Les enfants du placard

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Le 4, Privet Drive, était une maison comme toutes les autres. Un jardin parfaitement tondu, une allée impeccable, des rideaux toujours tirés au bon moment. Les Dursley faisaient tout pour paraître normaux — et ils y seraient sans doute parvenus, s’ils n’avaient pas eu les Potter dans leur maison.

Pas un, mais deux.

Harry et Louise Potter, jumeaux de bientôt onze ans, vivaient dans le placard sous l’escalier. Enfin, techniquement, ils s’y relayaient. Un jour chacun. Car Vernon Dursley refusait de « gaspiller deux pièces pour deux anomalies ».

Harry était maigre, à lunettes, avec des cheveux noirs en bataille et une cicatrice en forme d’éclair sur le front. Louise lui ressemblait beaucoup, mais ses yeux étaient plus perçants, plus profonds, et sa cicatrice était plus longue, plus rouge, partant du sourcil droit jusqu'à sa joue, comme une lame de feu inversée.

Elle ne parlait presque jamais de sa cicatrice. Mais parfois, en pleine nuit, elle se réveillait en hurlant, le visage en sueur, le regard perdu dans une vision que seul elle semblait voir.

— Encore ce rêve ? murmurait Harry, inquiet.

Louise hocha la tête, sans un mot. Des couloirs sombres. Un rire aigu. Un bébé qui pleure. Une voix qui chuchote son nom.

Les Dursley détestaient Harry, mais ils craignaient Louise.

Elle ne haussait jamais le ton. Elle ne demandait jamais deux fois. Mais quand elle voulait quelque chose, il valait mieux lui donner, car sinon, les ampoules grillaient, la vaisselle se fissurait ou Dudley tombait mystérieusement dans les escaliers.

— Tu es aussi bizarre que tes maudits parents ! crachait Vernon.

— Non, elle est pire, disait Tante Pétunia d’un air nerveux. Elle sait des choses.

Harry n’était pas sûr de ce qu’ils voulaient dire. Mais il savait que Louise pouvait faire des choses qu’il ne pouvait pas faire. Elle lisait beaucoup, retenait tout, et semblait parfois deviner ce que les gens allaient dire.

Un jour, Dudley avait essayé de la frapper avec un ballon de foot. Le ballon avait explosé en plein vol, sans que Louise bouge un doigt. Depuis, Dudley ne l’approchait plus.

Le 31 juillet arriva comme un souffle oublié.

Harry se leva le premier. Le placard était étroit mais familier. Il se frotta les yeux, enfila sa vieille chemise trouée et sortit.

Louise dormait encore, recroquevillée dans la minuscule couchette du fond du placard. Sa respiration était calme, mais ses doigts étaient crispés autour d’un vieux cahier abîmé, dans lequel elle notait ses rêves, ses questions, ses pensées étranges.

— Réveille-toi, murmura Harry. On doit préparer le petit déjeuner.

Louise ouvrit les yeux, lentement.
— C’est aujourd’hui, dit-elle.

— Quoi ?

Elle le regarda avec un sourire discret.
— Notre anniversaire.

Mais bien sûr, les Dursley ne leur souhaitèrent rien. Dudley reçut une montre neuve, une console de jeux, et un vélo tout-terrain. Louise reçut une corvée supplémentaire : nettoyer les vitres. Harry eut droit au jardin.

Ils ne dirent rien. Ils avaient l’habitude d’être invisibles.

Tout changea le lendemain.

Vernon entra furieux dans la cuisine, tenant une lettre à la main.

— C’est quoi encore cette FOUTUE HISTOIRE ?!

Harry sursauta. Louise leva les yeux. Vernon jeta la lettre sur la table.

— Pour vous deux, grogna-t-il. Avec vos noms. Et votre fichu placard comme adresse !

Louise s’approcha. Harry lut à haute voix :

Mr. H. Potter & Miss L. Potter
Placard sous l’escalier
4, Privet Drive
Little Whinging, Surrey

Ils échangèrent un regard. Le cœur battant. Une lettre… pour eux ? Pour les deux ? Et envoyée par quelqu’un qui savait exactement où ils vivaient ?

Vernon déchira la lettre avant qu’ils n’aient le temps de l’ouvrir.

— Vous n’irez nulle part. Vous resterez ici, et je jure devant Dieu que je vous arracherai la magie du sang s’il le faut !

Mais les lettres ne cessèrent d’arriver.

Par dizaines. Par centaines. Sous la porte, dans la cheminée, dans les œufs du petit déjeuner. Harry et Louise couraient partout pour essayer d’en attraper une. Louise en effleura une du bout des doigts, mais Vernon la saisit en premier, la réduisant en lambeaux.

Chaque nuit, Louise écrivait dans son cahier :

Quelqu’un sait que nous existons.
Quelqu’un nous cherche.
Et je crois… que je le connais déjà.

Vernon perdit la tête. Il empila les bagages. Fit monter tout le monde dans la voiture. Et les emmena le plus loin possible.

Une île. Une cabane. Une tempête. Le silence.

Louise s’assit dans un coin, les bras autour des genoux, regardant la mer déchaînée.

— Il va venir, dit-elle.

— Qui ça ? demanda Harry.

Elle tourna lentement les yeux vers lui.

— Celui qui a envoyé les lettres. Celui qui connaît notre nom. Celui qui attendait qu’on ait onze ans.

Harry frissonna.

À minuit, une poigne fracassa la porte.

À suivre...

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