31.1

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Claudio Luciano

Dans ce paysage de western, elle parlait, elle parlait, et moi j'écoutais, à force d'entendre sa voix, je commençais à la trouver jolie . Au bout d'un moment, n'y pouvant plus, je scellais ma bouche à la sienne pour la faire enfin taire, il y avait des gens qui n'aimaient pas le silence, qui voulaient le peupler à tout prix, Maëlle était de ces gens là... même au lit elle jacassait comme une pie, parfois juste pour la faire taire, comme en ce moment, je l'embrassais... Je ne me serais jamais permis de la faire taire autrement !

Mais je ne comprenais pas , comment pouvait on ne pas vouloir se taire dans des endroits aussi vaste que celui là... juste écouter le silence qui habitaient ses lieux, juste pour goûter ce plaisir là je fit durer le baiser, la belle ne le comprit pas comme celà. Elle ne pouvait plus parler avec sa bouche, trop ocupée qu'elle était, ses mains prirent le relais, elle n'était pas méditéranéénne pour rien. Ses doigts aussi avaient sacrément de la conversation, nous finirent derriére une dune couchés dans les buissons, le soleil bientôt au zénith éclairait nos ébats. Dans le ciel, une buse, ou étais-ce un aigle ou un vautour tournait autour de l'astre supréme. J'attendais, anxieux qu'un parti de Comanche, une troupe d'Apaches, un commando de kiowa, descendent de la colline, j'imaginais leurs Apalousas aux sabots non férrés courir sur ses vastes étendues de sable rouge .

  • j'ai faim, me dit elle, je connais un petit endroit sur la route de Saragosse où ils ont une charcuterie à tomber par terre, un de ces jambons... allons y, veux tu ! Tout ça m'a ouvert l'apétit !

Je ne répondis rien, gâlement l'aida à se relever et l'aida a épousseter ses vétements, nous nous faisions pas trop d'illusion, le rouge sur les fringues, ça part pas, ça reste !

Je la serrais tout contre moi, sentant son corps chaud contre le mien, moi aussi j'avais faim, mais je me sentais heureux, rempli d'un bonheut comme jamais je n'avais ressenti. je fis taire la petite voix qui chantait au fond de moi et disait :

Fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve*

Se pouvait il que cette fille magnifique que je ne méritais pas puisse faire taire mes démons ? Oui, je pourrais faire un brin de chemin avec cette femme, la rendre heureuse, je n'en étais pas sûr, mais je pourrais essayer !

  • Je suis bien avec toi, me dit elle un peu plus tard !
  • Moi aussi je crois bien que je t'aime, lui répondis-je !

Sa réponse non verbale faillit me foutre à terre, elle m'embrassat alors, comme un pirate part à l'abordage !

  • Si tu me bouscule ainsi de la sorte, je pense que nous pourrions rouler à nouveau dans les buissons, dans les Tumbleweeds !
  • Chiche ! me tira t'elle goguenarde dans un petit vallon caché . Mais, tu as beaucoups trop d'imagination les "virevoltants", c'est dans le désert d'Arizona qu'on les trouves...

*

C'est vrai que leur jambon est fantastique !

Il y a un proverbe ici qui dit :

"Le soleil brille à partir du moment où l'on me donne un peu de vin et de jambon !"

Le romancier Camilo José Céla, que Maëlle me fit découvrir écrivait :

Le jambon ne se déguste pas seulement en le sentant et en le goutant, car la frénésie peut apparaitre en le machant. C'est une morsure des bienheureux !

Et que dire du vin !

j'avais le choix entre un Rioja fin et aromatique ou un grenache noir local, un Garnacha gouleyant qui allait trés bien avec la charcuterie Ibérique... car il n'y avait pas que le jambon, non leurs Salchichons ou autres chorizos, servis avec une tortilla pommes de terre oignons et poivrons rouge !

Je me fis pêter le ventre !

Elle aussi, mangeait pour deux. C'était plaisant de la regarder manger. Cette fille était fantastique, elle mangeait comme deux parlait comme quatre vivait comme huit, riait comme personne, plaisantait comme quinze. Elle était toujours à fond et ne ralentissait jamais, je l'admirait. j'espérais être toujours là pour l'accompagner si d'aventure un virage pris trop vite mériterais d'être négocié. Grace à elle, a son amour, j'oubliais l'autre, j'oublierais l'autre, les autres. Elles n'étaient plus que de pales ombres mangées par les brumes du passé désormais, même l'autre, la petite signora au malaise vagual. Naëlle prenait toute la place. Il fallait dire que les pyrénnées étaient un rempart pour moi, j'adorais ce pays, j'adorais cette femme et le vin me rendait amoureux, plus que de raison.

Aprés le café, j'eus encore envie d'elle, je le lui dit, elle me répondit dans un petit rire sonore et discret à la fois dont elle seule avait le secret :

  • A ce rythme là, on ne sera jamais à Saragosse ce soir !
  • Les autres visites de villages ne m'interessent plus pour l'instant trouvons une chambre et passons y l'aprés-midi, il me faut digérer toute cette nourrritture bien riche, un petit footing entre des draps en satin, ça te dis !

Bien sûr que ça lui disais, la gargotte avait aussi des chambres, nous payames le repas et en prirent une. jusqu'à présent j'avais de la merde aux yeux, c'était elle la femme de ma vie, j'en étais certain désormais.

comment on dit déjà, ah oui !

j'étais gai comme un italien quand il y a des femmes et du vin !*

et elle me répondit, comme si elle lisait dans mon esprit

Femme, une femme, dans tes bras *

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