Premiers cours de potions
Le lendemain matin, le château était encore embrumé lorsque Louise Potter descendit dans les cachots pour son tout premier cours de potions.
Les torches jetaient des ombres longues sur les murs humides, et une odeur de soufre et de racines trempées flottait déjà dans l’air. Les élèves de Serpentard s’installèrent avec l’assurance de ceux qui considéraient ce lieu comme leur territoire.
Louise, elle, avançait sans hâte.
Calme.
Ses yeux analysaient tout.
Mais lorsqu’elle franchit le seuil de la salle, elle s’arrêta une demi-seconde.
Les Gryffondor étaient déjà là.
Et Harry.
Assis au fond, avec Ron Weasley à sa droite.
Un moment de flottement passa entre les jumeaux Potter. Un échange muet. Louise ne sourit pas, ne s’approcha pas.
Elle alla s’asseoir à l’extrême gauche.
La porte claqua derrière eux.
Le professeur Rogue entra en silence, sa robe flottant derrière lui comme un souffle noir. Il s’avança jusqu’à son bureau, les mains jointes dans le dos.
— Bienvenue en potions, dit-il d’une voix douce… et menaçante.
Il dévisagea la classe d’un regard froid. Mais lorsqu’il passa devant Louise, son regard ralentit, s’attarda… puis glissa sans commentaire.
Harry, lui, eut droit à une œillade nettement plus froide.
— Potions est une branche subtile de la magie, dit Rogue en tournant lentement dans la pièce. Peu de baguettes agitées ici. Mais ceux d’entre vous qui ont l’œil… l’esprit aiguisé… et l’ambition, trouveront dans cet art une puissance rare.
Il s’arrêta net.
— Aujourd’hui, vous travaillerez en binômes. Et pour éviter les tricheries… ou les alliances inutiles, les paires seront tirées au sort.
Un murmure parcourut la classe.
Drago Malefoy redressa la tête, visiblement prêt à se retrouver avec Louise.
Mais Rogue déroula une longue liste enchantée. Les noms s’illuminèrent en binômes dans l’air.
— Greengrass et Finnigan… Nott et Thomas… Malefoy et Granger…
Drago grinça des dents.
— …et enfin… Louise Potter et Ron Weasley.
Un silence s’abattit dans la salle.
Harry releva brusquement la tête.
Ron, lui, faillit faire tomber sa plume.
— Moi ? Avec Louise ? C’est… enfin… super ! bredouilla-t-il, cramoisi d’excitation.
Louise leva lentement les yeux au ciel.
Elle se leva sans un mot, et traversa la pièce.
Le chaudron entre eux fumait déjà d’un voile bleu pâle.
— Salut, dit Ron avec un sourire nerveux. Euh… tu veux… que je lise la recette ?
Louise le regarda une seconde, puis prit le parchemin.
— Je vais m’occuper des mesures. Coupe les racines, pas trop fin. Et évite de te couper toi-même.
Ron obéit aussitôt, bien que maladroitement.
Mais très vite, Louise prit le dessus. Elle dosait les ingrédients avec une précision troublante.
Ses gestes étaient fluides, instinctifs.
Comme si elle sentait la potion réagir avant même qu’elle n’émette une bulle.
Même Rogue, en silence, observait.
Il passa derrière plusieurs chaudrons, lança des commentaires secs, puis s’arrêta derrière celui de Louise et Ron.
Il se pencha. Huma.
— Parfaitement infusé, dit-il lentement, presque à contrecœur. Miss Potter… continuez ainsi.
Ron gonfla la poitrine.
Louise, elle, resta droite, sans un sourire.
Mais elle nota : Drago, à l’autre bout de la pièce, les observait d’un regard noir.
À la fin de l’heure, Rogue fit léviter la meilleure potion — celle de Louise — jusqu’à son bureau.
— Exemplaire.
Un murmure parcourut la salle.
Ron semblait prêt à lui proposer de s’asseoir ensemble au déjeuner, mais Louise s’éloigna d’un pas rapide. Elle rejoignit les Serpentard sans un mot.
Et Drago, déjà appuyé contre le mur à la sortie, l’arrêta net du regard.
— Tu t’es bien amusée avec Weasley ?
Elle leva un sourcil.
— Je l’ai laissé couper les racines. Il n’a rien fait exploser. On peut dire que c’est un bon début.
Drago serra la mâchoire.
— Il te colle déjà. C’est pathétique.
Louise s’arrêta. Le regarda droit dans les yeux.
— Tu es jaloux ?
Il ne répondit pas.
Mais son silence était bruyant.
Louise tourna les talons, le laissant là, dans le couloir sombre.
Elle ne souriait pas.
Mais au fond d’elle… quelque chose l’amusait.
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