52

4 minutes de lecture

Naëlle

Alors là, je n'en revenais pas, il me l'a joué bon seigneur, grand prince, il m'a joué les valses de Vienne et fais rêver aux chateaux d' Espagne.

Et moi, j'ai plongé.

Mais revenons un peu en arriére :

Ce jour là, hier, devant l'officier d'état-civil, sa famille, la mienne, j'ai dit oui, pourquoi n'aurais-je pas dû dire oui, juste parce que je n'arrivais pas à dire non, Mais à quoi aurais-je dû dire non ?

Il ne m'a pas fait de grandes scénes, il n'a pas joué les grandes fontaines, l'ordonateur des grandes eaux, l'aurais-je voulu tapageur, vindicatif, je ne le crois pas. Il m'a juste prise entre quatre yeux le lendemain en me disant :

  • Si on jouait carte sur table, c'est quoi qui ne va plus entre nous ?

J'ai voulu nier au début, jurer mes grands dieux que tout allait bien, m ais il ne m'a pas laché. se doute t'il de quelque chose ? N'ais-je pas été assez prudente ?

Il n'a pas été dupe, il est revenu à la charge :

  • Ecoute, si tu ne m'aime plus, dis le moi sans embages, je peux comprendre, je ne suis plus un enfant...

Comme je bredouillais les yeux dans le vague me tordant les mains de vagues propos inaudibles, il me coupa à nouveau :

  • Il y a longtemps que nous ne sommes plus allés marcher, veux tu marcher en forêt, aprés ce que nous avons mangés hier, un peu de marche nous fera pas de mal et nous parlerons plus librement ainsi.

Il avait tout prévu en fait, le sac à langer de bébé était fin prêt, le sac à casse croute également, j'ai même remarqué le nom de la boulangerie, sur l'emballage du pain, ce n'était pas celle du bout de la rue, ce détail à lui tout seul ne voulait probablement rien dire mais il était parlant de son état d'esprit du moment. Il savait que je lui avais reproché - en plaisantant, mais en plaisantant on dit souvent ce que l'on pense- de draguer ou d'accepter d'être dragué par la jolie vendeuse de pain, une blonde à forte poitrinne, vous croyez que je n'avais pas remarqué ses sourires et ses mimiques ?

Je n'étais pas jalouse, les jaloux sont des gens trés peu sûrs de eux même habituellement, je sais que je lui plais. je sais aussi que s'est installé entre nous une certaine distance, est simplement ma faute, ou étais-ce une resposabilité partagée ?

Oui, pourquoi tourner autour du pot, je suis jalouse à en crever de cette Sophie la boulangére, elle n'est sûrement pas plus belle que moi, mais...

Je n'ai pas envie d'expliciter ce mais, la derniére fois que j'ai accompagné Claudio dans cette boutique j'ai senti une bouffée de colére m'envahir, j'ai failli tancer Claudio belle gueule, je voyais bien l'interêt qu'il portait à ses grosses mamelles de geunon. Et que je tortille dans tous les sens, que je te montre que je ne porte pas de soutiens-gorge, que je sourie en rougissant, que j'éfleure tes mains en te rendant la monnaie. J'aurais voulue lui arracher les yeux, lui exploser sa jolie petite geule, lui pêter les os.

Oui, je lui en suis gré d'avoir changé de boulangerie.

Mais d'où vient cette distance, ce fossé qui s'est creusé entre nous depuis un certain temps ?

Ce fossé qui fait que jour aprés jours, voyages aprés voyages, je me rapproche de plus en plus de Wegner qui aimerais bien que je finisse dans son lit, c'était moins une, la derniére fois.

Je ne sais pas pourquoi, mais depuis un certain temps je ne suis plus autant réceptive aux caresses de celui qui vient de devenir mon mari. Je n'ai plus autant envie de m'allonger à ses côtés, je traine au travail, je fignole mes dossiers inutilement, devient tatillone avec mes collégues de travail, oups, mes subordonnés. Je n'ai pas encore pris l'habitude de mon nouveau poste, manager de la boite dont j'ai grimpé les marches une par une . serais-je en train de devenir une peau de vache... une, une mal caressée, une mal aimée, comment dit-on trivialement déjà ?

Non, je n'en suis pas encore là, mais tout de même,enfin, je ne crois pas, quoique si je me pose la question ?

Allez, zou, oui il a raison, Claudio, je vais me changer, enfiler des vetements plus confortables, des vétements adaptés à la marche.

Oui, il a raison mon Claudio, une petite sortie nature ne peux que nous faire du bien; depuis combien de temps n'ais-je respiré les senteurs de mousse de feuilles sêches et de sapin ?

Au fait, je l'aime encore Claudio ?

Quelle question bête, si je ne l'aimais plus, pourquoi aurais-je dit oui quand l'adjoint au maire m'a posé la question si je voulais finir ma vie avec lui ?

Est-ce que ça va finir comme avec l'autre ?

Non l'autre n'était pas comme ça, c'était un être égocentrique violent, un drogué, un joueur, claudio belle gueule n'est pas comme ça.

J'ai envie d'autre chose soudain, mon ventre se noue, picotte, mes mains tremblent, mes jambes se dérobent, si on passait la journée au lit plutôt non ?

Je devient tout à coups une petite fille qui va dire un gros mot plus gros qu' elle, une timide qui va tenter une provocation, timide, timorée je ne l'ai jamais étée, c'est pas aujourd'hui que ça va commencer, j'attrappe les fesses de mon Claudio et je le plaque sur le canapé, j'ai envie soudain, une envie tsunami irrépressible et fulgurante, je n'ai plus envie de me poser de questions. Les questions sans fins ça donne mal à la tête.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Etienne Ycart ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0