Le vol sur balai
Le ciel était clair ce matin-là, et un vent léger caressait les pelouses de Poudlard. Louise Potter, droite dans sa tenue de vol, se tenait aux côtés des élèves de première année. Leur tout premier cours de balai allait commencer.
Les Gryffondor étaient également présents, un peu plus bruyants, impatients. Harry était là, aux côtés de Ron, et échangea un bref regard avec Louise. Depuis leur répartition, peu de mots avaient été échangés entre eux. Aucun conflit, mais une distance étrange, naturelle presque.
— Les balais sont là, annonça Madame Bibine en arrivant, son sifflet à la main. Les Gryffondor à gauche, les Serpentard à droite. Alignez-vous.
Les élèves obéirent rapidement. Louise posa une main souple sur le manche de son balai, l’observant comme s’il pouvait lui parler. Fragile, nerveux, mais prometteur. Elle sentit qu’il réagirait bien.
— Debout ! lança Madame Bibine.
Son balai sauta immédiatement dans sa main. Un geste net. Sans effort. Elle resta calme, mais autour d’elle, plusieurs élèves la regardèrent avec surprise. Même les plus sceptiques ne purent nier que son geste avait été parfait.
La leçon commença, les instructions furent données. Mais à peine le premier vol débuté que Neville Londubat perdit le contrôle de son balai. Il décolla brusquement, tourna en spirale maladroite, avant d’être éjecté dans les airs. Il tomba lourdement sur le sol, en criant.
Un silence tendu s’installa. Madame Bibine accourut immédiatement et l’examina.
— Bras cassé. Je l’emmène à l’infirmerie. Et je ne veux voir aucun de vous toucher à un balai pendant mon absence. Est-ce clair ?
Tous acquiescèrent en silence. Mais à peine la professeure disparue au coin de la pelouse, que Drago Malefoy s’avança d’un pas souple vers un objet tombé de la poche de Neville : une petite boule de verre rouge.
— Oh, regardez ça… souffla-t-il avec un sourire. Un Rapeltout. Il va l’oublier, évidemment.
Ron fronça les sourcils.
— C’est à Neville. Rends-le.
— Pourquoi ? Il n’en a plus besoin. Il est parti pleurer à l’infirmerie.
— Rends-le, répéta Harry en avançant.
— Ou quoi ? Tu vas venir me le prendre ? tenta Drago, amusé.
Harry s’avança d’un pas. Louise, de son côté, n’avait pas bougé, mais elle observait. Elle sentait quelque chose approcher.
Alors Drago, avec un sourire narquois, lança le Rapeltout haut dans les airs.
— Attrape-le, si tu peux, Potter !
Harry s’élança aussitôt sur son balai, la mâchoire serrée, déterminé.
Mais une ombre passa juste devant lui.
Louise.
Elle n’avait rien dit, pas crié, pas réfléchi. Elle avait simplement agi.
Elle grimpa rapidement, puis piqua. Un plongeon droit, tranchant, silencieux. À plus de dix-sept mètres de hauteur, son balai fendait l’air comme une flèche. Le Rapeltout virevoltait à mi-course, prêt à s’écraser.
Louise tendit le bras. Sa main se referma sur la sphère.
Et elle redressa son balai, avec une grâce presque irréelle, frôlant l’herbe dans un léger souffle. Elle se posa sans un bruit, sans une égratignure. Sa robe légèrement agitée par le vent, ses yeux fixés devant elle. Elle n’avait pas besoin de triompher.
Harry se posa quelques secondes plus tard, dans une réception contrôlée. Une belle manœuvre, impressionnante pour un débutant. Plusieurs élèves, y compris chez les Serpentard, murmurèrent entre eux.
Mais ce fut la voix ferme du professeur McGonagall qui perça le silence.
— Miss Potter. Monsieur Potter. Avec moi.
Les élèves s’écartèrent, interloqués. Drago, figé sur place, regardait Louise avec un mélange d’émerveillement et de frustration. Il n’avait pas prévu ça. Personne ne l’avait prévu.
Louise et Harry suivirent McGonagall dans les couloirs du château. Ni l’un ni l’autre ne parlait. Leurs pas résonnaient entre les murs de pierre fraîche.
Ils furent conduits dans une salle où un élève plus âgé, large d’épaules et les yeux brillants d’impatience, les attendait.
— Olivier Dubois, voici Harry Potter, dit McGonagall. Et elle, ajouta-t-elle en désignant Louise, est dans une autre maison. Mais je pense que vous comprendrez vite pourquoi je l’ai amenée.
Olivier restait bouche bée.
— Les deux à la fois ? Ils sont frère et sœur ?
— Pas de question maintenant, reprit McGonagall. Je vous laisse gérer votre côté, Monsieur Dubois. Harry, restez ici.
Louise, elle, fut conduite plus loin, vers une autre aile du château. Les pierres y étaient plus sombres, le silence plus épais. Au bout du couloir, un autre élève les attendait. Grand, bâti comme une armoire, les bras croisés.
— Marcus Flint, capitaine de l’équipe de Serpentard. Je vous présente votre nouvelle attrapeuse.
Flint la regarda, sceptique.
— C’est elle ? Une première année ?
— Un piqué de dix-sept mètres, balai redressé au ras du sol, aucun dégât, aucun cri, dit McGonagall d’une voix nette. Elle a rattrapé un objet lancé à pleine vitesse. Je pense que vous n’aurez aucun mal à lui faire une place.
Flint se rapprocha de Louise. Il la détailla, lentement.
— Demain matin. À l’aube. Terrain de Quidditch. Si tu voles comme on me l’a dit… on ne va pas attendre Noël pour t’intégrer.
Louise inclina simplement la tête.
— D’accord.
Le soir même, la rumeur s’était déjà répandue dans les quatre maisons.
Deux Potter. Deux premières années. Deux prodiges du balai. Et deux attrapeurs potentiels.
Dans la salle commune des Serpentard, Louise était restée silencieuse. Assise face aux vitres du lac, elle tenait encore le Rapeltout dans sa main. Elle l’observait tourner doucement entre ses doigts.
Autour d’elle, on parlait. On murmurait.
Mais elle, elle pensait au ciel, à la sensation du vent sur son visage, à la vitesse, à cette clarté qu’elle n’avait jamais ressentie ailleurs.
Dans l’ombre du salon, Drago Malefoy la fixait. Longtemps. Sans un mot.
Et pour la première fois… il ne savait plus très bien s’il avait envie de la féliciter, ou de la défier.
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