Le jour où tout a basculé.
Sa vie reprend malgré tout sur de meilleurs horizons, débarrassé de cette activité qu'il a jugée si avilissante. Le répit ne sera que de courte durée. L'année de ses neuf ans, son ami Yann quitte l'école publique pour rejoindre un établissement catholique à la suite du déménagement de ses parents.
Loan vit la séparation comme un drame.
Il s’attache profondément à ses camarades, et dans un monde qu’il juge parfois injuste, il cherche des liens solides. Il se jette à corps perdu dans les relations qu'ils tissent avec ses camarades. Mais il n’est pas préparé à la douleur de devoir les voir s’éloigner.
Petit, ce changement de quartier est ressenti comme une barrière entre lui et Yann. Ils ne peuvent plus se retrouver aussi facilement qu’auparavant, et cela lui manque tant. Heureusement, Yann est toujours inscrit au scoutisme et sa grand-mère habite dans la même barre d’immeuble que Loan. Ils continuent donc à se voir les mercredis après-midi et les week-ends. Il est loin d'imaginer que Yann va précipiter sa chute, le faire basculer dans un monde fait de douleur et de souffrance.
Un jour, Yann l'appelle au téléphone :
— Salut Loan, mes parents me propose de t'inviter le week-end prochain à la maison. On pourra passer du temps ensemble, jouer à deux tous le week-end. Ce sera génial. Alors c'est bon, tu viens ?
— Trop génial, j'adorerais. Attends je demande à mes parents… Maman, papa, Yann m'invite à passer le week-end prochain chez lui, je peux ? Allez dites oui s'il vous plait, ça sera trop bien…
— Oui, mon chéri, tu peux, tu travailles bien à l'école alors tu le mérites.
— T'as entendu ça Yann ? Mes parents sont ok. Je suis trop content, on va s'éclater, j'ai trop hâte. A samedi mon copain.
— A samedi Loan.
Loan est tout excité à l’idée. La semaine lui semble longue. C’est la première fois qu’il va dormir chez un ami, une expérience qui le rend nerveux mais enthousiaste. Ce samedi, après la messe, il part chez Yann. Lorsqu’il arrive, il est émerveillé par le nouveau logement de son ami. Grand, spacieux, avec des matériaux modernes et élégants, c’est pour lui un vrai luxe.
La mère de Yann lui fait une drôle de proposition :
— Avant le repas, Yann va prendre son bain, tu l'y rejoins Loan ?
— Non, madame, c'est inutile pour moi, j'en ai déjà pris un ce matin chez moi.
— Tu peux si tu veux, tu pourras jouer avec lui dans l'eau.
— Je préfère l'attendre devant la télé.
En fait, il est très mal à l'aise. Il ressent un trouble comme jamais auparavant. Il ressent que cela n'est pas normal. Pourtant où est le mal ? Loan ne le sait pas encore mais c'est son identité secrète qui parle à sa place et lui interdit ce moment intime avec son ami. Alors, il l'attend devant la tv.
La maman l'appelle dans la salle de bain.
— Loan.. Loan… Viens s'il te plaît, Yann te demande. Il n'a pas envie mais il est respectueux et ne peut agir autrement. Il entre dans la salle de bain et une gêne étrange l'envahit, un sentiment inconfortable mêlé d'une forme d'excitation qu'il ne comprend pas. Il met cela sur la pudeur de son éducation. Il s'assoit alors par terre, la paroi de la baignoire lui offrant le confort qu'il recherche pour s'apaiser.
— Loan regarde tu as déjà vu ce personnage ? Demande Yann en lui montrant un bigjim en tenue de plongée. Il est trop bien ce bigjim…
Yann joue dans l'eau, tout en discutant avec son copain. Quand il a fini sa toilette, il se lève pour sortir. Loan se tourne instinctivement pour ne pas le voir nu. Quand Yann est enfin habillé, la tension de Loan redescend et tout redevient rassurant. Après le dîner, ils passent la soirée ensemble, jouant à une interminable partie de Monopoly.
— Rue de la Paix, j'achète, lance Yann trop content de l'obtenir après avoir eu les Champs Elysées. Tu vas payer cher ici !
— T'inquiète, j'ai tous les verts alors accroche toi. Répond Loan.
— Zut, tu as encore esquivé, grogne Yann.
— Héhé, je t'avais dis que ce sera pas si simple ! S'amuse Loan.
— Les enfants, il est tard, il faut aller dormir, leur dit la maman en entrant dans la chambre
— Oh non, la partie est serrée, et on ne sait pas qui va gagner, encore un peu maman s'il te plait, réclame Yann.
— Dix minutes pas plus, quand je reviens terminée ou pas, il faudra se coucher.
— D'accord, merci maman.
— Merci madame.
Quand la maman revient leur souhaiter bonne nuit, ils se glissent tous les deux dans le grand lit. Ils sont frustrés de cette partie qui n'a pas trouvé d'issue. Ils ne sont pas fatigués et continuent à discuter, à se raconter des blagues, en tentant de trouver le sommeil.
Les heures passent et les deux amis se laissent emporter par leurs jeux et leurs rires. Mais rapidement, Yann va le guider vers des jeux interdits. D'abord par des caresses qui s'apparentent à des chatouilles, puis rapidement il va se focaliser sur des parties intimes qui déjà à cet âge sont très réceptives. Une curiosité mutuelle les pousse à explorer des sujets qui sont encore bien au-delà de leur compréhension complète. Des gestes maladroits, des touchers timides, qui ne sont pas encore totalement liés à une intention, mais simplement à une exploration des frontières de leur propre corps et de l'intimité.
Loan, confus mais intrigué, se laisse guider par l’instant, ressentant des émotions qu'il ne comprend pas encore complètement. Ce qui commence comme une exploration innocente devient quelque chose dont il n’a pas les mots pour la qualifier. Malgré l’incompréhension de ce qui se passe, ils se soutiennent mutuellement dans cette nouvelle expérience de découverte. Sans comprendre pleinement les implications des actes auxquels il se livre, Loan s'implique pleinement. Dans cette quête du plaisir, il se plie à chaque demande de Yann. Il finit même par lui aussi inventer de nouvelles règles. Ils sont pourtant incapables de dire directement ce qu'ils attendent de l'autre, alors ils inventent des jeux pour enrober ces pratiques d'un autre âge du parfum de leur innocence...
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