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Alessandra
Le sourire au lévre malgrés moi, je ne donnais pas l'impression d'aller récupérer à la consigne d'un CHU, mon cher mari. Oui, j'étais heureuse de le retrouver, il m'avait manqué, mais non, ce n'était pas pour lui, le sourire béat, les cernes sous les yeux et les jambes molles. Avais-je encore l'age pour de telles choses, aller s'encanailler d'un garçon qui avait bien dix ans de moins que moi, j'avais honte cependant.
Egoïstement, je m'en fichais comme d'une vieille guigne rabougrie de sa copine, je lui avais annoncé la couleur, il fallait qu'il se tienne prêt, la prochaine nuit que je passerais seule, il faudra qu'il vienne. Il viendra, je ne me faisait aucun soucis pour cela !
Que ça passe ou que ça casse avec Naëlle ne m'importait pas le moins du monde, moi j'avais Marcello pour la vie de tous les jours et lui pour les extras, les nuits chagrins. entre deux assauts il m'avait avoué le prénom de la jolie Blonde dont je n'avais que faire. Il chouinait le pauvre gosse, le pauvre julien, le lendemain de notre premiére nuit, il avait du se consoler dans les bras d'une fille buvard. A mon avis, elle ne partageras pas sa vie ad vitam eaternam, encore une jolie poupée à la peau trop tendre qui usera des tonnes de kleenexs, pour un gars qui ne la méritait pas. Moi, de mon coté, je ne laisserais jamais tomber Marcello pour ses beaux yeux, Marcello était le gateau, Fabrice Julien, David - je ne faisait pas même l'effort de retenir son prénom- était la cerise au dessus de la patisserie, le petit plus qui enflamait mon âme, sans tout remettre en cause.
j'étais une ordonnée, chaque chose avait sa place dans mon chez moi, dans ma vie, lui, je lui construirait une petite étagére à l'écart, dans un coin oublié de tous, il sera le précieux bibelot qui ne sert à rien, mais qu'on adore épousseter de temps en temps, en révant à un ailleurs lointain, une conque dans laquelle on entend la mer, un tableau de vahiné dansant sur une plage au coucher de soleil, un vieux Bruegel hivernal oublié, une copie d'un Fragonard frivole et primesautier.
J'étais restée un peu sur ma faim hier au soir, arrivé chez moi à 20 h 40, il en était reparti vers les minuit et demi, peu aprés avoir reçu un SMS, c'était sûrement sa poupée de porcelaine qui lui avait demandée de rentrer, coucouche panier. Il n'avait pas trainé, un court instant, j'aurais pu croire qu'il me rendait la monnaie de ma piéce, lorsque subitement je m'étais refermée comme une huitre, lors de notre premier rendez-vous. Il avait utilisé les même codes, le regard lointain, le dernier baiser glacial... mais je ne pensais pas qu'il soit comme ça, mesquin, rancunier et calculateur. Mais finalement, ça m'avait permis de dormir un peu, ce qui ne me fit pas de mal !
Allez, Brrr, je chasse de mon esprit tout cela, moi aussi il faudra que j'apprenne à construire un jardin secret, bien protégé, Marcello comprendrait peut-être, mais je n'ai pas envie de partager ça avec lui. Je partage déja tant de choses avec lui, depuis si longtemps, ça , ça ne compte pas, c'est juste un petit plus pour donner du rouge à mes joues du pétillant à mon regard. J'avais besoin de cette petite touche de couleu avant d'affronter ces murs froids, ces couloirs mornes éclairés par des néons blafards, même les fenetres des chambres qu'on arrivait jamais à ouvrir ne donnaient sur l'extérieur qu'une vue tronquée.
Le docteur Frankestein était là, il souriait, pour lui c'était un sourire en tout cas, en utilisant des périphrases vides de sens, il me dit que tout allait bien. Marcello avait été courageux, il avait relativement bien supporté la chimiothérapie. Pourquoi ne le croyais-je pas, pourquoi tout sonnait faux chez ce type. j'étais dure avec lui, il était le meilleur dans sa spécialité m'avait on dit, nous avions prévus des soins à Rome, dans la meilleure clinique de la ville, mais son état de santé n'attendait pas la vente du magasin et de l'appartement. Peut être avions nous trop tardé.
Alors que j'ébourrifait les cheveux de mon amour, il avait toujours à soixante ans, une tignasse de play boy qu'il entretenait méticuleusement, l'autre, le carabin me sortit qu'il n'avait pas encore commençé à perdre ses cheveux, que ce n'était pas même obligatoire. Et alors, n'avais-je pas le droit de caresser l'amour de ma vie sans arriéres pensées, malgrés mon envie de le faire, je gardais mes cinglantes réparties pour moi . Dans deux mois au plus tard nous seront partis de Grenoble mon amour , ce sera une pointure qui continuera à te soigner.
Le beau gosse, je l'aurais déjà oublié. En tout cas, il ne fera pas parti du voyage. Je paraissais froide, je donnais l'impression de tout controler, d'avoir la situation bien en main, mais il en était rien. J'étais ravagée, je ne supportais toujours pas l'idée d'un Marcello diminué, ou pire, je n'osais nommer ce pire, il ya des mots tabous qu'on ne doit pas prononcer, même les penser on y a pas droit, ça attire le mauvais oeuil . Quand à l'autre idiot, je commençais à m'y attacher, pas au point de laisser tomber mon mari, mais...
Je chassais ces idées stériles, Hier soir, c'était hier au soir, maintenant c'était maintenant, je devais me concentrer à nouveau et finir d'écouter ce que le docteur " folamour" avait à dire.
Il nous conseillait de le laisser se reposer un jour ou deux et d'ensuite l'emmener marcher en montagne. Et la montagne, ce n'est pas ce qui manquait dans le coin. Bien entendu, il faudra que j'oublie sa chére Bélladona, Trop de dénivelé, il ne supportera pas. Tiens, une semaine à Menton, ça lui fera du bien, la bas, l'automne n'en était qu'à ses débuts, peut être même pourrons nous, nous y baigner.
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