Doléance déposée par Dareios (frère du prophète halluciné) à l'attention du roi d'Atlantide Poséidon XXIV

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Divine émanation des mers et des océans,

Vous pardonnerez à votre modeste sujet de s'adresser à vous avec autant d'aplomb. Cependant, j'ose implorer votre bienveillante grandeur de libérer mon frère Ionas, qui fut Oracle du Temple en son temps ; on l'appelait alors le Clairvoyant.

Durant de nombreuses années, il s'employa à servir fidèlement les dieux et fut l'élève du meilleur augure d'Atlantide. À ses côtés, il apprit à utiliser ses dons, officier durant les célébrations et se plier aux sacrifices rituels avec cœur et piété. Hélas, il fut jeté hors des murs de l'enceinte sacrée et condamné à l'indigence ; le clergé le déclara hérétique ; j'en fus fort affligé.

Je vous demande de lui accorder indulgence. Sachez, Ô très noble souverain, qu'il n'a jamais souhaité porter tort au royaume, ni au sacré du Temple, et encore moins à nos divins protecteurs, dont vous êtes l'incarnation directe ; qu'ils vous apportent gloire, richesse et prospérité !

Oui, Ionas voulait nous prévenir, je le sais aujourd'hui !

Pardonnez-moi d'insister encore, vénéré roi, et de profiter de cette supplique pour vous conter une visite que je fis au lieu-dit des Minotaures. Ce que j'y ai découvert m'affligea grandement et la colère des dieux m'empoigna, noyant mes yeux de larmes, serrant mes entrailles de douleur, m'emplissant d'âpre chagrin !

Tout y était dévasté ; les exhalaisons semblaient venir des entrailles du monde, du plus profond des limbes ; des flots de laves se déversaient là où jadis, régnaient parfums suaves, transparence et pureté. Les gardiens gisaient, vaincus par l'air empoisonné.

Ô Divin Souverain, sachez que c'est là la vérité ! – que les dieux me frappent à l'instant de leur courroux si je mens – Et que c'est mon frère qui me conjura d'y aller ; il en fut tellement épouvanté. Ainsi m'ouvrit-il les yeux, précédemment aveuglés d'insouciantes certitudes.

C'est l'une des raisons pour laquelle, je sollicite de votre suprême magnanimité, sa libération, car peut-être n'a-t-il pas totalement tort lorsqu'il clame qu'arrive le terme de l'Âge d'Or.

J'offre au Temple et à votre royale demeure une contrepartie : pièces d'argent, bijoux, objets précieux, étoffes de prix, laine, lin, coton, ainsi que ce tissu brillant venant de cette contrée lointaine où les habitants appellent leur souverain fils du ciel. Je fais le négoce de tout ceci, Ô émanation de l'océan, permettez-moi, aussi, de vous céder quelques-uns de mes esclaves, ou même tous ; ils sont habiles, durs à la tâche, respectueux et dociles.

Choisissez le paiement qui vous conviendra. Faites-moi part de vos désirs, Ô sublime roi d'Atlantide, et je m'efforcerai de les satisfaire.

Votre dévoué sujet, de son état, négociant :

Dareios

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