NB : Ce texte parle d'un personnage non binaire agenre. J'ai donc pris le parti d'alterner les accords le concernant et d'utiliser le pronom "on" pour parler de ce personnage, à la place de "elle" ou "lui" (un peu comme les anglais utilisent "they" pour parler d'une personne agenre). (Habituellement j'utilise le pronom "al" mais j'ai constaté que ça perturbe parfois les lecteurs et les lectrices qui n'y sont pas habituées. ^^ N'hésitez pas à me dire si vous auriez préféré "al" à la place de "on". ;) )

 Gail leva la tête, ses yeux dorés scintillant au soleil. On avait réagi trop tard et deux garçons lui tombèrent dessus, le clouant au sol dans des cris de joie méchante. On se retrouva le nez dans la poussière, ses bras tordus dans son dos, maintenus par la poigne d'acier des deux garçons. Devant ses yeux une paire de botte apparut. On n'avait pas besoin de lever les yeux pour savoir à qui elle appartenait.

Arfan était le chef de la bande d'enfants du village. Tous lui obéissait et le suivait. Celles et ceux qui n'avaient pas eu la chance d’être acceptés dans sa bande le craignait. Gail n'avait cependant pas tenté de rentrer dans le groupe. Depuis petit, on était différent. Et même les adultes la regardaient passer en chuchotant, lui jetant même parfois des regards craintifs et méfiants.

On était l'enfant inattendu, née d'une femme que les druides avaient déclarée stérile. Ses parents le chérissaient et essayaient de le protéger de la superstition des villageois. Sa mère l'appelait "mon petit miracle".

Les autres l'appelait l'Anomalie. On détonnait dans le village avec ses cheveux couleur de feuille morte, sa carrure fluette et surtout son regard, ses yeux semblable à deux morceaux d'or liquide parsemés d’étoiles ambrées et son corps androgyne. Personne, pas même ses parents, ne savait réagir à ses déclarations comme quoi on n’était ni fille, ni garçon et que tout cela n'avait d'ailleurs aucun sens ni importance au fond.

Gail réfléchissait, aplati au sol par les gros bras de Arfan. On était bien coincée et c'était très désagréable. Mais pour le moment on ne pouvait pas y faire grand chose. Ainsi on attendait simplement la suite des évènements, espérant juste qu'Arfan n'aurait pas l'idée de lui coller un coup de botte dans la figure.

Son ennemi s'accroupit et lui cracha d'un air mauvais "Bah alors l'Anomalie, il me semble pourtant t'avoir dit que le ruisseau est à ma bande. J'ai peut être pas été assez clair avec toi? Va falloir te faire comprendre que t'es pas le bienvenu ici! Pas vrai les gars?!"

Gail soupira. On était parti pour passer un mauvais quart d'heure... Les deux brutes le relevèrent, forçant toujours sur ses bras. On joua un peu des épaules pour essayer de voir sa marge de manœuvre. Bien, ses deux idiots n'avaient toujours pas compris comment faire une clé de bras correcte. Cela laissait une chance de se sortir de ce très mauvais pas.

"Ben alors, tu réponds pas quand on te parle? C'est pas très poli l'Anomalie!" grogna Arfan. Puis sans avertissement, il lui envoya son poing sous les côtes. Gail se plia en deux de douleur, tentant au passage de jouer sur ses appuis pour déséquilibrer ceux qui le maintenant. On se laissa tomber, mettant un genou à terre et pliant le torse au maximum. Les deux ballots ne s'y attendaient pas et basculèrent par dessus Gail, atterrissant en plein sur Arfan et le renversant.

Gail reçut un coup de pied dans la mâchoire au passage mais réussit à se dégager de ce désordre et pris ses jambes à son cou. Derrière lui résonnèrent les cris furieux d'Arfan. "TU PERDS RIEN POUR ATTENDRE L'ANOMALIE! TU M'ENTENDS?!?"