32.1

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Marcello

Roma, Roma... Voir Rome et mourir, non, ce n'était pas ce que je voulais vraiment, mais le proverbe avait presqu'été prémonitoire. Sortez moi donc de là.

Allez il ne faut pas que je pleure sur mon sort, j'ai vu bien de pauvres gens dans ce mouroir depuis que j'y suis, bien plus mal en point que moi.

Ce matin le sourire est revenu sur ma pauvre bouille, on me donne l'autorisation de voir ma femme, de passer une dizaine de jours avec elle, je pourrais ainsi jouer à la belle et à la bête.

Pauvre Alessandra, elle doit souffrir elle aussi, seule, dans une ville où elle n'a pas d'amies. je la trouve fatiguée, toujours aussi belle, mais les traits tirés. Elle me souris quand elle me voit, et, ce sourire, me transporte de joie. qu'importe tout ce que j'ai pu me dire pendant ces dix jours de cachots, elle est là, le reste m'importe peu.

Qu'importe toutes ces pensées malsaines qui ont trave rsées mon esprit fatigué : Qu'elle devrait trouver un homme jeune qui l'aimerait comme elle le mérite, qu'il l'a fasse grimper aux rideaux, qu'elle mérite mieux que ce vieux dégeulasse,que cette gueule de détéré que je vois au petit matin dans le miroir des Wc de ma chambre d'hopital.

Elle se serre contre moi, m'embrasse, cherche mes lêvres, et moi, fier comme Artaban je me laisse faire.

Salvini est là, hautain lointain, il profféssoré, je n'aime toujours pas l'homme, quoique il soigne bien, il a ce jour la, tout juste un regard pour moi, par contre, Alessandra il la mange des yeux, pense t'il en ce moment :

Que fait ce vieux con avec cette douce colombe, du lard donné à du cochon

Il s'adresse à ma femme soudain, brutal presque :

  • Faites attention avec lui, il est fragile, ne l'embarquez pas dans un périple de six cent kilométres comme l'autre fois, mais accompagnez le dans de petites promenades, faites lui visiter Rome, La villa Borghése et son grand parc, allez à la mer, pas à Rimini mais à Ostie, j'ai bon espoir qu'il se rétablisse complétement, bientôt, le plus dur est derriére nous ! Je compte sur vous, ne l'épuisez pas, j'ai besoin qu'il soit un homme reposé dans dix jours... ah oui, il n'y a rien qui lui soit vraiment interdit !

Puis il se retourne vers moi et d'un air canaille me lance :

  • Vous aviez une belle plume trempée dans de l'acide autrefois, vous étiez un journaliste craint et admiré, je n'étais pas tout à fait de votre bord politique, mais j'aimais bien lire vos éditos, piquants comme des petits piments, quand j'ai su que je vous aurais comme patient j'en ai été enchanté, j'aurais aimé débattre à fleuret mouchetté avec vous, mais j'ai vite été déçu, je n'ai eu droit depuis que vous étes là qu'à un vieillard fatigué et ratatiné sur lui même... dans dix jours je veux avoir un duettiste devant moi, un homme fier de se battre, pour ses idées et contre la maladie... Ah, vous avez une femme magnifique, je vous l'envie, si vous vous battez pas pour vous, battez vous pour elle !

Puis, il se retourna et nous souhaita une bonne journée

Je ne m'attendais pas à ça, je n'étais même pas sûr qu'il se rappellait de moi, il ne m'avait pas oublié, même si ça faisait presque vingt ans que j'avais quitté le milieu du journalisme et de la politique, je n'en était pas peu fier, oui je me battrais, pour Aless et pour la petite que nous aurons bientôt, car j'en étais persuadé, nous aurons une bambina !

Oui, je le sais bien, cet enfant n'est sûrement pas de moi, c'est même certain qu'il est de l'autre, mais si Aless, malgrés tout, malgrés ma vieillesse, ma maladie... Je ne dois pas me poser de questions. Il à raison Salvini, j'ai une chance inouï d'être entouré par cette femme merveilleuse, qu'il m'envie Aless, me remplit de joie.

Tiens, la vie est belle à présent, et j'ai envie d'un bon café, celui de la clinique est dégueulasse, je pourrais les traduire en justice pour empoisonnement à la cafeïne, quoique je perdrais sûrement mon procés... je ne suis pas certain que cet hersatz mérite qu'on l'appelle café .

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