L'entrainement
Le ciel était encore gris d’aube quand Louise sortit du château, son balai sur l’épaule. Le sol était couvert de rosée, et le parc semblait désert. Seul le grondement lointain du lac noir rompait le silence.
Elle atteignit le terrain de Quidditch quelques minutes avant l’heure. Les anneaux dorés se découpaient dans le ciel voilé, immobiles et majestueux. C’était la première fois qu’elle s’y tenait seule.
Mais elle ne resta pas seule longtemps.
Un sifflement fendit l’air. Marcus Flint arrivait, suivi des autres joueurs de l’équipe de Serpentard. Tous plus âgés qu’elle. Tous armés de balais Nimbus dernier cri. Elle ne connaissait encore aucun de leurs noms, mais sentait déjà la méfiance dans leurs regards.
— Voilà la gamine, grogna Flint. La fameuse prodige.
Il s’arrêta face à elle.
— Bien. C’est pas le moment de rêvasser. Tu veux ta place ? Tu la gagnes.
Louise hocha la tête. Aucun mot inutile.
— On commence par un test de vol simple. Ensuite, tu chasses une fausse Vif d’Or. Et si tu tiens le choc, on voit ce que tu vaux en opposition.
Ils décollèrent ensemble. Le vent était plus fort en altitude, mais Louise le sentit presque avec plaisir. Son balai était léger, nerveux, mais elle le maîtrisait comme si elle était née dessus.
Flint l’observa, d’abord sceptique.
Puis, au bout de cinq minutes, il ne disait plus rien.
Elle filait entre les anneaux, virait sans perdre de vitesse, montait en chandelle sans trembler. Une fois, elle exécuta une descente serrée, puis une rotation sèche avant de revenir à l’horizontale. Le reste de l’équipe la regardait, bouche close.
— Bien, grogna Flint en redescendant. On va voir si tu sais aussi attraper.
Il sortit une minuscule sphère dorée, la secoua, puis la lâcha dans les airs. La Vif d’Or partit à toute vitesse.
— Tu as deux minutes.
Louise n’attendit pas le top. Elle monta d’un coup, balaya le ciel du regard. Elle ne cherchait pas avec ses yeux. Elle écoutait l’air. Comme si la Vif faisait vibrer l’espace autour d’elle.
Elle vira brusquement à droite, piqua. La Vif apparut juste sous son nez, effleurant le bout de ses doigts. Elle se retourna brutalement, décrivit une boucle folle… puis tendit la main.
Attrapée.
En une minute trente.
Lorsqu’elle se posa, Flint la fixait sans un mot. Les autres joueurs aussi.
— Tu sais garder le silence, au moins, grogna-t-il enfin. Ça changera des gémissements de l’autre abruti de l’an dernier.
Un ricanement s’éleva dans l’équipe. Louise rangea la Vif d’Or sans un mot.
— Demain, dit Flint. Entraînement complet. Opposition contre les poursuiveurs. Et prépare-toi. Tu joues dans dix jours contre Gryffondor.
Louise hocha la tête.
Alors que les autres redescendaient vers les vestiaires, elle s’attarda quelques secondes au bord du terrain. Le vent frais agitait doucement l’herbe.
Elle ferma les yeux.
Elle n’avait pas besoin qu’on l’applaudisse. Elle n’avait pas besoin d’être célèbre.
Elle voulait voler.
Et elle savait, maintenant, qu’elle était faite pour ça.
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