L'ULTIMATUM
Les rues de la capitale se refermaient sur eux comme un piège. Chaque virage, chaque recoin, chaque détour, n’était qu’un rappel de la violence qui déchirait la ville. La nuit était tombée depuis quelques heures, mais le chaos régnait toujours dans les avenues : sirènes stridentes, cris de manifestants, éclats de voix mêlés aux grondements sourds de l’agitation.
Les ombres dansaient sur les murs, et avec elles, les derniers espoirs de la mère se fanaient.
À l’arrière du véhicule, elle observait ses enfants endormis. Leurs visages sereins, détachés du tumulte, ignoraient le danger qui les guettait. Mais dans le cœur de Lydia, l’angoisse dominait. Celle de ne pas savoir si elle prenait la bonne décision. Fuir, encore. Fuir toujours. Était-ce vraiment les sauver ?
La peur de Boursicot, cet homme qu’elle avait un jour aimé… et détesté plus encore, lui arrachait chaque respiration.
Le téléphone vibra.
Un nouveau message.
Boursicot.
"Tu n’as pas beaucoup de temps. Une heure pour revenir chez toi. Sinon… je trouverai un moyen de te retrouver. Et tu sais ce que ça signifie."
L’air devint plus lourd dans l’habitacle. Le silence, pesant, presque suffocant.
Jean, au volant, tourna brièvement la tête.
— Il ne va pas nous lâcher, tu le sais, n’est-ce pas ?
Elle acquiesça, les poings serrés.
— Je le sais…
Son regard se perdit dans le paysage nocturne, comme si elle cherchait une réponse dans l’obscurité.
— Mais je ne peux pas rentrer. Pas après tout ce qu’il a fait.
Elle serra les dents. Les larmes menaçaient. Chaque parole, chaque geste, la ramenait au même point : le dilemme entre fuir… et affronter.
Dans un autre véhicule, Boursicot fixait son téléphone. L’écran affichait encore l’heure. Il comptait. Il attendait. Depuis ce jour-là, il n’avait rien oublié. Rien pardonné.
Elle lui avait tout pris.
Et il n’allait pas la laisser partir. Pas cette fois.
Dans la voiture de Lydia, le silence régnait de nouveau. Les minutes s’égrenaient, et l’ultimatum flottait sur eux comme une enclume suspendue.
La mère, brisée par la perte de Fatla, sa fille, cherchait désespérément la force de tenir debout. Elle savait que tout pouvait basculer. En un seul instant.
Retourner… c’était capituler. Mourir à petit feu.
Mais fuir encore… était-ce seulement encore possible ?
Elle pensa à ses enfants, et ce fut leur souffle paisible qui lui rappela l’essentiel. L’espoir.
— Jean… dit-elle d’une voix tremblante, mais résolue. Emmène-nous loin. Très loin de lui. C’est la seule issue.
Jean croisa son regard. Il y lut cette douleur qu’on ne sait plus cacher.

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