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Allessandra

les mois passaient, voilà un an qu'il etait mort.

Les plaies petit à petit se refermaient, la douleur était toujours là, mais moins vives, je pouvais désormais regarder une photo de Marcello sans pleurer.

Fabrizio grandissait également, il trottinait et babillait du soir au matin et du matin au soir, c'était un rayon de soleil, c'était d'ailleurs de cette façon que je l'appellais :

  • Ciao mio piccolo raggio di sole, le saluais-je tous les matins et immenquablement ça le faisait rire, il fallait dire que j'assortissais mes paroles de mimiques grimaçantes et parfois de chatouilles.

Aussitot réveillé aussitot debout et il parlait et il parlait, je ne comprenais pas la moitié de ce qu'il me disait mais qu'importe, ça me mettait du baume au coeur.

J'avais repris le travail également, je cumulais deux emplois, le matin j'intégrais la petite équipe de l'office du tourisme de la ville de Parme, le soir et parfois la nuit je traduisais des romans, italien vers Français, Français vers Italien, je reprenais des cours également, en langue anglaise... il fallait que je m'occupe, pour ne pas penser, je dormais toutes les nuits, trois quatre heures, abrutie d'une fatigue animale, le week-end je faisait du sport, tous les dimanche matin je courrais dix kilométres sur les berges de la Parma

Si je m'étais fait draguer, sûrement, mais je n'accordais pas trop d'attention à l'autre sexe, mon fils me suffisait, mon fils et mon chagrin.

Le bel inconnu du marché, oui je l'avais revu, j'avais à nouveau partagé un café avec lui à la terrasse d'un café, ses yeux n'étaient pas aussi noirs que ce que j'avais cru, son sourire semblait syntétique, ses mots creux, la magie de la premiére fois avait fui, j'avais réussie à percer son regard sans rien ressentir, je le fuyait daurénavant. Je ne le fuyait pas par peur de céder à ses charmes, je le fuyais au contraire car il était dénué de charme.

Des hommes comme Marcello, ça ne court pas les rues, quand on en rencontre un dans sa vie on peut s'estimer heureuse.

Si la France me manquait, oui et non, Grenoble avait été un interméde charmant dans ma vie, un grand morceau de bonheur, mais je n'aurais sans doute pas la force d'y retourner seule.

Etais-ce le bonheur ce que je vivais ?

Je n'irais pas jusqu'à là, je dirais que j'étais en train de trouver ma place dans le grand tout qui était l'univers, que j'étais une survivante et que beaucoup d'hommes et de femmes étaient plus mals loties que moi sur cette terre.

J'avais bazardée tous les vieux disques de Caruso chantant du Verdi, tous les vieux films des années 50, les De Sica et les Mastroiani. Je découvrais comme une grande la culture anglo-saxonne, comment avais-je pu passer à coté des Madonna, Prince, Micheal Jackson et autres Fredddy mercury

J'avais entamée ma métamorphose, du passé faisons table rase aurait dit Marcello, et bien, c'est ce que je faisait.

Bientot viendrons les temps où je sortirais à nouveau, mais je n'en avais pas trop envie en ce moment, j'avais décliné une invitation pour un repas familial dominical avec une de mes nouvelles amie au travail, se fait-on des amies en trois mois ?

J'avais tant besoin d'amis. Quand je disais que la seule présence de mon fils me suffisait je me mentais à moi même bien entendu, je n'avais jamais aimée dormir seule la nuit, c'est pour celà que je dormais si peu, je préférais glaner des moments de sieste dans la journée, quand Fabrizio faisait la sienne par exemple.

Les aprés-midi, sieste comprises, je les résevais à mon tout petit qui grandissait à vue d'oeuil: Qui avait dit la naissance est le premier pas qui éloigne l'enfant de ses parents ? Pour l'instant je profitais des longues promenades à travers les parcs de la ville où je le laissais trottiner à sa guise, jouer a la balle, avec les autres gamins-ce n'était pas encore l'age des partages, mai ça viendra- glisser sans fin sur un toboggan et tomber sur les gravillons.

Alors, je me posais sur un banc, les écouteurs dans les oreilles je découvrais les groupes d'aujourd'hui et je laissais le soleil pénétrer mon corps.

Et Non signore, ça m'embête que vous vouliez vous installer à coté de moi alors que pleins d'autres bancs sont inoccupés. Il sentait à plein nez les cosmétiques bon marché et l'homme marié le drageur de supermarché.

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