Des verres et un clic
Mon esprit est un champ de bataille, et le bruit ne s'arrête jamais. La main qui tremblait au-dessus de l'écran a finalement lâché prise. C'est la chose la plus étrange qui soit. C'est un bouton pour revenir en arrière, pas pour avancer. La tentation est un animal qui me mord, et la douleur est douce. Je sais que je ne devrais pas le faire. Mais je l'ai fait. C'est comme le premier verre de whisky. Je sais que lorsque je vois la bouteille, ça me donnera mal à la tête, je sais que le lendemain sera difficile, mais je le bois quand même. J'espère que non, comme j'espère que tu verras que j'ai cliqué sur ce putain de bouton à la con. Et après le premier, un autre. Et encore un autre. J'espère que tu les verras ces putains de verres, mais je ne m'y attends pas vraiment, comme je ne m'attends pas à ce que tu viennes fouiner ma vie depuis cette année passée. Je ne m'attends pas à ce que le lendemain soit meilleur.
C'est un telle contradiction que ça me donne envie de reprendre un autre putain de verre.
J'ai fais un putain de rêve de merde. Une bataille était dans mes rêves. Il y avait une tempête, et je te voyais. Tu te cachais de lui, tu cherchais un abri dans mes bras. C'était un rêve de survie. Puis tu m'as donné le bébé, comme une blessure, comme un éclat de verre de ton passé. Il était laid, mais c'était une métaphore. Ce n'est pas le bébé qui était laid, mais la laideur de ce présent passé que tu as subit, une métaphore morbide du dégout que tu as vécu. Ou du moins une métaphore que ma putain de cervelle en a faite. Tu m'as regardé et tu m'as mis à l'épreuve. Tu as voulu voir si j'étais prêt à accepter ton chaos, si je pouvais aimer même la partie de toi qui te fait mal. Je l'ai pris, j'ai fait l'effort de l'habiller, j'ai aimé la blessure, parce que c'était une partie de toi.
Puis, le rêve a changé. Il était là, en face de moi, a me pointer du doigt comme si j'étais l'erreur de cette putain de matrice. Et il voulait se battre le con. Il voulait créer du chaos ce con. Mais je ne l'ai pas laissé faire. Je l'ai mis à terre, je l'ai tenu, et je n'ai pas eu besoin de lui faire mal. Je l'ai juste tenu, et je l'ai neutralisé. C'était comme si ce putain de rêve voulait dire : "Plus jamais de chaos".
Tu sais, j'ai encore ces souvenirs en tête... de ces vocaux, ces moments de folie où tu m'envoyais des messages pour me dire que je te manquais. Je n'étais parti que depuis dix minutes, pour aller chercher un McDo. Dix minutes. Et tu imaginais déjà que j'étais parti pour toujours, que tu allais m'oublier. Que j'allais t'oublier. C'était de la folie. Une putain de folie. C'est ça que je veux dire quand je parle de la folie. C'est le chaos que je veux mettre à l'abri.
Tu te souviens que tu me parlais de cette idée, les rêves communicants. Tu croyais que quand on pense à quelqu'un, l'autre personne le ressent. Je ne sais pas si c'est vrai, mais je sais que j'ai rêvé de toi de manière si intense que c'est comme si c'était toi qui m'envoyais ces rêves. Comme si tu me disais : "N'oublie pas, ne m'oublie jamais". C'est comme si mon esprit te disait : "Je suis là, je suis prêt, je peux accepter tes blessures et te protéger de tes démons". Mais je sais que c'est mon cerveau qui a révé, pas le tien, j'ai les pieds sur cette pauvre terre poussièreuse, qui remonte à ma gorge jusqu'à m'en faire tousser... ou est-ce les clopes et le whisky... j'en sais rien... Mon pragmatisme me dit que c'est ça, la réalité, le sabordage de ma vie par des substances mortelles.
Et puis quand je regarde tes photos sur l'écran, et je vois que ton sourire n'est pas encore guéri. C'est un sourire qui a été brisé, un sourire qui a besoin d'être réparé. Je vois la tristesse derrière le sourire, la douleur qui est encore là. Je voudrais te dire en face que des photos de nous te rendrait ton vrai sourire. Même si rien allait, tu étais heureuse, et ce sourire vrai n'est plus vraiment là. il arrive, mais il n'est pas. Laisse moi prendre un petit crayon à la couleur de tes lèvres pour le redessiner...
En vrai, le fond du putain de problème, ce n'est pas le bouton. Ce n'est pas la tentation. Ce n'est pas le rêve. C'est moi. C'est l'espoir que nous pourrions construire quelque chose de nouveau, de fort, de libre. C'est l'espoir de voir ton sourire, un jour, et de savoir qu'il est là grâce à moi. Et l'alcool me rapelle vite que ca ne se fera probablement jamais.

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