8 janvier :

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Je regardai Nalina dans les yeux. Ses contours marrons paraissaient m'absorber totalement. Elle me souriait comme jamais je ne l'avais vu. Je pouvais même apercevoir ses petites dents blanches si bien lavées que je me demandais si il ne s'agissait pas de fausses. Ses cheveux volaient au gré du vent.

Nalina m'avait emmené dans un endroit calme pour me parler en priver d'une chose très importante, m'avait t-elle dit.

Pendant que nous marchions, j'avais espéré de tout mon cœur qu'elle me dise ce que moi je n'avais pas réussit à lui dire car j'en imaginais trop les conséquences si ce que je ressentais pour elle n'était pas réciproque.

Puis quand nous sommes arrivés à un endroit tranquille où personne ne pouvais nous entendre, elle se retourna vers moi. Elle me regardait,ses yeux étaient remplis de larmes. Je me demandais quoi ou qui pouvais la mettre dans un tel état moi qui la croyait si forte et si parfaite.

- Roméo ?

Nalina répétait mon nom dans le vide. Elle soupirait, elle semblait perdue, fragile, abandonnée et désorientée. Sa voix était vide et triste. Elle posa la main sur mon épaule en s'essuyant les quelques pleurs qui coulaient sur ses petites joues roses.

- Roméo ? Réveille toi !

J'ouvre doucement les paupières. Ma mère me regarde fixement et ses longues mèches rousses caressent mon visage. Elle a un air enjoué qui donne un effet de surprise, une humeur qu'elle m'a pourtant rarement montrer.

Je me tourne vers mon réveil dans l'espoir qu'il soit tôt pour éventuellement me rendormir. Il indique 9h28 et j'ai pourtant déjà prévenue ma mère de ne me réveiller qu'à 11h passées.

Mon frère apparut dans l'entrebâillement de la porte. Il porte sa grosse doudoune noir, ses gants de ski et ses bottes fourrées.

- bah alors frérot ! Toujours au lit ? Tu vas manquer « the best day of the year » ( la meilleure journée de l'année), dit-il en rigolant.

Sachant que pour Noa le meilleur jour de l'année est Noël, on ne m'a jamais parlé d'un Noël le 8 janvier ...

- Et que ce passe t-il de si spécial aujourd'hui pour m'empêcher de dormir comme je veux ?

- Il neige, dit Noa tout excité.

Je bondis de mon lit aux vues de cette nouvelle. De la neige ! Enfin !Quand j'étais petit j'avais fait le vœux qu'il neige un jour ici.Mais jusque lors il ne s'était pas encore exaucé.

Je fis signe à mon frère et ma mère de sortir pour que je puisse m'habiller. Puis une fois prêt je me glisse dehors et je vois ce splendide, magnifique, fantastique, extraordinaire spectacle. Sans exagérer. Mon frère joue déjà dans la neige, il rit à la folie.C'était pour lui la deuxième fois qu'il voyait de la neige dans sa vie. La première fois, il était en vacances avec nos parents, il n'avait que quatre ans et je n'étais pas né. Il était tellement heureux qu'il m'avait raconté ce jour des centaines de milliers de fois.J'avais rêver de, moi aussi, connaître cette magie.

Noa fait une boule avec le plus de neige que possible et me la lance aussitôt dans le cou. Je suis plié de rire mais gelé. Je me venge mais il esquive et le coup arrive sur ma mère, au niveau de sa cuisse. Un instant je cru qu'elle me fendrait en deux puis me pendrait à un arbre. Mais elle n'est pas de son humeur massacrante,elle sors ses gants et rapplique.

Les cheveux de mon frère ne sont plus noirs mais recouvert de neige et ses vêtements entièrement blancs. En revanche, ma mère n'avait pas pris grand chose, ses vêtements étaient couvèrent d'une  fine couche de cette « poudre » blanche sortie d'un univers de conte de fées. Rien par contre dans ses fabuleux cheveux roux dont j'avais hérité. La texture bouclée et crépue de ma chevelure venait d'elle. J'avais aussi sa mauvaise vue et son intelligence suprême-et encore je suis modeste. C'est vrai que j'avais sauté deux classes, je parlais trois langues couramment : l'anglais, le français et le mandarin et j'apprenais l'espagnol, l'allemand, le japonais, le russe et le latin. Je savais aussi jouer de quatre instruments : le piano,la flûte, le saxophone, le violon et je venais de me mettre à la guitare. J'ai eu mon brevet avec une note presque parfaite -seulement 19,5/20- et pourtant ce que je détestait par dessus tout était le collège, l'école, les études, me mettre au travail ...

On est rentrés à la maison et on a pris un bon chocolat chaud, puis on s'est glissés chacun dans son lit, pour avoir moins froid.

Dans l'après-midi, mon frère me rejoins dans ma chambre.

- Alors, frérot ? Comment cette journée ?

Je me retourne vers lui. Ses cheveux sont redevenus noirs et en broussailles. Il me souri. Il s'est changer pour des vêtement plus confortables, des vêtements qu'il a l'habitude de porter, c'est-à-dire un bon gros pull à capuche, avec un jean délavé.

- T'as raison, c'est la meilleure journée de l'année, une journée inoubliable !

- Je te l'avais dit frérot !

Je me rend compte, en le regardant, que je suis content que ce soit mon frère, que ce soit mon seul frère même. On se chamaille tout le temps, on se crie dessus, mais on rigole, on parle, on s'amuse tout les deux.

- tu vas au travail demain ?

- Ouais. Dès 7h.

- C'est ça d'avoir 19 ans, dit-je en plaisantant.

- T'inquiètes, un jour ce sera à ton tour. Tu regrettera de t'être moqué de moi.

Il regarde autour de lui, passe en revu ma chambre rangée, les Bandes Dessinées qui traînent toutes poussiéreuses sur les étagères, les vêtements bien pliés dans l'armoire, les figurines de mes héros préférés rangées  sur mon bureau avec mes cahiers de cours.

- Frérot, est-ce que t'as une copine ? me demande t-il soudainement.

- Nan. Pourquoi ?

- Y a même pas de filles qui te plaisent, au collège par exemple ?

- Non, Pas pour le moment ...J'ai pas encore trouvé la bonne faut croire !

Je n'avais pas le choix, je ne voulais pas lui dire que j'étais follement amoureux. D'une fille au visage parfait, au caractère parfait, qui venait chaque nuit dans mes rêves.

- Un jour ça viendra.

Il me fait une tape sur l'épaule. Étant curieux, je lui retourne la question.

- Dis pas à maman et papa pour l'instant ... Mais ouais j'ai une copine.

Je le regarde avec de grands yeux. Lui, une copine ? La nouvelle me fait chaud au cœur mais j'ai plein de question à lui poser dessus.

- C'est qui ? Elle a quel âge ? Elle est à ton travail ? Elle a les cheveux de quel coul...

Je n'ai pas le temps de finir ma phrase. Il m'attrape et me bâillonne avec ses mains.

- T'entends pas comme ... un truc étrange ?

- Non, pourquoi ?

Soudain,mon frère s'étale sur le lit et ne bouge plus. Il doit encore jouer à notre jeu de la dernière fois. Je le secoue mais il reste dans la même position. Je plonge mon regard dans le sien. Il est vide et blanc.

Mon frère est raide mort.

- maman ? Papa ? Venez vite !

Aucune réponse. 

Je descend les marches rapidement. En bas c'est le même spectacle. Mes parents, étalés par terre, ont le même regard.

Eux aussi sont morts. 

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