Tic Tac

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La pluie tombe à flot, chaque goutte s’imprègne sur le vieux carreau encrassé et jauni.

Je peux voir, au loin, mon chien Balo gambader dans le vaste jardin automnal.

J’attrape ma guitare à ma gauche et fait glisser les cordes rêches de mon index à mon majeur.

Et répète le mouvement incessant.

J’accorde cette musique mélancolique dans mon esprit bien ailleurs, puis siffle délicatement un air pour m’élancer dans un rythme lent et continu tout en observant le spectacle devant moi.

Les feuilles forment un tapis de couleurs jaunes et orangées.

A vrai dire, je trouve cela harmonieux, un chien roux au museau blanc plutôt dégueulasse, se dérouler dans sa couleur.

C’est amusant de voir Balo pourchasser Mistigri, petit chat noir et blanc grincheux, détestant la pluie et le vent, dans ce monde bien trempé et boueux.

Lorsque je plonge mon regard au loin, je vois ces arbres gigantesques quasi nus, désemparés de leurs habits tout feuillus.

Observant eux aussi le fleuve ondulant avancer à grande vitesse poussé par le vent.

La vieille barque de papa tente de partir au large, fuir vers d’autres horizons.

Quant au ciel, il est à la fois gris et blanc, les nuages sont horriblement tachés par la pluie, pourtant le ciel reste clair ma foi, comme mon esprit.

Je n’ai pas oublié ce qu’il m’a dit hier soir à 20h :

« Rendez-vous au pont Roulette à 18h demain soir. »

En ouvrant la fenêtre je sens ce froid me parcourir, et les petits frissons courir à toute vitesse sur ma peau blafarde, effrayante dit-on.

Va-t-il m’annoncer que c’est la fin entre nous ?

Maman me dirait que je n’ai que 15 ans, un âge de transition entre l’enfance et la vie d’une jeune adulte responsable.

Elle me dirait de ne pas me morfondre aussi piètrement dans une relation présupposée vouée à l’échec, dit-elle, j’en verrai d’autre.

Mais moi à 15 ans, j’ai le droit de rêver, je me vois davantage sur la lune, alors pourquoi je ne vivrais pas ce rêve, à ses côtés, avec lui.

Les nuages se sont dégagés, le ciel bleu transperce ce carreau opaque, je suis le rayon qui me dirige à la pendule étrange.

Cette pendule comporte une quinzaine de rouages de tailles différentes avec un mécanisme bien complexe.

Les aiguilles forment une croix tibétaine qui va tourner tantôt à gauche, tantôt à droite, on raconte qu’elle sonnera à l’apocalypse.

L’angoisse.

En attendant, la seule chose qui retentit c’est l’alarme de mon IPhone.

Ma douce mélodie s’interrompt.

Il faut que je traverse le tapis de feuilles mortes, jusqu’à lui, mon amour.

« C’est tout pour ce soir.

- Oh non ! J’aurais bien aimé connaitre le déroulement de leur rencontre.

- Demain, il est 17h30, le soleil va se coucher, nous devons retourner au blockhaus. »

Judith referma le journal de sa mère, « 15/11/2021 », c’était il y a 15 ans. Comment aurait-elle pu imaginer que la pendule retentirait un jour ? Dans cette même chambre, elle observa par la fenêtre encrassée et jaunie, la terre séchée à perte de vue, les braises dans le fleuve, puis ce ciel noirâtre. Un paysage de désolation annonçant les ténèbres.

Il faut partir maintenant.

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