Une vie pleine de promesses.

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Loan est un enfant comme un autre, du moins en apparence. Ses parents l’ont élevé dans des valeurs mêlant catholicisme et humanisme. Enfant, ses jeux sont ceux de tous les petits garçons qu'il côtoie, playmobils, action joe, big jim et lego. Cependant il ne tardera pas à se démarquer du lot. Curieux et brillant, il se distingue rapidement par ses facilités scolaires et sa soif de comprendre le monde.

Il est heureux tout simplement. Les premières années de sa vie sont sereines.

Avec les années, il fera l'apprentissage de la vertu et du vice. Comme tout enfant, il explorera les deux, découvrant les avantages et les inconvénients de chaque facette de la complexité des sentiments humains. À l'école maternelle puis primaire, il expérimentera tour à tour la gentillesse et la méchanceté, la domination et la soumission, l'égoïsme et l'altruisme, l'humilité et la vantardise, et bien d'autres dualités. Très vite, il comprendra les bénéfices et les risques liés à chacun de ces comportements, soit par ses propres expériences, soit grâce aux adultes qui encadrent son développement, parfois à travers de sévères corrections.

Ainsi, lorsqu'il sera surpris en train de voler dans le porte-monnaie de sa mère, il sera rapidement corrigé. Si, dans un excès de fierté, il se vante d'être le meilleur, son père lui apprendra l'importance de l'humilité. Et lorsqu'il tentera de jouer les chefs dans la cour de récréation, il finira par se heurter à plus fort que lui.

Chaque erreur devient une leçon, imposée par les adultes ou apprise à ses dépens.

Très vite, Loan comprend qu’un comportement égoïste ou méchant, bien qu’attrayant sur le moment, finit par le tourmenter. La réprimande l’oblige à se conformer aux choix dictés par son éducation.

Cependant, son intelligence supérieure lui permet de relativiser.

Ainsi, il joue les chefs dans les cercles qu’il maîtrise et préfère se tenir en retrait lorsqu’il perçoit un risque de perdre davantage.

Grand, beau et élancé, il possède néanmoins un talon d’Achille : il est roux. Comme tous les enfants, il se moque parfois des autres, mais il est également la cible de leurs moqueries.

« Sale rouquin des bois de sapins ! »

« Les roux, ça pue, c’est mes parents qui l’ont dit. »

« Plus on est grand, plus on est con. »

« Intello ! »

« Asperge ! »

Les coups bas pleuvent de part et d’autre. Il constate rapidement qu’il est facile et agréable d’insulter sans raison apparente, mais qu’il est infiniment plus pénible de subir ce traitement.

Lorsqu’il est la cible des attaques, il ressent une injustice profonde. Il n’a choisi ni ses caractéristiques physiques ni ses facultés mentales, et pourtant, elles deviennent des sujets de moqueries.

Cette prise de conscience le conduit à adopter une ligne de conduite simple et logique :

« Ne fais pas aux autres ce que tu ne souhaites pas subir toi-même. »

Pour lui, cette règle, si évidente, devrait être universelle. Si chacun l’appliquait, le monde serait bien plus agréable.

Toutefois, il n’est pas parfait et enfreint parfois sa propre règle.

Lorsqu’il cède à la tentation de faire du mal à autrui pour son propre plaisir momentané, il est ensuite envahi par le remords. Sa conscience le tourmente : il se sent coupable, incapable d’ignorer le mal-être qu’il a causé à sa victime.

Ce poids moral devient parfois presque insupportable. Mais, peu à peu, il apprend à anticiper ces sentiments et à résister à la tentation de mal agir. Chaque entorse à sa règle le rapproche d’un objectif : aligner ses actions avec cette valeur qu’il s’efforce de rendre fondamentale dans sa vie.

Ainsi, Loan finit par trouver un équilibre dans sa vie naissante.

Doué, d’un sens aigu des vertus — altruisme, humilité, tolérance, justice — et d’une stature avantageuse, il dépasse d’une tête ses camarades, il sait trouver sa place dans un groupe.

Intelligent, mais aussi habile de ses mains, il brille autant dans les ateliers créatifs que dans les tâches scolaires. Ses parents, soucieux de son épanouissement, l’inscrivent à des activités variées, de la peinture sur soie au travail du bois.

Chez ses grands-parents à la campagne, il apprend à contempler la nature, à la respecter et à s’en occuper. Il y développe une passion pour le jardinage et pour le feu.

Le catéchisme représente pour lui une autre opportunité de réfléchir et de travailler sur des valeurs humanistes. Il y apprend à aimer l’autre malgré ses défauts et ses travers. Convaincu qu’il existe toujours quelque chose de bon en chacun, il s’efforce d’aider ses camarades à révéler ce qu’ils ont de meilleur en eux.

Il ne comprend pas vraiment la distinction entre religion et humanité. Pour lui, les valeurs qui sous-tendent ces deux dimensions sont identiques et tiennent en peu de mots : le respect et l’amour des autres.

Il ne saurait expliquer pourquoi, mais une chose semble certaine : il attire spontanément l’admiration et l’affection des adultes qui l’entourent. Qu’il s’agisse de ses enseignants, de ses moniteurs ou de son curé, tous semblent reconnaître en lui une personnalité particulière. Ses parents, bien sûr, ne font pas exception, mais leur affection relève pour lui d’une évidence naturelle.

Le scoutisme entre dans sa vie comme une évidence, et Loan s’épanouit pleinement dans cet univers. Les valeurs transmises résonnent en lui, si bien qu’il n’a aucun mal à gagner les précieux insignes à coudre sur sa chemise jaune de louveteau.

Il intègre ce monde avec trois amis, Alex, Yann et Mike. Pourtant, Mike ne s’y attarde pas longtemps.

L’une des premières leçons du scoutisme est celle du partage.

Chaque samedi, lorsqu’ils se retrouvent dans les locaux de la paroisse pour leurs activités, les enfants sont invités à apporter un goûter.

Dès leur arrivée, celui-ci est collecté pour être redistribué équitablement. Mais Mike, gratifié d’un somptueux pain au chocolat par ses parents, ne supporte pas qu’on le lui prenne.

— C’est le mien ! C’est pour moi ! Je m’en fiche des autres, ils n’ont qu’à en ramener un aussi !

Incapable de comprendre l’esprit de partage, Mike finit par quitter le groupe, soutenu dans son choix par des parents qui estiment qu’il a raison.

Loan, à l’inverse, rayonne dans les activités comme dans les camps.

Sa capacité à incarner les valeurs du scoutisme est si naturelle qu’elle exaspère parfois ses camarades.

En secret, certains nourrissent une jalousie profonde. Loan par-ci, Loan par-là. Il attire sans cesse les éloges et les compliments, à tel point qu’il semble dépourvu de défauts.

Mais ce n’est pas tout à fait vrai. Loan possède bel et bien une faiblesse : il est susceptible. Il boude dès qu’il se sent mis à l’écart, une réaction compréhensible pour un garçon habitué à être au centre de l’attention.

Ce trait de caractère, presque inévitable, rappelle qu'il est ... tout simplement ... humain.

Et, il est si attachant que son entourage, enfants comme adultes, oublie vite ses moments de susceptibilité.

Son enfance est donc marquée par une facilité presque insolente. Ses débuts dans la vie sont si harmonieux qu’il peine parfois à distinguer les rêves de la réalité.

Il fait la fierté de ses parents et est le rayon de soleil de tous ceux qui le croisent.

Mais une question persiste : est-il possible de se construire ainsi, sans cassure, sans cicatrice, sans fragilité ? Loan croit que oui. Ce qu’il ignore, c’est à quel point cette illusion de perfection lui coûtera cher…

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