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Claudio

Hier ma douce et tendre m'a fait visiter l'arriére pays, par une route tortueuse à l'excés, digne de L'Ardéche ou des Alpes de Haute Provence. En quittant la grande route qui traversait d'abord des champs d'agrumes, vignobles, amandiers et oliviers ensuite. Nous nous sommes rendus à Pavias au milieu de nulle part dans la sierra, le berceau de la famille de son pére. un ancêtre, bien avant la guerre d'Espagne avait quitté cette région si pauvre, pour aller grosssir les rangs des ouvriers agricoles Languedociens, elle me conta a ce propos une anecdote croustillante, qui eut pu avoir des répercussions dramatiques sur sa famille

Son arriére grand mére avait failli ne pas pouvoir se marier, en effet elle avait eu énormément de mal à prouver son identité, les registres d'état civil ayant brulés pendant la bataille de Teruel, en 37 ou en 38. Heureusement, les registres de naissance étaient tenues par des bonnes soeurs, les nationalistes ne brulaient pas les couvents quand ils en rencontraient, mais ils pouvaient achever les bléssés, surtout ceux qui n'étaient pas de leur camps. Ce qui ne veux pas dire que les républicains étaient des enfants de coeur bien entendus, ils ont commis leurs part de massacres eux aussi.

Je visitais le petit village, ici, bien qu'étant dans la région de Castellon, les gens ne parlaient pas le valencian, mais le Castillan, comme à Madrid, enfin, je ne pus m'en rendre compte, Même si à l'écrit je comprenais l'espagnol, qui ressemblait beaucoups au Français et à L'italien... leur phrasé étant trop "mitraillette", je n'y comprenais rien, La niéce et la tante en avaient abusés chaque fois qu'ils ne voulaient pas que je comprenne. Parfois, elles m'expliquaient, d'autres fois pas, je fis mine de ne pas m'en offusquer et lorsque je comprenais des mots, j'adorais la mettre mal à l'aise, ensuite, seuls, c'était ma petite vengeance... comme hier, quand la tante avait dit, qu'elle n'aimait pas quand les arabes parlaient entre eux dans leur langue pour ne pas être compris. n'étais ce pas la même situation que je vivais? je le lui fit remarquer, a ma façon.

  • Ta tante est raciste ?
  • Non, je ne crois pas ?
  • Alors pourquoi as t'elle parlé des étrangers qui parlaient entre eux pour ne pas être compris ?

j'avais mis dans le mille, elle rougit fortement et s'emmella les pinceaux, cherchant ses mots :

  • Je pensais que tu ne comprenais pas l'espagnol ?
  • Je comprend quelques mots, par ci par là, parfois je peux comprendre le sens d'une phrase, guerre plus !
  • Je, je, elle voulais dire que ce n'était pas bien de parler entre nous pour ne pas que tu comprennes
  • Et que, n'avais-je pas besoin de comprendre, que ne devais-je pas comprendre ?

Elle pris une grande goulée d'air, et comme si elle voulait plonger en apnée, me répondit, les mains tordue par l'embarras, les yeux baissés vers le plancher de la voiture, alors que nous quittions ce joli petit village paumé et deserté par la jeunesse.

  • Je lui demandais ce qu'elle pensait de toi, voila le secret inavouable que je voulais te cacher, y a t'il de quoi me fouetter ?
  • Te fouetter non, mais demander un gage à ma façon plus tard, sans doute... et alors, elle en pense quoi la Tia ? suis-je a son gout ? as tu besoin d'elle pour te faire un avis sur moi ?
  • Non, du tout, tu le sais ce que je pense de toi, je t'aime déjà énormément, mais...
  • Mais ?
  • As tu vraiment choisi entre moi et l'autre, à qui pense tu quand tes yeux se voilent de tristesse, que tu semble loin, où est tu dans ces moments là ?

Là, c'est moi qui me sentit pris au piége, un arroseur arosé en somme, je n'avais pas prévu qu'une simple question lui demandant ce qu'elle cachaient sa tante et elle, allait se retourner contre moi ! Cette fille est vraiment plus adroite que ce que je pensais, il faudra que j'apprenne à ne pas la sous estimer. Je descidais de me taire, de réfléchir et de changer de sujet. elle n'en fut pas dupe

  • Le paysage est magnifique, ce ciel gris, alors que sur la cote le ciel était d'un bleu délavé, le vert des arbres, Je vois des pins, des chenes verts, des cystes des genets et des Lauriers roses.
  • Oui, l'été quand tous ces lauriers sont en fleur, c'est magnifique, tu as choisi de ne pas répondre, ou de répondre a ma question par une autre question, tu devrais faire de la politique !

Je me tus, feintant l'outré, regardant le paysage... et changea de sujet a nouveau pour noyer le poisson :

  • J'ai lu que Pendant la guerre d'espagne, en 1808, lors d'un bivouac, les soldats de Napoléon lors d'un bivouac avaient fait rotir des ageaux sur des broches de laurier rose, 8 d'entre eux périrent empoisonés, quatres autres furent gravement intoxiqués.
  • Oui, c'est vrai, lors de gros orages, il faut faire attention à l'eau des ruisseaux, elle peut être contaminée par les racines et les feuilles de l'arbuste, elle devient fatale pour le bétail qui viendrai boire cette eau pollué.

Puis, elle dit, soudain, criant presque:

  • Arréte toi quand tu le peux, ici la vue est sublime.

Je mis le clignottant, c'était inutile, la petite route sinueuse etait quasiment déserte, je n'avais aucun autre véhicule à aviser de mon changement de direction. je m'arretais cent métres plus loin, trouvant une petite ére de repos pourvue de table de camping.

Souriante, elle se jeta dans mes bras a la descente du véhicule et me chuchotta dans l'oreille :

  • Alors qu'a tu choisi : de me faire payer un gage, ou de faire rotir un agneau sur une broche de Nérium oléander .
  • pour le gage, j'attendrais cette nuit dans la maison de ta tante, quand dans la chambre voisine , ta tante dormira, que tu ne vouras pas crier de peur de la réveiller, j'ai adoré te voir transpirer cette nuit, les lêvres pincées au sang, tu gémissais cependant, avant de mordre draps poings et édredons, ça a décuplé mon plaisir .
  • Salaud, tu es un salaud !
  • Moi aussi je t'aime, raconte moi ton Espagne, parle moi de ce qu'on voit, c'est vrai qu'on voit dans toutes les directions et que c'est magnifique
  • La mer à L'est d'où nous venons, la région de Valencia, droit devant nous, Teruel dans un creux, la sierra, verd le nord, la sierra encore ! C'est ici où l'on s'est le plus battu pendant la guerre civile, il ya presque cent ans de ça, pourtant, les plaies sont encore visibles, je te ferais visiter cet aprés midi, sur la route de Saragosse nous visiterons le village martyr de Belchite, jumellé avec la ville d'Oradour sur Glane en france, tu voulais que je te raconte mon Espagne, d'autres l'ont fait mieux que moi, écoute ce passage de l'Adieu aux armes d'Ernest Hémingway, il en parlera mieux que moi, comment se fait il que cet auteur ne soit pas ton auteur de chevets d'ailleurs ? Non seulement je dois faire ton éducation sentimentale, mais en plus je dois faire ton éducation littéraire, écoutes ce passage, tiré au hasard :

  • Pourtant, tu as tué
  • Oui. Et je le ferais encore. Mais si je vis aprés ça j'essaierai de vivre de telle façon, ne faisant de mal à personne, que je serais pardonné.
  • Par qui ?
  • Qui sait ? puisque nous n'avons plus de dieu ici, ni son fils, ni le Saint-Esprit, qui est-ce qui pardonne ? Je ne sais pas.
  • Tu n'as plus de dieu ?
  • Non, bien Sûr que non. S'il y avait un dieu, il n'aurait jamais permis ce que j'ai vu de mes yeux. Dieu on peu le leur laisser.
  • Ils le réclament.
  • Sûr qu'il me manque, élevé comme je l'ai été dans la religion. Mais maintenant, il faut qu'un homme soit responsable envers lui-mëme.
  • Alors c'est toi qui te pardonneras d'avoir tué
  • Je crois...

Aprés un long silence elle rajouta :

  • Alors, c'est pas fort ça ?
  • Oui, c'est beau, c'est bien écrit... Stendhal aurait pu écrire ça !
  • Mais Stendhal ne l'a pas écrit, de toute façon, Stendhal n'aurait pas été dans le bon camps en 1936, Stendhal était du coté de Napoléon, Napoléon n'a jamais compris l'Espagne, ça a été le début de la fin pour votre empereur, L'Espagne d'abord, la Russie ensuite... Stendhal à aimé L'italie, il ne connaissait pas l'Espagne...Hémingway aimait l'Italie, aimait l'Espagne, je vais te lire un autre passage d'une autre de ses oeuvres, mort dans l'aprés-midi :
  • Monsieur, je ne sais pas ce que vous entendez par amour. Ce mot ne sonne pas trés franc dans votre bouche.
  • Madame, c'est un vieux mot, chacun le prend pour nouveau et finit par l'user lui même. C'est un mot qu'on remplit de signification comme on gonfle une véssie d'air, et le sens s'en échappe aussi vite. On peut le crever comme on créve une véssie, le rapiécer et le gonfler de nouveau, et si vous n'avez pas éprouvé ce qu'il représente, il n'existe pas pour vous. Tous le monde en parle, mais tous ceux qui l'ont éprouvés en portent la marque.
  • C'est beau hein, oh bien-sûr, Mort dans l'aprés-midi est une ôde à la taureaumachie, pour qui me prends-tu, j'ai une gueule à aimer celà, moi qui serait végétarienne si je n'aimais pas autant le gout de la viande... Mais Aimer un pays une culture, c'est l'aimer même dans ce qu'elle a de plus abject,et je te l'accordes, la mort d'un taureau n'est pas le plus beau à voir. T'es tu demandé pourquoi le rouge est si prisé en Espagne? il est même présent sur le drapeau. Je te ferais lire Hémingway, moi, je e le ferais aimer... euh, je ne sais pas si c'est une bonne idée en fait, Ernest aimait le femmes, énormément, il les cocufiait à tour de bras...

Elle s'échauffait en parlant, elle était belle, sauvagement belle, sa robe, longue flottait dans le vent qui fouéttais ces cimes, elle m'avait dit avant de venir ici :

  • L'hiver, c'est terrible, imagine toi en 1937, dans le froid, la neige, le vent, ils avaient rien dans le ventre qu'un peu de vin, ils avaient les doigts gelés qui collait au métal froid, la mort était partout . Teruel, c'était l'enfer, c'est donc le diable qui a gagné. Quand la bataille à été perdue, l'autre, le démon à repoussé les républicains à la frontiére, plus d'un million d'homme et de femmes ont passés les pyrrénnées,certains y sont morts. Mes arriéres grands parents étaient déjà en France à ce moment là, la famine et la mort n'ont pas attendus le Caudillo pour arriver dans la péninsule, on crevait de faim en espagne au début du siécle dernier. Mes ancêtres ont vus tous ces pauvres qui fuyaient, ils sentaient la défaite, le chagrin, ils avaient crus dans un monde meilleur... ensuite l'enfer est entré en France aussi

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