L'affrontement

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La nuit était tombée, mais l’air pesait plus que jamais. Le vent soufflait fort, apportant avec lui un froid mordant, comme un présage. Tout semblait figé dans un silence de mort — même la ville retenait son souffle.

La voiture roulait lentement dans les rues dévastées. Lydia, le visage marqué par la fatigue, luttait contre une angoisse qui la rongeait de l’intérieur. Ses enfants, toujours endormis à l’arrière, étaient son seul ancrage dans cette tempête. Elle tentait de rester calme, mais chaque minute qui passait la rapprochait de l’inévitable.

Elle avait fui. Mais l’ultimatum de Boursicot, suspendu au-dessus de sa tête comme une guillotine, continuait de la hanter. Elle avait cru avoir échappé à l’horreur, mais l’horreur n’en avait pas fini avec elle. L’homme qu’elle avait aimé… et craint, était sur ses traces. Elle le savait : on n’échappe pas à un homme comme lui.

Jean tourna dans un autre quartier, loin des barricades et des postes de contrôle. Ils se cachaient, mais l’ombre de Boursicot les enveloppait encore. Jean, bien qu’il ait accepté de les aider à fuir, sentait le piège se refermer.

Le téléphone vibra. Il n’avait même pas besoin de regarder l’écran pour savoir : c’était lui.

« Ne crois pas que tu peux fuir aussi facilement. Je vais la retrouver, Jean. Et vous allez regretter d’avoir fait ce choix. »

Le cœur de Jean se serra. Il jeta un regard vers Lydia, qui observait ses enfants dormir avec tendresse et inquiétude. Il n’osa pas briser cet instant fragile.

— Tu as reçu l’appel ? demanda-t-elle dans un souffle.

Jean hocha la tête, les yeux dans le vide.

— Il est plus près que jamais

Quelques heures plus tard, ils étaient devant la maison de Boursicot. Une maison au bout d’une rue calme, comme figée dans un autre temps. Un silence étrange planait dans l’air — une attente presque irréelle.

Lydia fixa l’entrée. Elle savait ce qui l’attendait à l’intérieur. L’homme capable du pire. Celui qui un jour l’avait aimée et qui aujourd’hui voulait la détruire.

Elle tourna les yeux vers Jean. Il vit dans son regard un mélange d’effroi et de courage.

— Tu restes ici, dit-elle. Je dois affronter ce monstre.

— Lydia… tu ne peux pas y aller seule. On peut trouver une autre issue.

Mais elle secoua la tête.

— Je ne peux pas fuir éternellement.

À peine avait-elle franchi la porte que la violence s’abattit sur elle.

— Où étais-tu ?! hurla Boursicot, sa voix vibrante de rage. — Tu crois pouvoir m’abandonner comme une merde ?!

Lydia se figea, saisie par la peur. Elle prit une profonde inspiration.

— Boursicot… écoute-moi.

Sa voix tremblait, mais elle tentait de rester droite.

— Je n’avais pas le choix. Je ne pouvais plus supporter cette vie. Les menaces, les coups… j’étouffais.

Mais il s’avança, menaçant.

— Tu crois que je vais te laisser partir après ce que tu m’as fait ?!

Il leva la main. Le coup claqua. Lydia chancela, le goût du sang lui envahissant la bouche. Elle tenta de se redresser, mais il frappait encore. Encore. Encore.

— Tu veux me voler mes enfants ? Tu veux m’humilier ?! C’est ça que tu veux ?!

Ses cris étaient fous, déformés. Il ne parlait plus comme un homme. Il éructait comme un démon blessé.

Lydia s’effondra au sol, le visage tuméfié.

Et alors, Jean entra.

Il avait désobéi. Il avait suivi Lydia, par instinct. Et il vit l’enfer.

Il courut vers elle, la releva doucement.

— Boursicot, arrête ! cria-t-il. Laisse-la tranquille ! Elle n’a rien fait de mal !

Boursicot le fixa, un rictus venimeux sur les lèvres.

— Ah ! Donc c’est ça… Tu te tapes ma femme, hein ?! Vous me prenez pour un con ?

Il éclata d’un rire amer, puis ouvrit un tiroir.

Jean vit l’arme.

— Non… Boursicot, ne fais pas ça…

Mais le canon était déjà pointé.

— Tu crois que je vais vous laisser partir ?! Je vais vous briser tous les deux !

Jean leva les mains, calme en apparence. Mais il avait peur. Une peur pure.

— Boursicot, écoute-moi. Ce n’est pas ce que tu veux. Ce n’est pas toi, ça.

Derrière lui, Lydia se redressait lentement, tremblante.

— Il n’y a rien entre nous ! cria-t-elle. C’est toi qui m’as perdue, avec ta violence !

Mais Boursicot n’écoutait plus. Il n’entendait que ses démons.

— JE VAIS VOUS FAIRE PAYER !

Et alors, dans un éclair de panique, il pressa la détente.

Mais Jean, dans un geste désespéré, s’élança. Le coup partit. Le silence explosa.

Un cri jaillit de la gorge de Lydia.

— Jean, NON !!

Le corps de Jean recula sous l’impact, son bras touché, le sang jaillissant en gouttes chaudes.

Boursicot resta figé, le regard vide. Comme si lui-même n’y croyait pas.

Et dans ce silence, dans cette seconde suspendue, la folie retomba.

Lydia se jeta sur Jean, les larmes aux yeux.

— Jean… reste avec moi… reste…

Le regard de Boursicot se perdit dans le vide. Et pour la première fois… il sembla voir ce qu’il était devenu.

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