44 : Agapatou se retrouve seule

Une minute de lecture

Une affaire de temps

Coule en nous sans prononcer le mot présent.

L'être s'en immobilise l'esprit

Jusqu'à l'expulsion d'un souffle trop tard.

Je prie l’ennui me terrasser sur place avant que ne s’installe l’ivresse des espoirs retenus.

Pars ! Sors de moi !

L’esprit chagrin inonde mes draps tirés carrés comme suaire au cadavre déguisé en ridules guèdes soulignées.

Plus de batailles aux corps mêlés. Plus de cuisses et ventre ouverts.

Peau ma peau s’ivresse de froid. Ne finiras-tu donc jamais, nuit maligne ? À tordre mes doigts, je saigne droit au cœur. En croches où l’empan de ta main mesurait mes pointes érectiles,

J’aimais ces liens étroits, blancs oiseaux passagers,

sculpter mes courbes, façonner nos pleins et déliés, suspendre mes formes fécondes qui auraient dû un jour me voir nourrice.

Plus jamais de rêves pour nous, ni de soupirs à perdre haleine.

Offre-moi, ne serait-ce que le bruit de ton souffle, le mouvement d’un cil, le reflet d’un seul de tes cheveux. Chavirent nos escouades averses, dérivent nos égarements d’humeur. À deux, la soif s’étanchait sans boire lorsque nos regards complices s’ennoblissaient de pensées communes. Qui de toi est nous désormais si tu n’es pas moi ? Les mots dits s’entendent mieux lorsqu’ils sont tus. Ils interprètent nos signes respectifs.

Que ne m’envoies-tu donc pas ton âme légère, flotter sur ma couche,

Transparaître doucement sans attendre ton repos.

Émue je le fus, détruite, je le suis. Même lépreux, laisse-moi baiser les ulcères de ton ombre égarée. Reviennent tes yeux m’accrocher en lambeaux de chair nue.

Musique ta voix, souffle les silences à tenir longtemps. J’étrange affaire, lapide ma peur, ma vie, mon envie va vite trouver une place.

Sors de là ! Même froid, même menu, fragile.

Je t’en prie !

Agresse mes pauvres bras trop faibles aujourd’hui, lorsque je te serre violemment. Je m’en agenouille de rage, vaincue d’impuissance.

Mords-moi encore une fois, les tripes si tu veux.

Pars ! Sors de moi !

Achève-moi de tes yeux.

Surtout, ne me laisse pas en vie.  

Annotations

Vous aimez lire bertrand môgendre ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0