Après le match
Le château bourdonnait d’excitation.
Dans les couloirs, les élèves commentaient encore le match, leurs voix mêlant admiration, étonnement, jalousie parfois. Mais toutes les phrases revenaient à un seul nom : Louise Potter.
Certains disaient qu’elle avait lancé son balai comme une furie contrôlée. D’autres racontaient, les yeux ronds, qu’elle avait fait une figure digne d’un joueur professionnel avant de saisir la Vif. Même ceux qui ne l’aimaient pas ne pouvaient nier son talent.
— Et cette vrille en plein ciel ! s’exclama un élève de Poufsouffle dans un couloir. J’ai cru qu’elle allait se cracher !
— Elle a redressé comme si c’était facile, répondit une fille de Serdaigle. J’ai jamais vu ça…
Dans la salle commune de Serpentard, l’ambiance était à la fête. Louise, assise dans un coin, se contentait de sourire, un peu submergée. Elle répondait aux félicitations, mais sans chercher à se mettre en avant.
Marcus Flint passa derrière elle en grognant :
— On a bien fait de te mettre sur un balai. T’as pas l’air d’une première année, Potter. Bon boulot.
À l’écart, Drago Malefoy l’observait.
Il était venu lui parler après le match, mais s’était arrêté en voyant Ron Weasley s’approcher.
Ron paraissait un peu hésitant, mais son sourire était sincère.
— Bravo, Louise. C’était… t’étais vraiment incroyable. J’veux dire, je savais que t’étais forte, mais là… wow. Même Harry était impressionné.
Louise sourit, presque gênée.
— Merci, Ron. C’est gentil. Et toi, tu encourages bien.
Ron éclata de rire.
— J’essaie ! En tout cas, j’crois que tout le monde te respecte maintenant. Même les Serdaigles parlent de toi.
Drago, à quelques pas, serra la mâchoire. Son regard passait de Ron à Louise, glacé. Il détourna les yeux quand elle tourna la tête.
Louise, elle, ne remarqua rien.
Quelques minutes plus tard, fatiguée par le bruit, elle se leva doucement.
— Je vais prendre l’air, murmura-t-elle à une camarade.
Et elle sortit.
Personne ne la suivit.
Du moins, c’est ce qu’elle croyait.
Louise errait dans les couloirs tranquilles. Les torches jetaient sur les murs des ombres dansantes. Elle monta un escalier en colimaçon, passa devant une armure grinçante, et s’arrêta près d’une fenêtre où le clair de lune se posait.
Elle inspira.
Le silence lui faisait du bien.
— Louise.
Elle se retourna.
Drago se tenait là, essoufflé, ses cheveux blonds un peu en désordre. Il l’avait suivie. Il paraissait nerveux, presque mal à l’aise.
— Je voulais te parler, dit-il simplement.
Louise le regarda avec surprise.
— À propos du match ?
Il hocha la tête.
— Oui. Enfin… pas que. C’était impressionnant. Ce que tu as fait. J’avais jamais vu quelqu’un voler comme ça, même chez les joueurs pro.
Louise plissa les yeux, amusée.
— Tu veux dire, « même chez les Malefoy » ?
Il sourit malgré lui.
— Non. Je veux dire… tu m’as coupé le souffle.
Il s’interrompit. Son regard évita le sien.
— Et ensuite, quand Weasley t’a félicitée, j’ai… j’ai trouvé ça agaçant. Je sais pas pourquoi.
Louise croisa les bras, intriguée.
— Tu es jaloux de Ron ?
— Non ! Enfin… peut-être. Ce n’est pas que je l’envie. C’est juste que… il n’a rien fait. Il comprend rien à ce que tu es, à qui tu es. Et pourtant, tu lui souris. Comme si c’était lui qui comptait.
Elle cligna des yeux, surprise.
— Tu penses que je devrais t’écouter toi, à la place ?
Drago baissa la tête.
— Non. Pas forcément. Mais j’aimerais comprendre pourquoi ça m’énerve autant de te voir lui sourire.
Un silence étrange tomba.
Louise ouvrit la bouche pour répondre… mais n’en trouva pas les mots.
— Bonne nuit, Malefoy, dit-elle doucement.
Et elle repartit, le cœur plus lourd qu’elle ne l’aurait cru.
Drago la regarda disparaître dans l’ombre, sans bouger.
Ce soir-là, dans le dortoir des garçons de Serpentard, Drago resta éveillé longtemps, les yeux grands ouverts, fixant le plafond.
Il ne comprenait pas tout ce qu’il ressentait.
Mais une chose était sûre :
Il n’aimait pas quand quelqu’un d’autre faisait sourire Louise.
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