Lettre du prophète Halluciné à son frère.

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Cher Dareios

Tu ne seras pas surpris que cette missive t'arrive des geôles de la cité. Je te vois déjà lever les yeux au ciel et t'exclamer :

" Que toutes les divinités nous protègent, qu'a-t-il encore fait !"

Et je te répondrai :

"Rien de plus que ce que je fais toujours : tenter de protéger les citoyens d'Atlantide, dont tu fais partie, et que ses édiles mènent au désastre !"

En t'écrivant aujourd'hui, je n'ai pas d'autre but et je le réitère : pars, va-t'en, quitte cette terre maudite en emmenant ta femme et tes enfants ! Parce que je te le dis, bientôt, elle sombrera dans les eaux, victime de son arrogance et de son impiété, écrasée par ses péchés !

C'est un conseil que j'ai aussi donné au garde qui m'a apporté ce papier, cette plume et cette encre afin que je puisse t'écrire. Il fut un ami que j'aida à un moment critique de sa vie : il ne l'a pas oublié et c'est à la lueur de quelques bougies que je pose cette supplique dans ta direction. Je l'avoue, c'est moins pour toi que pour tes enfants que je le fais : ils sont l'avenir de notre civilisation.

Peut-être pourrais-tu faire l'effort de te rendre sur la montagne au dragon et principalement, non loin des grottes de grès, près de la cascade aux minotaures. Celle où, enfants, nous aimions tellement aller. Te le rappelles-tu ?

Avec d'autres, nous échappions à notre maître et sa badine, afin de nous cacher dans cet endroit enchanteur, parsemé de fleurs et étourdissant de suaves senteurs. Nous passions notre temps à jouer, nous baigner et faire des farces aux gardiens.

J'y suis retourné il y a peu et ce que j'ai découvert… Oui, ce que j'ai découvert. Ma gorge se serre et ma main tremble en traçant ses mots, j'ai peine à retenir mes larmes et mon effroi, mes yeux me brûlent, en sont voilés. Mais, tu dois savoir :

La cascade d'eau pure n'existait plus, une cataracte de feu la remplaçait  ; des odeurs méphitiques surnageaient et m'étouffaient. Les corps des minotaures gisaient ; ils étaient tous morts !

Ah mon frère ! Que les dieux m'en soient témoins, que c'est là la vérité. Tu ne veux pas l'entendre, je le sais, mais va voir, rends-toi là-bas et tu comprendras que nos jours sont comptés !

Ionas.

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