Loan grandit, et tout semble merveilleux. Chaque découverte, qu'elle soit le fruit de l'école ou de ses propres expériences, est une source de joie. À sept ans, il excelle déjà en solfège au conservatoire, où il est inscrit. Il possède l'oreille absolue et déchiffre sans effort les dix notes jouées dans un accord par son professeur au piano.

Naturellement, il le choisit comme instrument pour poursuivre son apprentissage musical. Il va alors apprendre à ses dépens que le monde est loin d'être un long fleuve tranquille...

Peu à peu, ce clavier qu’il avait tant désiré devient un fardeau. Loan n’a pas encore l’agilité des doigts nécessaire, et son manque de pratique lui fait défaut. Le conservatoire, qui lui avait d’abord paru un lieu de découverte, devient une punition. Il redoute de devoir quitter ses camarades après l'école pour prendre le bus et se rendre à ses cours de solfège et de piano.

Chaque minute passée devant l’instrument est une épreuve, une contrainte qu’il ne supporte plus.

La professeur de musique, qu’il admirait au début, commence à le blesser par ses remarques dévalorisantes.

Loan ne comprend pas pourquoi elle agit ainsi avec lui. Il a toujours appris à être humble et discret, alors, lorsqu’il est en leçon particulière, il souffre en silence.

Le pire moment survient lors d’un mercredi après-midi. Il débute par un cours collectif de piano.

Dès qu'il doit jouer devant le groupe, sa timidité le paralyse. La professeur lui ordonne de lire la partition, et Loan obéit sans difficulté.

Mais, comme si elle voulait à tout prix l'humilier, elle lui demande ensuite de chanter les notes, une tâche qu’il redoute. Sa voix haute de jeune garçon a la tonalité de celle d'une fille. Cela le gêne, et il craint d’être moqué par les autres.

Pourquoi ? Il ne le sait pas encore... Même si son intelligence supérieure lui a déjà montré qu’il est différent des autres, qu'il a une sensibilité différente des autres garçons, il ne veut pas admettre la réalité.

Il boude, refuse de chanter et s’entête, refusant de se soumettre.

La professeur n'apprécie pas d'être ainsi mise en difficulté devant ses autres élèves, alors elle cherche à tout prix un moyen de se venger...

Lorsque sa mère arrive pour le chercher, la professeur en profite pour le mettre encore plus mal à l’aise, racontant à sa mère comment il a défié son autorité.

Loan n’a agi ainsi que par besoin de protection, sans aucune intention de nuire à la professeur, mais il ne peut le faire comprendre.

Sa mère, influencée par l’autorité de l’adulte, lui ordonne de chanter.

Loan, mordu par l’humiliation et la honte, se mure dans le silence. Il se retient de pleurer. Ses yeux sont chargés de tristesse, mais il se tait.

À la fin du cours, il croit enfin que le supplice est terminé.

Mais sa mère, d’un ton anodin, lui dit : « Bon, tu m’as fait honte. Maintenant dépêche-toi, je dois te déposer à l’anniversaire de Yann. »

La professeur, entendant cela, saute sur l’occasion pour lui infliger une punition, obtenir satisfaction en se vengeant bassement. Elle suggère à la mère de priver Loan de l’anniversaire pour obtenir réparation de son affront.

À cette époque, la plupart des adultes croient que l’autorité du professeur est indiscutable.

Loan se voit donc obligé de remettre son cadeau à Yann sur le pas de la porte, avant de rentrer chez lui, puni dans sa chambre pour méditer sur son comportement.

Il passe l’après-midi à pleurer toutes les larmes de son corps, incapable de comprendre la punition qu’il juge profondément injuste.

Il essaie d’expliquer à sa mère, mais en vain.

Elle souffre de le voir ainsi, mais elle n’a pas conscience du mal qu’elle lui fait.

Elle a simplement agi en croyant que la professeur savait mieux et pense donc que la sanction est justifiée.

Pour Loan, cette expérience le marque à jamais.

Il se sent trahi, incompris, et cette année de découverte musicale se transforme en un échec cuisant.

Dégoûté par cette expérience, il refuse que ses parents l'y réinscrivent l’année suivante.