Chapitre 36

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- Je savais que tu viendrais de ton plein gré. Si tu te rends immédiatement, ton jeune ami ne sera pas tué. Mais si tu décides d'attaquer, je devrais les autoriser à le tuer.


Le sorcier sortit de l'ombre de l'arbre derrière lequel il s'était dissimulé. Iris vit immédiatement qu'il n'était pas seul. Tout autour d'elle, plusieurs silhouettes apparurent au milieu du brouillard. Ils semblaient même que leur corps en était constitué. Les sorciers étaient une dizaine à présent formant un cercle autour d'elle et de l'arbre dans lequel Al attendait toujours un signe de sa part. Iris n'arrivait pas à comprendre comment ils avaient pu leur tendre un tel piège. Malgré la prudence dont ils avaient fait preuve, une dizaine de leur ennemi étaient à présent devant elle prêt à les tuer. Elle était coincée, prise au piège entres plusieurs décisions. Si jamais Al prenait conscience du nombre d'ennemis, il risquait d'être terrifié et d'agir sans réfléchir. Mais voulait-elle vraiment se rendre sans se battre en rompant la promesse qu'elle avait faite à toute l'équipe ? Non, elle n'avait pas peur d'eux et de leur menace. Surtout, elle avait confiance en son camarade. Ils allaient s'en sortir.


- Vous pouvez toujours attendre ! Déclara-t-elle d'une voix calme avant de secouer la corde une fois sèchement. Elle se sentit aussitôt propulser dans les airs par son équipier. C'était le signal de repli d'urgence. Une fois les pieds sur la plate-forme en bois, elle enflamma sa flèche et Al fit de même comprenant immédiatement la situation.

- Combien de volontaire pour le flambage ? Demanda-t-il en tentant de cacher son inquiétude.

Elle lui indiqua de le suivre pour rebrousser chemin sur les ponts. Il fallait qu'ils prennent de la distance pour avoir le temps de réagir.


- au moins dix de visibles, celui qui parle... il est là. Il n'est pas mort.


Elle s'accroupit quelques secondes pour reprendre ses esprits et tenter de réorganiser ses pensées. Il fallait qu'elle soit pragmatique pour sortir de cette situation.

- Nous allons prévenir les autres, il faut allumer le feu d'alerte, décida en voyant sa camarade perdre pied. Une fois le reste de l'équipe prévenu, les renforts ne mettrait qu'une quinzaine de minutes à arriver. Il leur faudrait tenir contre l'ennemi ce temps-là.

Il s'approcha d'une vasque en terre cuite de laquelle dépassait un bout de corde. En frottant sa pierre à feu, une étincelle vint enflammer la corde. Un petit feu commença à prendre vie au milieu de la vasque, puis à l'autre bout du pont un deuxième feu s'alluma. Ainsi de suite, les flammes éclairèrent le chemin qu'ils venaient de parcourir. C'était Louis qui avait décidé d'améliorer le système d'alerte. Les cordes étaient imprégnées de poudre s'enflamment juste suffisamment pour allumer des petits fagots de bois recouvert d'huile. À chaque flambeau allumé, une nouvelle corde s'enflammait. Ainsi un signal pouvait être envoyé sur plusieurs kilomètres jusqu'à ce qu'un officier l'intercepte et éteigne sa corde.

- Nous avons plusieurs minutes à tenir en restant en vie. Je ne pense pas que rester statique nous aidera, il faut que nous changions de position.


Le jeune homme se dirigea vers son amie pour la secouer, elle s'écarta aussitôt évitant tout contact. Une idée venait de germer dans son esprit.

- Tu as raison, mais nous allons nous servir du brouillard pour les prendre par surprise. Si nous les attaquons un part un à deux, nous aurons l'avantage.


Al acquiesça, il ne souhaitait de toute façon pas attendre que les sorciers viennent les cueillir sur leur arbre. Ils prirent la décision rapide de descendre de la plate-forme à 100 mètre des sorciers avant de revenir vers eux en silence. Ils n'avaient aucune visibilité, mais en marchant dos contre dos, ils pouvaient voir de prêt devant eux et derrière eux.


- Garde l'œil ouvert, Iris, c'est pas le moment de roupiller, grommela Al en marchant doucement. Sa camarade ricana en silence avant de répondre.

- On va y arriver, Al. Je te le promets.

Une première silhouette apparue dans leur champ de vision. Le sorcier n'eut pas le temps de se retourner qu'Iris planta son couteau dans sa tête le laissant pour mort. Elle observa juste quelques secondes le visage sans expression de sa victime. Il s'agissait d'une femme, sa chevelure était la même que les autres sorciers, mais les traits de son visage étaient beaucoup plus fins. Elle s'attarda quelques secondes sur ses yeux. Même dans la mort, ils arboraient une expression, qui intrigua la jeune femme. Son regard était livide, terrifié. Une émotion qu'ils partageaient avec les humains. Elle se souvenait vaguement du sorcier, ayant tué Gabriel. Son regard une fois mort était vide et son sourire glaçant. Elle fit rapidement un lien dans son esprit, se rappelant sa vision. Le sorcier parlant était différent des autres, le fait qu'il ne soit pas mort malgré une lame dans sa tête était une première preuve évidente.

- On n’a pas le temps de réfléchir Iris, avance ! Chuchota Al en la poussant de l'épaule pour qu'elle avance. Elle hocha la tête avant de délaisser le corps de la sorcière. Ils avaient encore beaucoup de travail avant d'être en sécurité. Ils n'eurent aucun mal à tuer plusieurs autres sorciers avançant toujours avec discrétion dans la brume. Les corps s'écroulaient sans vie, sous les coups de leurs lames. Mais quelque chose clochait, bien qu'ils arrivent à avancer, Al ne comprenait pas pourquoi les sorciers ne répliquaient pas.


- c'est le dixième qui tombe sans bouger, ce n'est pas normal, dit-il à voix basse alors qu'un dixième sorcier vint s'écrouler à ses pieds.


- Je suis d'accord, rien n'est aussi facile. D'ailleurs le brouillard n'est toujours pas tombé. Le sorcier en étant la cause est toujours en vie... restons sur nos gardes.

Iris sentit l'agitation de son camarade, mais il tenta de rester concentrer malgré le danger. Ils n'étaient pas dans une posture avantageuse, et ce, même s'ils avaient déjà tué dix de leurs ennemis. Un danger plus grand semblait se profaner devant eux. Ils continuèrent d'avancer en silence, veillant à éviter les épaisses racines des arbres, ainsi que les rochers sur le sol. Le brouillard était de plus en plus dense, la jeune femme ne voyait même plus le bout de ses bottes.


- J'espère que les autres vont bientôt arriver...


- Il ne reste plus que quelques minutes à tenir.

Al hocha la tête avant de recentrer sa vigilance sur le paysage. Plus aucun sorcier ne semblait se trouver autour de son champ de vision. Il lança une flemme enflammée pour révéler d'éventuelle ombres cachées. Rien n'apparu appart la silhouette imposante de la forêt autour d'eux.

- Plus personne de ce côté, et toi ?

Son amie dos contre lui ne répondit pas. Il tourna sa tête une seconde pour vérifier qu'elle allait bien. Ses yeux étaient grands ouverts, ses lèvres tremblaient légèrement. Il lui donna de nouveau un petit coup avec son coude.

- Iris ?

- Il est dans ma tête, Al.

En effet, elle le voyait et l'entendait clairement dans son esprit. Sa voix était si claire et limpide qu'elle avait l'impression qu'il se trouvait à côté d'elle.


- Je vois que tu préfères protéger ta vie que celle de ton ami. Tu as raison après tout, elle est bien plus précieuse.


- C'est faux ! Cria-t-elle soudainement en se tournant pour trouver son interlocuteur. Il n'y avait que la lueur blanche du brouillard les engloutissant petit à petit. Al la dévisagea, ses yeux étaient écarquillés, mais elle tentait de garder son sang froid.

- Ne l'écoute pas Iris, dit-il en se permettant un geste en sa direction.

Sa main lâcha son arc une seconde pour toucher l'épaule de sa camarade. Elle ne recula pas au contraire, elle avait besoin de ce contact pour garder du lien avec elle-même. Son geste lui permit de se recentrer immédiatement pour séparer ses pensées de celles du sorcier.

-La vérité ou le mensonge...quelle belle idée inventée par les humains pour séparer le bien du mal. Je ne cherche pas à te mentir, j'énonce les faits tels qu'ils sont. Tu ne t'es pas rendu, ce jeune homme va mourir et tu pourras assister à cela. Mais tu aurais pu aussi l'éviter. Ton temps est à présent écoulé, ma chère Iris.

Elle sentit ses bras la brûler, ses gants devinrent moitié désignant à la jeune femme qu'elle saignait. Il l'attaquait pour l'empêcher de se défendre, mais elle ne le laisserait pas faire.

- Vous ne pouvez rien faire ! Nous avons tué tous vos alliés.


- Iris ! Concentre-toi sur moi, ne l'écoute pas ! Gronda son ami en la secouant de nouveau. Mais elle était hors d'elle, personne ne pouvait menacer sa famille ainsi. La colère qui brûlait en elle se réveilla agitant les battements de son cœur. Elle ferma les yeux une seconde pour se concentrer. L'énergie inconnue qui contrôlait ses pensées étaient toujours tout autour d'eux. Elle pouvait comme sentir sa présence à seulement quelques mètres d'eux. Une intuition lui dit de regarder sur sa gauche. Elle sortit son arc, sa flèche s'enflamma presque immédiatement sous le regard surpris de son camarade. Elle tira, révélant à l'endroit où elle l'avait senti la silhouette d'un sorcier. Sa flèche l'approcha à une vitesse très puissante.


- Comment as-tu fait cela ?

Iris ne répondit rien, elle restait concentrée sur sa flèche. Le sorcier aussi la regardait, il ne bougea pourtant pas levant simplement sa main. En un instant, il l'arrêta sans le moindre effort éteignant les flammes entres ses doigts griffus. Il prit le temps de l'observer avant d'offrir un large sourire à ses assaillants. Al recula aussitôt entraînant la jeune femme avec lui.


- Il l'a arrêté, déclara-t-elle, nous devons nous mettre à l'abri.

C'était aussi l'avis d’Al, mais il ne bougea pas, elle vit immédiatement qu'il semblait pétrifié. Iris savait pourquoi, mais elle préféra ignorer la cause pour le moment. Elle devait protéger son ami, elle le tira donc par la main pour l'entraîner vers l'échelle en bois. Une fois qu'ils furent en sécurité en hauteur, Al s'appuya sur l'arbre.


- Tu.. Tu as enflammé la flèche sans utiliser ta pierre et... et... tu savais où était le sorcier... comment ?

- Je ne sais pas Al, nous devons rester concentrés sur notre objectif... survivre.

Elle se pencha au-dessus de la barrière pour regarder le sorcier. Il n'avait toujours pas bougé, mais son regard était braqué sur elle. Il arborait des cheveux mi-long légèrement ébouriffé, encadrant un visage mince et pâle. Elle avait encore cette impression, celle de le connaître. Elle se recula ne pouvant supporter de voir son sourire malicieux une seconde de plus. Al avait raison, comment avait-elle pu agir ainsi ? Elle n'avait même pas eu l'impression de contrôler ces gestes, elle avait agi par instinct seulement. Les mots du Capitaine Evan raisonnèrent dans son esprit. Soudain, elle commençait à trouver son idée bien moins ridicule. Après tout elle était la seule à entendre les sorciers... était-elle comme eux ? Avait-elle un pouvoir ? C'était impossible et pourtant... la cohérence de cette idée se précisait.

- Tu as raison tous mes camarades sont au sol. Mais aurais-tu oublié l'étendu de mon pouvoir. Je les préfère morts que vifs, ainsi je peux les contrôler et ils en deviennent bien plus dangereux.


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