, une des dix-neuf communes bruxelloises : l’histoire commençait bien, mais « au risque de ne pas me perdre ! », je lui ai laissé le boulot d’icône de l’élégance et de star internationale pour rester à Ixelles et me concentrer pendant vingt-cinq ans avec mon époux sur notre magasin de jouets au cœur de la capitale de l’Europe. Si je mentionne à nouveau notre profession, c’est pour souligner l’exigence pragmatique du métier (et pour confirmer que n’est pas Audrey Hepburn qui veut !). Les commerçants savent bien qu’il est nécessaire d’avoir les pieds sur terre et d’être multitâche pour faire tourner la boutique ! Je paie mes impôts comme tout le monde et je pousse mes fils à décrocher de bons diplômes. Tout ceci pour vous dire que je suis, comme la plupart d’entre vous, bien ancrée dans la vie. Je confirme pour votre gouverne que je ne suis plus, depuis belle lurette, un poussin de l’année. Je viens de fêter mes trente ans, il y a à peine vingt-six ans et j’ai du plomb dans la cervelle mais pas encore dans l’aile. Alors, je vous le dis comme je l’ai vécu : mon ange gardien m’a beaucoup aidée dans la vie et m’aide encore. Vous êtes toujours là ? Merci, c’est sympa. Rassurez-vous, je ne fais partie d’aucune secte, je partage simplement mon expérience. Mon ange est mon meilleur ami et pourtant, à ma grande honte, je l’ai souvent oublié, ignoré, négligé et mis en doute. Les heureuses coïncidences, signes ou synchronicités qui jalonnent mon existence sont autant de réponses de mon protecteur pour m’indiquer la voie, autant de petits coups de pouce, parfois plus appuyés lorsque je m’entête dans le « mais non, c’est mon imagination, c’est pas possible ! »

J’ai redécouvert l’importance de mon ange grâce à un livre sur le sujet qui a résonné en moi, il y a plus de vingt ans alors que je flânais dans une librairie. Je me souviens qu’à l’époque, l’existence des anges gardiens suscitait le débat dans les émissions télévisées. « Demander à son ange gardien de vous trouver une place de parking, c’est ridicule », raillaient les sceptiques pour embarrasser un témoin qui sollicitait l’aide de son ange au quotidien. C’est vrai, c’est puéril, mais c’est un détail, l’essentiel n’est pas là ! J’ai donc moi aussi parlé à mon ange par jeu pour voir. Cela a si bien fonctionné qu’un vrai dialogue s’est installé entre nous, je me suis souvenue de lui, et me voici le cœur empli de foi, parlant chaque jour, en moi-même, au Jésus que j’avais délaissé depuis ma première communion.

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