Le chemin de Traverse
Le lendemain matin, la ville de Londres paraissait bien terne à côté de ce qui attendait Harry et Louise Potter.
Assis côte à côte sur la banquette d’un train local, les jumeaux observaient la silhouette massive de Hagrid occupé à lire un journal… dont les images bougeaient.
Harry jetait des regards curieux à tout : les passants, les devantures, le ticket étrange dans sa main.
Mais Louise, elle, regardait droit devant elle, en silence.
— Tu n’as pas l’air surprise, dit doucement Harry.
— Je crois que je l’ai toujours su, répondit-elle. Pas comme une certitude… mais comme une sensation. Comme si j’attendais de rentrer chez moi.
Hagrid replia son journal — La Gazette du Sorcier — et sourit à pleine dents.
— Ça va vous changer du placard sous l’escalier, hein ? Allons chercher d’abord vos affaires. Direction : le Chemin de Traverse.
Ils s’arrêtèrent dans une ruelle derrière un vieux pub miteux — Le Chaudron Baveur.
Louise observa les lieux sans rien dire. Elle frissonna un peu. Pas de peur, mais d’excitation.
À l’intérieur, les clients s’arrêtèrent net à leur entrée. Un silence pesant s’installa. Des murmures suivirent.
— C’est lui… c’est Harry Potter…
— Et regarde… c’est elle… Louise Potter…
Une vieille sorcière s’approcha.
— On pensait que c’était une légende, souffla-t-elle. Cette cicatrice…
Louise resta droite. Elle ne détourna pas le regard. Elle n’était ni fière, ni gênée. Juste… présente.
Hagrid tapota la tête d’un enfant qui trébuchait devant eux, puis mena les jumeaux vers la cour.
Il sortit son parapluie rose, le pointa vers un mur de brique, et tapa quelques pierres.
Le mur s’anima, se déplia, et révéla une rue vivante, colorée, étrange : le Chemin de Traverse.
Harry resta bouche bée.
Louise… sourit pour la première fois depuis longtemps.
Ils passèrent chez Madame Guipure, où Louise essaya sa robe noire d’élève en silence. Une jeune fille à côté d’elle — une certaine Millicent Bulstrode — l’observait du coin de l’œil, un peu tendue.
— C’est vrai que tu es plus puissante que ton frère ? demanda-t-elle brusquement.
Louise haussa les épaules.
— Je ne sais pas. Il est plus courageux. Moi je suis… autre chose.
Chez Fleury & Bott, elle prit tous ses livres sans discuter, feuilletant déjà celui de Sortilèges avancés avec intérêt. Harry, lui, cherchait encore la différence entre un chaudron en étain et en cuivre.
Louise avait l’air de savoir exactement où poser les yeux.
Elle choisit une chouette effraie toute blanche aux yeux dorés.
— Elle s’appelle Nyx, déclara-t-elle.
Hagrid hocha la tête d’un air satisfait.
— Excellent choix.
Mais ce fut chez Ollivander, le fabricant de baguettes, que les choses changèrent.
Le vieux monsieur aux yeux pâles sembla retenir son souffle quand Louise entra.
— Ah… miss Potter. Je me souviens très bien de votre mère. Une sorcière au talent rare. Et vous… vous avez quelque chose… d’inhabituel.
Il la fit essayer plusieurs baguettes. Rien ne réagissait.
Puis, il ouvrit un tiroir poussiéreux, très bas.
— Bois d’ébène. Plume de phénix. 11 pouces et quart. Très rigide.
Louise saisit la baguette.
Un souffle chaud parcourut la pièce. Les étagères frémirent. Une lumière pâle jaillit autour d’elle, comme si la magie la reconnaissait.
Ollivander cligna lentement des yeux.
— Curieux… très curieux…
— Pourquoi ? demanda Hagrid.
— Parce que… cette baguette est sœur de celle qui a laissé une autre cicatrice.
Il jeta un coup d’œil à Harry, puis à Louise. Il s’inclina doucement.
— Soyez prudente, miss Potter.
Louise resta silencieuse, la baguette dans la main, parfaitement calme.
Chez Gringotts, la banque des sorciers, Harry découvrit son coffre rempli de pièces d’or.
Mais quand le gobelin ouvrit le deuxième coffre, au nom de Louise Potter, Hagrid haussa les sourcils.
— C’est pas normal d’avoir deux coffres séparés pour des jumeaux…
Louise s’avança. Le coffre était plus petit… mais à l’intérieur se trouvait, posé seul, un médaillon noir et argent, aux reflets changeants.
— C’est à moi ? demanda-t-elle.
— Apparemment, oui, dit le gobelin d’un ton neutre.
Elle le prit. Il vibra au contact de sa peau. Puis elle le rangea dans sa poche, sans poser de question.
Quand ils sortirent, chargés de paquets, Hagrid les mena jusqu’à un banc au bord de la rivière.
— Vous avez un mois pour vous préparer, dit-il. Le train partira du quai neuf trois quarts, à la gare de King's Cross.
Harry, épuisé mais heureux, leva les yeux vers le ciel.
Louise, elle, tenait toujours le médaillon dans sa poche. Il battait doucement contre sa paume, comme un cœur lointain.
Mais elle ne dit rien.
Elle regarda Londres. Et pour la première fois, se dit que sa vie allait enfin commencer.
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