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Alessandra

Demain, Marcello doit retourner à l'hopital, pour subir sa seconde chimio, à l'évocation de ce mot, il grimace mon héros, lui qui n'a jamais eu peur de rien. Nous avons pris rendez-vous avec Salvini à Roma, c'est lui qui suivra Marcello. Nous l'avons eu en visio, il nous attend dans un hopital flambant neuf avec des méthodes révolutionnaires. Il m'a promis de guerir mon mari, il a soigné des plus coriaces que lui m'a t'il affirmé.

Le magasin n'est pas encore vendu, ensuite ce sera le tour de l'appartement, Mais c'est une agence qui doit s'occuper de tout ça. Nous, nous serons à Rome mardi, mercredi au plus tard. Nous avons dégotté un petit appartement Maraviglioso, petit, mais cosy, Nous y habiterons, le temps du traitement, ensuite nous nous installerons pour finir nos vieux jours, si dieu prête vie à Emiliano, dans l'appartement familial à Parme, en plein centre ville à trois rues du Pallazzo Della Pilotta, comme ça nous pourrons embrasser ma belle soeur à 50 kilométres de là à Bussetto, la ville natale de Guizzeppe Verdi ! Milan n'est pas trés loin non plus. Marcello préférerait, un petit village des pouilles ou des Abruzzes, un cabanon sarde ou un chalet dans le val d'aoste... Mais je le connais, contrairement à moi qui suis une vrai sauvage, lui , c'est un citadin pur jus, s'il adore voir les champs qu'ont broutés la vaches dont il mange le fromage, la terre où a poussée la grappe de raisin qui a finie dans son verre il ne supporte pas le chant du coq au petit matin et de prendre la voiture pour boire son petit noir sur le zinc. Il s'emmerde vite à la campagne et il a horreur d'avoir de la boue sur ses chaussures cirées de frais. Je sais ce qu'il adviendrais si j'accedais à ses caprices, au bout de quelques mois, il commençerait à tourner en rond et puis un beau jour , il me dirais

  • Ma ! Jé né sais pas ce qu'il m'a pris de m'enterrer ici, on vend, on retournes à Fiorenze, ou Bologne, le silence la nuit, me troue les tympans. Je ne vais pas commençer à mon age à tracer des raies dans la terre pour planter des salades, je n'ai jamais su comment il fallait faire.

Moi, ça me conviendrait trés bien, surtout le Val D'Aoste, je me souviens du petit village d'Etroubles que nous avions visités, a deux pas de la suisse, au pied du Grand Saint Bernard. Bon Etroubles serait sans doute trop petit pour moi aussi, une fois que j'aurais gravie toutes les montagnes aux alentours que ferais-je ? Il doit y avoir des Julien Fabrice la bas aussi, me rouler dans la paille avec eux et photographier les vaches deviendrai vite mes occupations principales. Et puis, il nous faudra des commerces, une école pour l'enfant qui viendra... et qui sera à la fois toi et moi*... Marcello !

Allez, dis quelque chose, dis moi si tu le veux ou pas cet enfant, je te connais, tu peux rester des heures à ruminer.Il ne sert à rien de te tirer les vers du nez, tu t'en sortirais avec des phrases creuses, des maximes d'un autre temps, des phrases de livre.

Oui, je sais, j'ai sans doute fait nimporte quoi là, mais il faut me comprendre, je n'ai pas l'age de prendre ma retraite, de toute façon je n'ai jamais travaillée, et bien ça changeras à Parme, je trouverais bien une place dans le tourisme ou la culture, avec un Deug d'Italien et une licence d'histoire de la littérature... Verdi, Paganini, les peintres Parmigianino, Le corrége... et Stendhal y ont laissés des traces :

Le Nom de Parme, Une ville où je désirais le plus aller depuis que j'avais lu La Chartreuse, m'apparaissant compact, lisse, mauve et doux, si on me parlait d'une maison quelconque de Parme dans laquelle je serais reçu, on me causait le plaisir de penser que j'habiterais une demeure lisse, compacte, mauve et douce, qui n'avait de rapport avec les demeures d'aucune ville d'Italie...*

En évocant ainsi la Chartreuse de Parme comment ne penserais-je pas à L'autre, celui qui doit être le véritable pére de mon enfant. Je me le rapelle, Julien l'enfant claironnant a qui voudrais bien l'entendre Qu'il n'y avait que la Chartreuse, qu'elle était bien supérieure au rouge et au noir. Moi comme une gourde, j'étais tombée dans le panneau, dans le piége grossier qu'il avait creusé... était il si naif ? Ou bien n'était il pas déjà Fabrice l'aventurier, il me prenait pour Clélia alors que je n'étais que la Del Dongo, une vieille tante frivole avide de jeune chair.

Marcello doit avoir ça en tête également, dois-je lui donner tort ? N'agirais-je pas ainsi à sa place... Ah que son silence m'est pénible ! Marcello Amoré mio, aime moi encore, comme tu m'as toujours aimé, c'est pour toi, pour nous sauver tous les deux que je pars en italie. Et, le petit truc que j'ai dans le ventre si c'est un fils l'appelerions nous Sandrino ?

Je t'en prie, Amore mio, dis quelque chose, ne reste pas désespéremment muet !

le fauteuil dans un coin s'anime, il pose son journal, me regarde droit dans les yeux et me dit enfin :

  • Veux tu encore du café, veux tu que j'aille en refaire
  • Oui mon amour, si tu n'a pas peur que je devienne une pile électrique .
  • Trop de café, ça nuirait à... ton état de santé ?
  • Mais je ne suis pas malade, je suis...

C'est volontairement que je ne finit pas ma phrase, a lui de dire le mot, à moins qu'il ne lui brule la langue... Il devra s'y faire. Tiens c'et drôle maintenant que j'y pense, il ne parle pas par... comme habituellement, par périphrases sybillines, il doit être secoué, ne serais-ce que sa maladie ?

Il revient de la cuisine, il a lancé une seconde cafetiére m'a t'il dit, il l'a fait moins fort, de toute façon il parait qu'on lui a dit de diminuer les exitants, de limiter thé et café. Il me fixe, ni gentiment, ni méchament, les sourcils en accent circonflexes, il se gratte l'arrête du nez et se lance :

  • Cet enfant, il serait de moi ?

Mes mains tremblent, ma bouche est sêche, mon coeur a raté un battement, mais je me force à le fixer, sans sourire, comme lui, je lui répond, sans perdre mon calme,avec le plus d'aplomb possible, oh seigneur que c'est dur ;

  • De qui voudrait tu qu'il soit ?

Il sourit enfin, s'approche de moi, embrasse ma main et sussure :

  • Si tu le dis c'est que c'est vrai, cette réponse me suffit, ce sera donc notre enfant, oh ma chérie, je suis si heureux

Il s'agenouille, encercle de ses deux mains mon ventre encore plat et l'embrasse

  • Grazié mille ! Tu va faire de moi l'homme le plus heureux de la terre !

* A toi, Joe Dassin

* Marcel Proust, du coté de chez Swan

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