Naëlle

C'est aujourd'hui le plus beau jour de ma vie, enfin c'est ce qu''on dit , je ris je chante, je ne bois pas, j'aimerais bien... mais, mon ventre est encore gros, trop vite, où vais-je ainsi ?

Lui, beau comme le prince charmant dans son costume Pingouin l'es, en tout cas, il en a l'air !

Et moi ?

Qu'est-ce que c'est qui coince ?

J'ai dit oui, bien entendu, j'ai joué la comédie de la jeune viérge que le pére- venu directement de Bretagne pour l'occasion- menait à l'abattoir. J'ai souri plus que de raison, ri fort, trop fort, j'ai même pleuré, juste ce qu'il faut pour mouiller ses yeux. J'aurais bien aimé tremper mes lêvres dans une coupe de champagne, voire deux ou trois, même quatre, mais je n'y ais pas droit. Personne ne le sais bien entendu, à part nous deux, mais tout le monde s'en doute désormais, oh! ça ne se voit pas, je ne suis enceinte que de trois mois.

Un oncle lointain, de son coté à lui, déja presque saoul dit des anneries, ça fait rire la galerie :

• Mariage pluvieux , mariage heureux... et quand il ne pleut pas, on dit quoi ?

Je voudrais lui répondre de se taire, qu'il se taise, mais, bêtement, je ris avec les autres

Et la musique, qui a pensé à la musique ? Qui écoute ça de nos jours :

La macaréna, Joe Dassin, Mike Brandt... qui écoute encore ces vieilleries d'un autre age

Et si tu n'existais pas
Dis-moi pourquoi j'existerais?
Pour traîner dans un monde sans toi
Sans espoir et sans regret
Et si tu n'existais pas
J'essayerai d'inventer l'amour
Comme un peintre qui voit sous ses doigts
Naître les couleurs du jour
Et qui n'en revient pas *

Alors je m'évade, pourtant tout avait si bien commencé :

Je l'avais dragué, ce n'était pas lui qui l'avait fait, c'était moi, qu'avait il de plus ce mec que les autres n'avaient pas ?

Il avait l'air paumé, toujours un peu ailleurs, toujours un peu triste, le top, le must c'est quand je l'avais consolé sur ce banc :

Qu'c'est au hasard des rues,
Sur un d'ces fameux bancs,
Qu'ils ont vécu le meilleur morceau de leur amour...*

Je lui avais frolé l'épaule et il s'était vidé, vidé de toutes les larmes de son corps et il avait raconté sa vie, moi, je n'avais fait qu'écouter, sans rien dire, sans bouger. Je me suis contentée d'être là, c'était tout, et, je l'ai embrassée, oui, je l'ai embrassée la premiére. Et il s'est laissé faire, oh je n'étais pas dupe alors, ce n'était pas à cause de moi qu'il pleurait, il en avait une autre dans la peau, ça se voyait, mais je savais ce que je faisait. C'était lui que je voulais, personne d'autre et je me suis battu pour le garder. Quand l'autre est revenue à l'attaque, j'ai riposté. L'amour tous les jours je l'ai cultivé.

Alors, qu'est-ce qui ne va plus ?

On me bouscule, on me demande pourquoi je pleure, pourquoi je n'ai pas l'air heureuse

Alors je ris, comme une idiote je ris, trop haut, trop fort, mais je rie. Ce n'est rien, juste un peu de fatigue, rien d'autre. Suis-je la seule à ne pas le croire ? Non c'est le plus beau jour de ma vie, enfin ça devrait l'être.

On veut danser avec moi, alors je danse... et je le regarde, lui, il a l'air dans son élément, comme une loutre dans une riviére nageant au milieu de truites farios, il est beau, si beau et je comprends ce qui m'a plu en lui. Je suis une imbécile, je n'ai pas le droit de douter, c'est moi qui l'ai eu le plus beau, je vois comment les autres femmes le regardent, suis-je jalouse ?

Non, je suis consciente, c'est tout.

Alors, qu'est ce qui ne va plus ?

Si je le savais...