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Naëlle

Six mois, et il m'en restait trois, encore trois. J'avais enfin finie les périodes ou je vomissais tout le temps et là, je grossissais, je grossissais, je grossissais. Comme une oie gavée au maïs qu'on boufferait à la Noël.

Je rentrais du travail, un peu plus tôt qu'habituellement et il m'acceuillait avec son sourire de niais, son sourire du ravi de la crêche, je n'en pouvait plus de tout ça. Le soir venu il prenait milles précautions, comme s'il avait peur de moi, comme s'il avait peur de me faire mal ou de faire du mal au bébé. Mais je ne suis pas en sucre, je ne suis ni un santon de Provence qu'on regarde ravi, ni un fruit confit sur une galette des rois. Oui, je ne pensais qu'à manger en ce moment, j'avais toujours faim, rien que du sucré. de toute façon je n'avais droit ni aux fromages au lait cru, adieu Reblochon Banon et Saint Marcellin, ni à la salade mal lavée. Comme si je ne savais pas laver la salade... Faudrat que je me remette au sport aprés, je ne voudrais pas ressembler aux mamans Tupperware d'autrefois. un sourire niais au coin des lêvres et quelques kilos en trop dans les hanches les fesses et les cuisses.

Mais, Claudio, n'ai pas peur, tu peux me bousculer un petit peu. je n'en pouvais plus de ces attentions de chaque instant, de comment appelait-il ça déjà, ah oui de ces calins tout mimis, tout calmes. Moi je voulais qu'il me fasse l'amour... j'avais envie de lui dire, mi provocatrice, mi guoguenarde :

  • Tape dans l'fond j'suis pas ta mére !

Au lieu de ça, lui qui en avait toujours envie, ce gros cochon, il me disais qu'on avait qu'à attendre quelques temps. que rester là contre moi lui suffisait, à regarder une niaiserie sur Netflix, moi ça me gavait. Ecrivait -il toujours des cochoneries de blondasses filasses qui roulaient dans les champs avec Angélo ?

Je n'ai jamais été grossiére ni vulgaire, ce n'est pas ma marque de fabrique, mais j'avais envie de le secouer. Qui lui avait dit qu'une femme enceinte devait être prise avec des pincettes, sa mére ?

Sa bécasse de mére dont il avait dit vouloir se rapprocher ?

Moi, je ne l'ai même pas annoncé à Tia Magda, ma vraie famille. Il voudrait aussi que je me rapproche de mon paternel, comme il fait avec les siens. Si on veut se marier on est pas obligés de le faire avec pére et mére si on ne s'entend plus avec eux. De toute façon je l'entend déjà d'ici dire :

  • Le Finistére, mille kilométres, dans ton état, est-ce bien prudent ?

Et je n'aurais pas manquée de lui répondre :

  • Le Var, cest sans doute moins loin, mais est-ce plus prudent ?

J'aurais aimé lui rappeler ce que m'avait dit le médecin qui m'a ausculté recemment:

  • être enceinte, ce n'est pas une maladie, c'est même plutôt le contraire, avant de lachement m'assassiner dans mon dos en rajoutant, vous devriez tout de même lever le pied un peu .

Un peu, c'est combien un peu !

Au travail l'embiance n'est pas meilleure, la vieille est complétement dans les chous. elle à engagée une jeune et fraiche diplomée récemment, une jeune pintade blonde comme les blés, elle plairait à Angélo celle là, mais elle n'est pas boulangére. Elle fait sympa comme ça mais je sais qu'elle à les dent longues, c'est un similodon, je peux appercevoir ses canines quand elle entrouvre la bouche dans un sourire carnassier. La vieille me l'a foutue dans les pates, il faut que je la forme... Et puis quoi encore ! je suis bien obligée de le faire, puisque la chef me le demande, mais retrouverais-je mon poste à mon retour ?

J'ai essayé d'expliquer à la vieille, qui est d'une autre époque, qu'avec les outils que l'on a maintenant, je pourrais travailler de la maison, et que j'aurais une super nounou pour s'occuper du bébé pendant mes heures de travail.

Et vous ne voulez pas que je sois pas contrariée ?

Heureusement, dans quatre jours je dois aller à Munich, Ragnarok va me la jouer grand prince... quoique qui va s'interesser à une grosse vache comme moi. Ah non, pas question, Emilie belle gueule dent de sabre ne fera pas partie du voyage et, croyez moi, je ne lui facilite pas le travail. je change les mots de passe tous les jours... juste pour l'emmerder. Elle est allée se plaindre à la patrone l'autre jour, je sais que la vieille n'aime pas ça, les pleurnichardes.

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