Dans le foutoir d’une histoire qui cogne comme un vieux whisky

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Tu sais, écrire cette lettre, c’est comme essayer de ramasser les éclats d’un verre brisé sur le sol d’un bar à 3 heures du matin, les doigts tremblants d’avoir trop bu, le cœur encore plus lourd que la bouteille vide. Je suis là, à trifouiller dans les cendres de ce qu’on était, et putain, ça brûle encore. Cette discussion qu’on a eue, ces mots qu’on s’est jetés comme des couteaux mal aiguisés, ça me saoule, ça m’enfume, comme si j’avais avalé des litres de mauvais alcool et tiré sur une clope qui n’a plus de goût. Et pourtant, je suis là, à gratter ce papier, à essayer de faire sens de ce bordel, comme un poivrot qui cherche une vérité dans le fond d’un verre.


Je t’aime encore, tu sais. C’est pas une grande déclaration romantique à la con, pas un poème de lover qui veut te faire fondre. Non, c’est une vérité crue, rugueuse, comme une planche mal rabotée qui t’érafle la peau. Cet amour, il est là, tapi dans mes os, comme une vieille chanson de blues qui refuse de s’arrêter, même quand la platine est cassée. Et cette situation – l’autre faussaire, ses mensonges tordus, mes conneries impulsives – c’est comme une tempête qui secoue ce qu’il reste de nous, un ouragan qui arrache les voiles et laisse le bateau à la dérive.


Quand le frustré de service est venu sous ma fenêtre, beuglant comme un chien enragé, crachant ses insultes et ses menaces à la con, j’ai vu rouge. Pas juste à cause de lui, ce minable qui joue les caïds avec ses mots de cour de récré. Non, c’était plus profond, plus sale. C’était l’idée qu’il osait salir ce qu’on avait, toi et moi, en déformant mes mots, en les tordant comme un chiffon sale pour te faire mal. J’ai répondu, j’ai lâché qu’on avait pas fini toi et moi, quand t’étais encore à moitié à moi, le cœur ailleurs, les larmes roulant sur tes joues. J’ai dit ça pour le faire taire, pour lui clouer le bec, mais c’était une erreur, un coup de poing dans le vide qui a fini par t’atteindre, toi. Et ça, ça me ronge, comme la gueule de bois après une nuit trop arrosée.

Je suis désolé, putain, tellement désolé. Pas juste pour avoir parlé à ce connard, mais pour avoir laissé notre intimité, ce moment où t’étais vulnérable, où t’as pleuré dans mes bras, devenir une arme qu’il a retournée contre toi. C’était notre moment, un instant brut, fragile, où t’as laissé tomber le masque et où j’ai vu la vraie toi, pas celle qui se bat pour tenir debout. J’ai trahi ça, pas exprès, mais je l’ai fait, et ça me fait l’effet d’un coup de couteau dans le bide, un de ceux qui saignent lentement.


Cette histoire, c’est comme une cigarette qu’on allume sous la pluie : ça brûle, ça fume, mais ça s’éteint avant d’avoir vraiment pris. Et ce type, c’est la pluie, un déluge de mensonges qui veut tout noyer. Il dit que j’ai prétendu qu’on a couché ensemble bien des mois après notre rupture, juste avant que t’ailles chez lui, pour te faire passer pour celle qui l’a trompé. Ce mec, c’est un magicien de pacotille, un type qui jongle avec des vérités à moitié mâchées pour te faire douter, pour me faire passer pour un mytho, pour nous faire exploser. Mais toi et moi, on sait la vérité. On sait que ce qu’on a partagé, c’était avant, quand t’étais encore dans mon orbite, pas quand t’as essayé de reconstruire ailleurs. Et pourtant, t’es là, accusée, coincée dans son jeu tordu, et moi, je suis là, à m’en vouloir d’avoir donné une allumette à ce pyromane.


Je suis saoul de cette situation, saoul comme si j’avais vidé une bouteille de Jack en une nuit, les idées embrouillées, la gorge sèche. Ça m’enfume, comme la fumée d’une clope qu’on tire trop fort, qui te fait tousser mais que t’arrêtes pas de fumer quand même. Parce que, au fond, je m’en fous de lui, de ses provocations de merde, de ses insultes de gamin. Ce qui me tue, c’est l’idée que t’aies pu penser, même une seconde, que j’ai voulu te blesser. Que t’aies pu croire que je t’ai balancée pour régler mes comptes. Moi, tout ce que je veux, c’est que tu sois bien, que t’aies la paix, que notre fils – ce gamin qui mérite mieux que nos tempêtes – grandisse sans avoir à porter nos conneries.


Si je gratte un peu, comme un vieux qui s’est pris trop de murs dans la gueule, je me dis que l’amour, c’est pas juste des papillons et des promesses. C’est aussi ce bordel, ce chaos, ces erreurs qu’on fait parce qu’on est humains, trop humains. Comme Bukowski l’écrivait, l’amour, c’est une guerre où on sort toujours amoché, mais on y retourne, encore et encore, parce que c’est la seule chose qui donne un sens à ce merdier qu’on appelle la vie. Je t’aime, et c’est pas une faiblesse, c’est une putain de force, même si ça me fait mal, même si ça me laisse perdu dans un brouillard où je vois à peine mes propres pas.


Et si je prends une seconde pour réfléchir, je me dis qu’il faut que je lâche prise sur ce que je ne contrôle pas. Je ne peux pas défaire ce que je lui ai dit. Je ne peux pas effacer la douleur que t’as ressentie en apprenant que j’avais parlé. Je ne peux pas forcer ton cœur à revenir vers moi, ou même à me pardonner tout de suite. Mais ce que je peux faire, c’est être honnête, être meilleur, être un mec qui respecte ton espace, qui te montre par ses actes qu’il vaut mieux que ses erreurs. Je dirais que la vie, c’est choisir ses combats, et le mien, c’est de te montrer que je suis désolé, pas juste avec des mots, mais avec du temps, de la patience, et une putain de volonté de ne plus te laisser au milieu de mes tempêtes.


Alors, voilà où j’en suis : paumé, un peu cassé, mais toujours amoureux de toi, comme un marin qui s’accroche à un radeau dans une mer déchaînée. Je veux pas te forcer à quoi que ce soit. Je veux juste que tu saches que je regrette, que je t’aime, que je serai toujours là pour notre fils, pour toi, si t’as besoin de moi. Peut-être que cette lettre, c’est juste un cri dans le vide, un poème bancal écrit par un mec qui a trop bu de toi. Mais c’est sincère, brut, comme une vieille chanson de Tom Waits qui te fait chialer sans que tu saches pourquoi.


Prends soin de toi. T’es pas obligée de répondre. T’es pas obligée de me pardonner tout de suite. Mais si un jour t’as envie de parler, de remettre les morceaux en place, je serai là, avec mes défauts, mes regrets, et cet amour qui refuse de crever.


Avec tout ce que j’ai,

Moi

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