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Bianca
Nue dans les draps rêches de cet hôtel miteux d'un autre âge, je contemplais l'homme qui sommeillait à mes côtés. Il était d'une beauté saisissante, David de Michélangélo, voilà a qui il me faisait penser. Il poserait nu Galeria dell'Accademia qu'il ne déparerait pas au milieu de ces marbres de Carare; les florentines seraient toutes frappées du syndrome de Stendhal. Je gardais en mon for intérieur cette pensée, elle me fit sourire malgrés moi. J'avais passée un trés bon moment avec celui que je surnommais au gré de mes envies: David, Fabrice ou Julien.
Par la fenêtre à travers ce qui fût autrefois des rideaux j'entrevis la rue, déjà gagnée par les ombres de la nuit. Le soleil avait du se coucher depuis un moment déjà.quelle heure pouvait il être, bien trop tard sûrement! Sur cette couche, le temps avait coulé beaucoups trop vite. Ah s'il n'eut tenu qu'à moi je l'aurais fait durer encore un peu ce moment magique. Mais je le savais, ça n'aurait été que reculer pour mieux sauter, il faudrait bien que je rentre chez moi à un moment où un autre. La dolce vita ne pouvait pas se prolonger indéfiniment.
Malgrés moi, une de mes mains s'avançat, frolat les fesses de l'autre qui tressaillit. trés vite, comme si j'eus peur de me bruler, je la retirais. Je ne voulais pas réveiller ce démon, ce djin, ce magicien du plaisir. Il fallait que je m'en aille d'ici, que je fuis ce lieu, avant de me consummer à nouveau. Comme une allumette, il m'aurais fallu trois fois rien, un frottement, une étincelle pour que je brule à nouveau.
Cet endroit n'était pas réel, je le savais, je n'avais qu'à me pincer, me frotter les yeux pour que tout ça disparaisse. Telle Alice dans le terrier du lapin ou Ullysse sur l'ile de Circé, il fallait que je me réveille. Sans bruit, sans un regard de plus vers le corps alangui de l'autre, je m'enfuis. Je savais que le temps de partir était venu.
Je récoltais à travers la piéce, mes frusques éparpillées et m'enfermai dans la minuscule salle de bain. Une douche rapide plus tard, j'en sortis. Il m'attendais, souriant, sûr de lui ce bellâtre.
Les yeux baissés, je n'osais regarder ses prunelles de jais. Il prit mon visage dans ses grandes mains fine et me chuchotta des mots tendres encore. Je ne sais où je puisais cette force mais je réussi à me dégager de lui. D'une voix que je voulais dure, je lui dit :
- Tu dois comprendre il m'attend !
Bien entendu qu'il ne comprendrais pas, une partie de ma personne voulait être avec l'autre qui n'était pas la, tandis que le reste auit voulu qu'il me supplie, me sequestre. Je detestais déjà son sourire larmoyant, je m'y acrochais comme une noyée à son bout de planche vermoulue.
d'un brusque mouvement du corps je m'élançait vers lui, l'embrassait furtivement, évitant ses bras qui voulaient m'enserrer et lui dit dans un souffle
- Je me prénomme Bianca, c'était merveilleux, j'ai adorée, tu a été un amant fougueux, mais je dois partir, je t'en prie, ne gache pas ce moment sublime, laisse moi partir !
Je lui envoulais de ne pas essayer de mieux me retenir, je lui en su gré, j'enfilai mon carigan sur lequel coulait de grosses larmes améres et tirant sur la poignée de la porte d'entrée je m'engouffrai dans le couloir !
Aprés quelques pas, à mi étage, je fis une pause, l'oreille aux aguets, il ne vint pas, trop obeissant sans doute, le coeur brisé, je m'en fut... rapidement je reglais en liquide le prix de la chambre au planton de l'acceuil.
la rue sombre, avala le fantôme que j'étais devenue...
J'errais un moment dans ce quartier que je connaissais par coeur complétement désorientée. Le revairais-je, en avais-je envie ?
Je ne savais pas, comme une automate je retrouvais le chemin de chez moi, j'essuyais mes larmes comme une forcenée, je pris une grande goulée d'air et sans respirer j'entrai dans mon appartement.
Aucunes lumiéres ne brillaient, ni dans le salon, ni dans la cuisinne, ni nulle part, il n'était pourtant pas si tard. Je crus un instant qu'il ne fut pas là, j'en étais presque contente.
Mais je vis sa masse qui dormais déjà dans le lit, sans un bruit, je me deshabillait à nouveau, je devais sentir encore l'autre malgrés ma douche rapide. Nue, je me faufilais dans les draps de coton qui sentaient la lavande, le café et les biscuits à la canelle que nous mangions ensemble parfois le soir. je me colais à lui, le reveilait avec mes pieds froids. il grogna et dit simplement :
- Ah tu es là ! dormons maintenant !
J'attendais sa phrase sybilline... un ver de Dante, une phrase tirée de la corriére de la serra, de la comédia dell arte ou de Puccini. Nulle autre phrase ne vint, il devait avoir eu peur de m'avoir perdue à jamais, à moins qu'il ne soit trop fatigué, quelle merde que cette maladie.
Alors je me serrais plus fort contre lui, me fondit contre son corps... et alors que je fesais le vide dans ma tête, que j'aurais voulu qu'un sommeil sans rêve me fauche, je pensais à l'autre
Je sus que je le reverrais, même si dans cette chambre tout à l'heure j'avais dit le contraire .
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