Alessandra

Si j'étais heureuse d'avoir retrouvé Marcello ? mon bonheur était à son comble. Oh bien entendu, il n'allait pas bien depuis qu'il était rentré de l'hostau. Il vomissait fréquement, il avait maigri, il perdait ses cheveux par poignées entiére, mais rien ne semblait entamer sa bonne humeur, il avait encore et toujours le mot pour rire, la baliverne au coin de la lêvre. et moi, malgrés l'envie que j'avais de chialer comme une petite fille, je m'efforçai à paraitre anjouée, sans doute surjouais-je un peu au début, personne n'en fut dupe. De toute façon tout le monde devait jouer sa partition, si l'un de nous sortait une fausse note de son instrument, l'autre se devait de ne pas le remarquer.

La Dolce vita se nommait le morceau, Marcello aimait éperdumment Alessandra, la belle se pâmait à son bras, dans les bois des oiseaux chantaient et la vie filait ainsi comme une douce symphonie pastorale.

Moi, j'allais courir pour me vider la tête, je courrais au bord de l'isére, j'étais allée jusqu'au bois Français hier, et j'étais rentré par Bivier et corenc...une petite trentaine de kilométres au petit trot, mes jambes m'avaient fait mal, mais j'avais dormi comme une masse. Demain, je ferais sans doute la grande Lance de Doméne, 1450 métres de dénivelés positifs, 4 à 5 heure de montée... un pur bonheur. Je devais en profiter tant que la neige n'était pas là, ensuite le chemin deviendrai impraticable.

Je me garerais à Pré Raymond aprés Revel, il me faudrat grimper jusqu'au lac du Crozet d'abord, le lac barrage d'Aristide Bergés, l'inventeur de la houille Blanche, l'eau y est d'un bleu turquoise, nous y venions pêcher les truites fario avec mon italien favori, du no kill, hein attention ! Juste une fois, nous avions dérogés à la régle, nous avions ramené chacun notre poisson... avec un petit vin blanc des pouilles et des amandes des Calabre, ça avait été un régal, mais Marcello fin gourmet les aurait préférées avec des pistaches et des capres de Sicile.

Aprés le lac, il me faudra poursuivre dans le vallon Mercier qui serpente dans une large prairie bicolique... Ensuite aprés avoir traversé le dernier pont qui enjambe le ruisseau qui vient de plus haut le chemin se dresse comme un serpent qui cherche à mordre avant d'atteindre le col de la Pra.. c'est là que je voulais donner rendez-vous à Claudio, pour pouvoir lui dire adieu, peut être aurait il compris, Marcello l'a compris lui, sans me demander il a compris :

• Tes seins paraissent plus gros, oh attention, j'adore ta poitrine, surtout le petit mamelon rose, sucré comme un bonbon à la framboise, il est dur est gonflé...ma, tou a fé le test, tou serais pas

"pétits pieds" par hasard. Madré mia, ce serait Marvillossa !

Alors j'ai rougi, je n'ai ni aquiescé ni contesté, je ne le savais même pas moi même à ce moment là, depuis, j'ai fait le test, d'aprés mes calculs ça daterait de ma toute premiére soirée avec Fabrice, Julien David. Mais comme nous avions fait l'amour le matin avec Marcello, je n'étais sûre de rien. De toute façon ce sera le fils de Marcello, ou la fille, lui préférera une Bianca sûrement, moi un petit Marcelino, en fait, je m'en fichais un peu. Ce que je voulais, c'etait qu'il soit de Marcello, et il sera de Marcello ce sera une certitude, de qui d'autre voulez-vous qu'il soit ?

Aprés le col de la Pra où Claudio m'aurait accompagné, je connais des pins à crochet qui auraient pus protéger nos derniers ébats, j'avais testé la rugosité de leur écorce autrefois avec mon transalpin.

Mais il n'a pas pu se libérer, mon amoureux de super marché, j'ai même eu droit à un triste

message :

• Désolé, je ne peux me rendre disponible, je prépare mon voyage en Espagne, Naëlle veut me présenter à sa famille, ne cherche plus à me joindre... j'ai adoré, mais j'ai du faire un choix, adieu, sois heureuse !

Ah que ce : Soit heureuse ! est dur a encaisser, de toute façon c'était juste pour lui dire que moi aussi je ne voulais pas continuer, mais je ne m'attendais pas à ce que ce soit lui qui dégaine en premier, on peux se tromper quelques fois, moi qui croyait qu'il était un coeur tout mou, incapable de prendre des descisions. C'était dommage que ça finisse ainsi, j'aurais aimé vivre quelque chose avec lui, enfin, si j'avais été libre. Peut être dans une autre vie !

De toute façon, ça aurait été trop casse-gueule de continuer, il aurait fini par comprendre, il est si tactile, lui aussi , il adore mes petits mamelons aux gout de framboise:

• On dirait des Saint-genix, j'adore suçotter la praline au bout, m'a il dit l'autre soir...

Forcément il aurait deviné, il aurait deviné qu'il aurait pu en être le pére également, et ça , ça aurait été une catastrophe.

Je suis enceinte de combien, quinze jours tout au plus ? ça mettra longtemps avant que des gens s'en appercoivent, je veux dire des gens pas trop proches, qui n'auront pas envie de me deshabiller. En plus on arrive dans la saison hivernale, les tenues sont plus amples, la poitrine, le ventre est caché par de gros pulls, des vestes. Quand ça se verra que je suis grosse, je serais de l'autre coté des Alpes à continuer une autre vie. Quand Marcello ira mieux, ce n'es que l'affaire d'un jour ou deux a prédit l'oncologue que j'ai eu au téléphone, il ira à l'agence signer les papiers, j'ai fait l'état des lieux déjà ainsi que l'inventaire. Le stock à été repris par un confrére. Marcello était connu comme le loup blanc, c'était lui qui avait la plus belle marchandise de toute la région Rhone-Alpes.

j'ai gardé pour nous quelques produits, du gorgonzola, de la pancetta, du mascarpone...

j'en emmenerai dans ma balade, je dirais adieu à cette région que j'ai aimé, je ne sais pas si je suis plus Italienne que Française ou le contraire. Même si cette terre est récemment endeuillée par des assassinats et des faits de déliquence due à la drogue- et alors vous croyez que c'est mieux outre Alpes ?- elle restera au fond de mon coeur comme ma terre promise, là ou nous nous sommes aimés avec Amoré Mio. Il était journaliste politique avant ça, il avait été, lui, mon pére ami avec des hommes comme Pier Paolo Pasolini, une époque que je n'ai pas connue, une époque violente et magnifique m'a t'il dit.

Quand Des hommes comme Berlusconi sont arrivés au pouvoir dans nuestra botta il a su qu'il devrait faire autre chose, quand Prodi est revenu au pouvoir, il savait qu'il était passé à autre chose, qu'il ne reviendrai pas.

Mais revenons à ma balade de demain, la derniére, pour dire adieu à tout ça, si je ne suis pas trop en forme, je m'arreterais au lac du petit Doménon ou au grand Doménon...la vue y est déja sublime: col de Freydane, pic Couttet... Si j'ai de la chance je pourrais y voir des bouquettins, Capra Idex, animal mythique des alpes s'il en est qui a failli disparaitre à tout jamais et qui abonde désormais. Merci à Vittorio Emanuelle, Rey De Italia, c'est grace a lui qu'est né le parc du gran Paradiso... dernier refuge de cet animal préhistorique.

Si ça se trouve je verrais des aigles et bien entendu des choucards à bec jaunes, eux, il suffit de s'asseoir et de bivouaquer pour qu'ils s'approchent, comme les pigeons de la place Saint Marc ou de la place Grenette.

le top serait d'appercevoir un Gypaete Barbu planant majestueusement dans les airs, ou un loup timide. Mais la, ça vire plus au fantasme qu'au réel.

Aprés le lac du Grand Doménon commence la montée héroïque, deux cent métres de dénivelés entre ciel et terre, c'est le domaine du minéral... je dirais à Marcello que j'irais jusqu'au grand Doménon, sinon il aura peur et ne voudra pas que j'y aille

Quand on voit le lac blanc dans un creux c'est qu'on est presque arrivé, presque ne veux pas dire déjà, les passages sont aériens, il ne faut pas avoir peur de mettre les mains, et surtout de ne pas glisser, certains a-pics seraient rédhibitoires.

mais de la haut ! cette vue mon Dieu, c'est presque aussi bon qu'un orgasme...