Chapitre 7
Finissant ma journée à quatorze heures, exceptionnellement, Sacha m’avait accompagnée dans un magasin d’ameublement, pour la maison. Il me conseillait dès que je lui demandais son avis. Comme je devais tout acheter, j’avais vérifié l’argent disponible sur mon compte avant d’aller faire mes achats. Par mes salaires de dame de chambre, mais aussi avec ce que Véra me versait chaque mois, j'étais à l’abri du besoin. N’ayant pas besoin d’un bureau, j’avais décidé que cette pièce serait une chambre. J’avais donc trois chambres à aménager : celle de Véra et moi, celle de Lianna et celle de notre futur enfant. Après trois heures et demie d’essai virtuel, j’avais réussi à commander tout ce qu’il me fallait. Le tout serait livré demain à quinze heures et les livreurs m’aideraient à monter les meubles. J’allais devoir voir avec le professeur Lane pour partir plus tôt du conservatoire. De retour au palais, après avoir récupéré Lianna, qui jouait avec Liva, je retrouvais ma fiancée, dans son bureau, en compagnie de Rosalie. Lianna s’affala sur le canapé et j’embrassais Véra.
— Comment s’est passée ta journée, mon ange ?
— J’ai fait mes achats pour la maison. Tu veux voir les plans ?
– Évidement. Tu m’enverras la facture, je te rembourserais.
— Non. C’est ma maison, Véra. C’est moi qui paye.
— Mais…
— J’ai l’argent pour tout acheter d’un coup. Je n’ai pas besoin de ton aide.
— Très bien, je te laisse t’occuper de tout.
Assise sur ses genoux, je lui montrais toutes les photos à ma disposition. Elle semblait satisfaite. Son visage s’illumina sur la dernière photo.
— Tu as déjà prévu une chambre de bébé ?
— Comme ça, je serais prête le moment venu. Tu aimes ?
— Oui, j’aime beaucoup. Tu as bien fait de choisir des couleurs neutres. D’ailleurs, faudrait qu’on en parle.
— De quoi ? De ce bébé ?
— Oui. Des différentes possibilités qui s’offrent à toi pour être enceintes.
— Tu t’es déjà renseignée, je suppose ?
— Rosalie, tu peux nous laisser un instant, s’il te plait ?
— Bien sûr. Je vais m’occuper de Lianna en attendant.
Je récupérais une chaise et m’installais de l’autre côté du bureau. Véra sortit plusieurs prospectus et je les étudiai un instant. Elle avait bien fait de faire les recherches à ma place. Je n’aurais jamais pu le faire seule.
— Comme c’est toi qui devras être enceinte, je voulais au moins t’épargner ce travail-là.
— Merci. Mais ça me semble compliqué.
— La possibilité la plus simple, c’est avec un homme, mais…
— Mais comme tu es possessive, tu ne me l’autoriseras pas, rigolais-je.
— Je ne veux pas que tu ailles voir ailleurs. Tu peux le comprendre.
— Je te taquine, mon amour. Je n’ai besoin que de toi. Je vais regarder tout ça à tête reposée.
— N’hésite pas si tu as des questions. Je pourrais te trouver un bon gynécologue. Celle qui m’a suivi pendant ma grossesse était douce et à l’écoute.
— Je veux bien. Tu pourras venir avec moi pour le premier rendez-vous ?
— Tu n’en as jamais vu ?
— Non. Je n’en ai jamais eu besoin.
— Je vais prendre rendez-vous avec elle et trouver un créneau où je pourrais venir. Tu pourras m’envoyer ton emploi du temps ?
— Bien sûr, merci.
— Merci.
— J’oublie parfois que tu n’as que dix-huit ans et que j’ai de l’avance sur toi. N’oublie pas de m’arrêter si je vais trop vite. Les préparatifs du mariage, nos futurs enfants et maintenant ta propre maison, je peux comprendre.
— C’est vrai que tu vas un peu vite. Mais c’est parce que tu prévois tout à l’avance. Tu es plus prévenante que moi et j’apprécie. Je découvre la vie d’adulte, par étape, mais tu es mon filet de sécurité. Je sais qu’en cas de problème, je peux compter sur toi. Tu seras toujours là pour me rattraper si je tombe. Et je n’ai pas peur d’essayer, comme tu es là.
— J’aime beaucoup cette vision. Je devrais prendre exemple sur toi.
— Non, reste comme tu es. J’ai besoin que tu sois l’adulte du couple.
— Très bien. Tu as d’autres questions, tant qu’on y est ?
— Et si on parlait de cette maison ? De l’organisation pour y vivre. Entre nos travails et Lianna.
— Je suppose que tu préférerais vivre là-bas et non ici, au palais.
— Honnêtement, oui. J’aime beaucoup le palais. Je m’y sens bien, mais je ne veux pas y vivre pour toujours.
— Alors je vais devoir définir une différenciation claire entre ma vie de famille et ma vie impériale.
— Entre Véra Stinley et Véra De Stinley.
— J’oubliais que tu prenais cet exemple. Mais oui. Oh, j’ai une idée. On vivra à la maison toute le temps, je me définirais des horaires de travail clair. Le palais sera alors uniquement mon lieu de travail.
— Tu n’y vivras plus ? Que deviendrons Sélina et Liva ? On n’aura pas besoin de leur service à la maison.
— Elles travailleront toujours au palais. Sélina assurera mes besoins ici et Liva pourra t’aider avec Lianna quand tu auras besoin. Comme nourrice où même pour les repas, le ménage ou autre.
— Discutons-en avec elle alors. Maintenant, concernant la sécurité. Il y a toujours des gardes au palais.
— Sacha reste ton garde du corps. De toute façon, tu as besoin de lui pour te déplacer. J’ai qu’à en prendre un qui assurera la sécurité de la maison, quand j’y serais et la nuit.
— Ça me va.
— J’aime beaucoup cette discussion d’organisation familiale.
— Moi aussi.
Véra se leva, fit le tour du bureau et m’embrassa. Rapidement, elle m’allongea sur le canapé.
— Est-ce que je peux ? me demanda-t-elle alors qu’elle voulait retirer mon tee-shirt.
— Seulement si tu fermes la porte à clé, murmurais-je.
Ma fiancée ne se fit pas prier. En quelques secondes, j’entendis le verrou de la porte et elle revint vers moi. Ses mains glissèrent sous mon tee-shirt, frôlant ma peau. Elle remonta jusqu’à mes épaules, elle me déshabilla et jeta mon tee-shirt dans le bureau. Ses mains continuèrent dans mon dos. Mon souffle s’accéléra. Ses baisés dévièrent dans mon cou quand elle dégrafa mon soutien-gorge. Avec une lenteur enivrante, elle le retira et ses lèvres descendaient toujours plus, passant entre mes seins. Je soufflais et mes mains parcoururent on dos, à la rechercher de la fermeture qui éclair qui gardait sa robe en place. La robe glissa rapidement sur ses épaules et Véra s’éloigna pour se déshabiller entièrement puis termina avec moi.
— Tu es si belle, murmura-t-elle.
— Tais-toi, soufflais-je en attrapant son visage pour l’embrasser.
L’une de ses mains glissa sur mon ventre et je mordis malencontreusement sa lèvre inférieure. Sa langue glissa sur mes lèvres et mon cœur s’emballa. Je voulais l’embrasser toujours plus, je voulais ressentir sa peau, devenir brulante contre la mienne. Je voulais l’avoir tout entière, rien que pour moi. Je levais ma jambe droite dans son dos et bascule sur le côté. On se retrouva au sol et j’étais en position dominante. Je parcourus chaque centimètre de sa peau, la couvrant du baisé. Son cœur, comme le mien, ne cessait d’accélérer. Sa peur se réchauffait sous mes caresses et ma bouche. Son souffle s’intensifia jusqu’à devenir roque quand je mordillais son lobe.
— Tu sens la rose, tu as le goût de la rose, susurrais-je.
— Je vis pour la rose, répondit-elle de la même façon.
Mon genou glissa et remonta le long de sa cuisse intérieure. Elle retient un gémissement en m’embrassant. L’Impératrice était à ma merci. J’étais la femme la plus puissante au monde.
— Qu’est-ce que je t’aime, Élia, cria-t-elle.
Je continuais un moment, jusqu’à ce qu’elle prenne la relève. Les rôles avaient changé, elle avait retrouvé son pouvoir. Le souffle croît, nos cœurs battant à tout rompre, nos peaux l’une contre l’autre, luisant de sueur, Véra attrapa une couverture et la posa sur nous. Dans ses bras, je retrouvais petit à petit ma respiration.
— Tu es bien plus douée que mon ex-mari, murmura-t-elle.
— Pourquoi tu me parles de lui ? boudais-je.
— Pour que tu saches à quel point tu es exceptionnelle. À quel point je t’aime, à quel point je suis fière de devenir ta femme. Tu m’appartiens, je ne te le laisserais jamais m’échapper.
— Si tu me laisses m’échapper, je serais ton pire cauchemar, jouais-je.
— Un cauchemar que j’accepterais avec plaisir.
Je me rapprochais un peu plus dans ses bras et l’embrasse avec douceur. Nous étions nues, allongées sur le tapis de son bureau, uniquement couvertes par une petite couverture. Nous étions bien, aucune de nous n’avait envie de bouger. Malgré la goute de sueur qui coulait dans son cou et continuais son chemin sur son sein, le parfum de la rose était omniprésent. Elle en était imprégnée, jusqu’à surpasser l’odeur de la sueur. Je posais mon front contre sa poitrine, je sentais son cœur battre en un rythme régulier. Une musique que je pourrais entendre en boucle, sans jamais me lasser. Cette mélodie que je voulais entendre jusqu’à mon dernier souffle.
— Il faudrait qu’on se rhabille un jour, commenta Véra. Lianna va s’énerver si elle sait que je t’ai eu rien qu’à moi.
— Non. Je n’ai pas envie.
— C’est toi en fait, mon bébé, rigola-t-elle.
— Oui !
Véra m’embrassa sur le haut du crâne puis repoussa subitement la couverture pour se lever. Je grognais puis fini par me lever à mon tour et me rhabillais. Elle attendit, en saurait, que je sois suffisamment décente pour ouvrir la porte. Heureusement, le couloir était vide. Je l’embrassais une dernière fois avant d’aller m’occuper de ma fille. Son nez se retroussa quand je la prie dans mes bras et je me retenais de rire.
— Et si on allait prendre un bain ?
— Ouais ! Avec bulles ?
— Avec plein de bulles et plein de mousses, oui.
De retour dans la chambre, je laissais Lianna se déshabiller tant bien que mal, pendant que je faisais couler son bain. J’ajoutais son gel douche préféré pour la mousse, me déshabilla à mon tour et une fois dans la baignoire, je l’installais entre mes genoux, face à moi. Sur le rebord, elle fit tomber ses jouets dans l’eau.
— Chérie, avec maman, on va déménager. Ce sera une grande maison et tu auras toujours ta propre chambre. On reviendra parfois ici.
— Pourquoi ?
— Ici, c’est le travail de maman. À la maison, on ne sera qu’entre nous. Liva s’occupera toujours de toi quand i y aura besoin.
— Toi, mama et moi ?
— Oui, toutes les trois. Es-tu d’accord ?
— Accord.
— Approche, je vais te laver les cheveux.
Ma fille se tourna et prit appuyée sur mes cuisses tandis que je savonnais ses beaux cheveux. Elle continua à jouer, m’éclaboussa au passage. Elle rigola quand je lui fis remarquer qu’elle avait inondé la salle de bain. Une vingtaine de minutes plus tars, après m’être séchée et habillée, je m’occupais d’elle et lui fis enfiler son pyjama tout doux.
— P’tit chat, va essayer l’eau avec la serviette, s’il te plait. Et sans te mouiller.
La serviette, posée n’importe comment sur sa tête, elle disparut dans la salle de bain. Elle revint ensuite, toute contente d’elle.
— Tu veux une natte pour la nuit ?
— Oui !
Muni de sa brosse et de plusieurs élastiques, je l’assis sur mon lit et commençais à tresser ses cheveux. Véra entra peu avant que je termine et Lianna lui tira la langue, bien décidée à lui faire comprendre que j’étais à elle. Véra m’embrassa malgré tout, pour la taquiner.
— Vous sentez bon le produit pour bébé, commenta-t-elle.
— On sort du bain.
— Et vous ne m’avez même pas attendu ?
— Ma fille d’abord, jouais-je.
Véra croisa les bras alors que Lianna réclamait son attention. Elle la prit finalement dans ses bras, pour son plus grand plaisir.
— Il reste une heure avant le dîner. Qu’est-ce que tu veux faire, mon ange ?
— Tu as fini ta journée ?
— Oui. Même si tu m’as interrompu.
— On regarde un film ? Ça fait longtemps.
— Pas un dessin animé avec des licornes !
— Promis, mon amour.
Lianna courut récupérer son doudou dans sa chambre. On s’installa sur le canapé de l’antichambre, où il y avait l’unique télévision. Je choisis un film pouvant correspondre à tout le monde. Lianna se glissa entre nous deux, sous la couverture. Nous avions l’air d’une famille normal. La vie que nous allions avoir après avoir emménagé dans notre nouvelle maison. Dans mon chez-moi.
Annotations