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Un tsunami m'est passé sur le corps, un cyclone qui me laisse groggy. Je n'ai rien compris, on se préparait à sortir et je me suis retrouvé à quatre pates sur le sol. Hier encore elle paraissait à vingt mille lieues de moi et ce matin alors que je lui proposais de discuter de ce qui n'allait plus, cette distance à été comblée à la vitesse de la lumiére. Je n'ai rien compris, rien vu venir, et non, je ne regrette pas.
Je rassemble mes idées, mes vétements, oui , j'y tiens à notre balade nature, il faudrait qu'on arrive à discuter comme des adultes. Elle dit oui devant l'adjoint au maire alors que je sens qu'elle s'éloigne de plus en plus, elle s'enferme pour téléphoner en Allemagne. Je ne l'ai pas révé ça, je ne pense l'avoir révé.
Elle est revenue, hier aprés un long moment, boudeuse, elle avait mal à la tête, m'a t'elle dit .
Elle est plus amoureuse
Manu faut qu'tu t'arraches
Elle peut pas être heureuse
Dans les bras d'un apache
Quand tu lui dis je t'aime
SI elle te d'mande du feu
SI elle a la migraine
Dès qu'elle est dans ton pieu
Dis-lui qu't'es désolé
Qu't'as dû t'gourrer d'trottoir
Quand tu l'as rencontrée
T'as du t'tromper d'histoire*
Lorsque nous avons enfin dansés un slow, notre slow, alors qu'elle était abandonnée dans mes bras, je la sentais absente, était-elle outre-Rhin ?
Quand tous les invités sont partis vers les deux heures du matin, elle m'a aidée à ranger la salle, enfin le plus gros, et s'est endormie contre moi, mais là encore elle n'était pas là. Je n'avais pas la force de me battre, alors je l'ai laissée partir, je n'avais que son corps entre mes bras, je ne pouvais rien faire d'un corp vide mais je l'ai gardé, je n'avais que ça je me suis vite endormi ensuite, l'alcool, la nouritture trop riche, la fatigue à fait le reste. C'est mon fils qui m'a réveillé à Sept heure avec ses chouinements, elle n'était plus dans le lit, mais enroulée dans un plaid, sur un canapé. Elle à dù profiter de mon sommeil pour s'eclipser, pourquoi ?
*
Je venais de déjeuner, pas folle la guépe, je suis allé me fournir en pain et vienoiseries un peu plus loin dans la rue, je ne voulais surtout pas croiser les yeux de Sophie. Faudrat'il que je cesse cette histoire qui n'a ni queue ni tête ? Chaque chose en son temps, tant que je ne saurais pas sur quel pied danser avec Naëlle, ne précipitons pas les choses. Ma femme s'est réveillée, j'ai refait du café, je venais d'engloutir deux croissants, je lui ai demandé si elle voulait de la piéce montée, je lai accompagné... il y avait à manger pour toute la semaine.
Et c'est là que ça m'a pris, que mon coeur s'est mis à battre trés fort alors que je la voyait comme si c'était la premiére fois, belle à mourir, belle comme aucune autre avant elle, même sophie - Sophie n'était rien pour moi- même celle dont j'avais essayé d'oublier le prénom, la belle Clélia-Louise qui avait fuie en Italie avec son mari malade sous le bras et les autres, celles d'avant. Même "Nez dans le Vent et les Etoiles", mon ex femme n'était pas aussi jolie, tout en étant plus complexe.
Pourquoi m'avait elle dit oui pour partir en pensée à l'autre bout de l'Europe. Et moi, qu'avais-je à dire ? J'avais la plus jolie fille de l'univers sur un canapé à quelques centimétres de mon nez et j'allais caresser les miches de la boulangére, fallait il être sot ?
Que fallait'il faire ? qu'on discute ? qu'on soit à nouveau dans le même fuseau horaire elle et moi ?
Si on jouait carte sur table, lai ais-je dit !
- Ecoute si tu ne m'aime plus, dis le moi sans embages, je peux comprendre, je ne suis plus un enfant
Pourquoi lui ais-je posé cette questions ? en quoi serais-je avancé si elle me répondait par l'affirmative ?
trés vite, comme pour passser à autre chose, pour faire oublier ces paroles en espérant qu'elle ne les ais entendues ou comprises, avant qu'elle ne réponde surtout, ou qu'elle ne réponde surtout pas surtout, je repris, alors qu'elle bredouillait de vagues propos
- Il y a longtemps que nous ne sommes plus allés marcher, veux tu marcher en forêt, aprés ce que nous avons mangés hier, un peu de marche nous fera pas de mal et nous parlerons plus librement ainsi.
Et c'est à ce moment là que je n'ai rien compris à ce qu'il m'arrivait, je la trouvait lointaine, attention j'ai jamais dit froide, mais elle semblait pas impliquée, ailleurs, outre-Rhin ? vu les minauderies téléphoniques de la veille.
Elle semblait hésitante l'instant d'avant, pensive... Puis en un rien de temps une furie me plaqua à terre, m'arrachant mes vétements, je n'y compris goutte, me laissai faire.
L'étreinte fut brusque, rapide, elle se releva rapidement la premiére et minauda :
- on va finir cette conversation dans une autre piéce, une chambre à coucher par exemple, le parquet, c'est froid, pas trés agréable au toucher, pas trés confortable.
J'étais prés à la suivre, sa proposition ne manquait pas de charme, mais je compris rapidement où elle voulait en venir, elle n'avait aucune envie de discuter du fond du probléme, quand je le compris, je me raidis et lui répondis :
- Non, la nuit prochaine nous pouvons faire une nuit blanche si ça te dis, enfin, si tu as descidée de rester quelques jours avec nous. Mais là, j'ai prévu une balade en forêt, j'y tiens, combien de fois sommes nous promenés en forêt tous les trois ?
- Bien chef, répondit elle ! en s'habillant, à contre-coeur, mais tu ne sais pas ce que tu perd, continua t'elle l'oeuil allumé, canaille.
- Oh si, je sais ce que je perds, j'aurais adoré, mais une belle journée comme celle là, c'est fait pour balader au grand air, il faut donner des joues rouges à notre petite Louise, elle a besoin de grand air elle aussi.
Oui, j'aurais adoré rester au lit toute la journée, ne pas répondre au téléphone, n'être dérangé que par Louise, ses biberons, ses angoisses, ses maux de dents... c'était un peu tôt pour ça et ses changements de couches. On aurait fait l'amour, puis encore l'amour, un petit Netflix sûrement puis l'amour à nouveau... Mais demain ou aprés-demain, en fin de semaine au plus tard elle serait retournée au travail et je resterais encore avec mes questions sur le ventre, comme un imbécile. Quand retournera t'elle en Deutschland ? Quand ira t'elle avec l'autre, le Ragnarok, que fera t'elle avec lui ?
Pourquoi nous sommes nous éloignés ? sommes nous en danger ?
La seule façon de le savoir c'est de mettre carte sur table, je mettrais carte sur table s'il le fallait, notre couple méritai vraiment ça. Plus que tout, une question brulait mes lêvres me taraudai l'esprit, une de ces questions qui pourrissaient une vie, tachaient tout mariage même heureux de façon indélébile. De ces questions qu'on ne voulait pas poser de peur de connaitre la réponse, de peur de ne pouvoir accepter la réponse.
Ce deuxiéme enfant, se pouvait il qu'il ne soit pas de moi ? pouvait il y avoir un doute, un tout petit doute ? c'était à moi de poser cette question, pour être éclairé sur l'avenir, pour pouvoir faire un choix éclairé le moment venu.
Ce deuxiéme enfant était il bien de moi... Oh non, je ne pouvais me permettre une telle grossiéreté, je n'avais aucune raison pour le moment de croire qu'elle soit assez sotte pour... quand je vous dit que le vers est dans le fruit . Il faudra l'en faire sortir ou bruler la pomme qui le porte.
Elle et Ragnarok, n'est ce que de l'amitié ? J'ai toujours eu du mal en amitié avec une fille, je n'y ai jamais cru, j'ai toujours assayé de séduire mes amies filles, mais parait-il que ça existe, l'amour courtois, l'amour platonique, même quand l'autre est beau ou belle à damner un mort ?
Pendant que j'enfilais mon manteau, bouclait le sac à dos et préparais Louison, ma petite Louise je n'avais pas fait attention elle s'était approchée de moi, elle n'était encore qu'à moitée habillée elle, et me regardais perdue...oh non, pas ce regard lointain qu'elle avait hier soir, enfin ce matin trés tôt en sortant de sa discussion avec l'autre, non perdu comme si elle avait envie de pleurer. Cet air qu'elles ont quand ça ne va pas, qu'elles ne comprennent pas ce qui se joue , ce regard qui nous faisait craquer...
Je lui ai demandé ce qui n'allait pas et elle me répondit :
- Toi
- Quoi moi ?
- Tu t'est renfrogné, tu as pris un air dûr que je ne te connais pas, que se passe t'il ?
- Prépare toi, veux-tu, lui dis-je en me forçant à sourire
Si j'avais pris un air dûr, je ne m'en étais pas rendu compte, je la serrais trés fort dans mes bras, il était impensable que cette femme ne soit plus à moi, pardon que je n'aime plus cette femme. Je la sentis se detendre et avec un petit sourire en coin lui chuchota dans l'oreille :
- Je t'interdis de me deshabiller à nouveau, il faut que nous sortions, Louise va avoir trop chaud ainsi habillée.
- Alors que font tes mains si prés de mes fesses, j'ai rien contre, mais soit tu les ôtes, soit tu les descend et je ne répond de plus rien.
Je retirais mes mains brusquement comme si je venais de me bruler et dit :
- Je t'attend dehors, je t'aime et ne te fait aucunement la geule, si je reste une minute dans cette piéce avec toi je sais ce qui va se passer mais je veux qu'on aille se promener tous les trois, nous sommes un couple de mariés responsables, pas des bonobos qui ne savent comuniquer qu'avec le sexe.
Avant de sortir, je la regardais furtivement du coin de l'oeil, elle avait son sourire narquois qui disait :
- Tu ne perd rien pour attendre
Cette femme était une petite futée, avait elle compris que je voulais avoir une discussion à bâtons rompus avec elle ? je le pensais. Je ne comprenais pas toutes les raisons de sa réticence à cette discussion. Je sortis enfin, l'air frais me fit du bien .
- Naëlle, il fait si beau dehors, ne tarde pas !
*Manu, Renaud

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