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Naëlle

Ah la joie d'une marche dans la nature ! Mais qu'est-ce que je m'ennuie dans cette forêt que je connais par coeur, ou bout de ce chemin, un autre chemin, au bout de cet autre chemin, une clairiére, ensuite ça montera jusqu'a la tour hertziénne. Des arbres faméliques mangés par le lierre, succédent à d'autres arbres rachitiques, qu'est-ce que c'est môche une forêt péri-urbaine.

Je lui ai dit que je devais finir le projet et qu'ensuite nous passerions un peu de temps ensemble, Maldives, Polynésie, Caraïbes, safaris Africains ou road trip far west, le choix était vaste, il n'avait qu'à choisir notre destination, on pourrait même passer un mois au bord de mer s'il en a envie, Espagne, Cote d'azur, Littoral armoricain, là aussi je lui laissait carte blanche.

Il veut parler, et bien de quoi veut-il parler ?

J'écoute, sans écouter son monologue... S'il écrit comme ça, il n'y a aucune chance que ses livres puissent se vendre. Mais je vais essayer d'être constructive puisque c'est ce qu'il veut. Non, je ne vais pas lui dire que ce qu'il me dit m'ennuie profondément, sinon ça partirait à la bagarre, et c'est surtout ce que je veux éviter.

Si je le colle contre un arbre pour le faire taire, ça le ferait ?

Franchement, j'ai trois jours à passer en famille, j'espérais que ça se passerais mieux. Allez ma Naëlle, tu ferme ta grande bouche, tu ouvre les oreilles et tu écoutes ce que dit le monsieur. Et tu respire le bon air bien pollué des usines du bord de Drac, juste à coté.

  • Et toi ma chérie, tu ne réponds rien ?

Je savais bien qu'il allait me la poser cette question, je la sentais arriver, bon, je vais répondre alors :

  • Que veux tu que je te répondes, je te l'ai déjà dit que j'ai autre chose de plus important en tête en ce moment...
  • Plus important que nous ? me coupe t'il.

Je dois peser mes mots, pas m'emporter, sinon ce ne sera pas constructif, mais merde, j'ai l'impression d'être face du délégué CGT de ma boite, qui voudrait que je sache comment l'entreprise va évoluer. Je lui ai dit qu'il n'y aurait pas de licenciements pour le moment, il voudrais savoir pour plus tard. Je ne suis pas madame Irma, je ne lis pas dans les lignes de la main ou dans le marc de café l'avenir.

Plus important que nous, bien sûr que non, mais pourquoi croit-il que notre couple est en danger ?

Que vais-je répondre à tout ça ? que veut il vraiment entendre ? je ne comprend pas tout, je n'y comprends rien d'ailleurs. Il se plaint qu'on ne passe pas assez de temps ensemble et il refuse une journée cocooning, incompréhensible pour moi .

Il n'a pas confiance en moi, il croit que je le trahis avec Wegner, que ferais-je de lui, je ne nierais pas qu'il ai essayé de me séduire, j'aurais été déçu s'il n'avait pas essayé, si j'avais été libre dans mon coeur j'aurais succcombé, il est bel homme, mais j'aurais alors tout perdu. J'aurais perdu mon foyer, mon mari et sans doute ma place dans l'entreprise. Cette place, durement acquise, je suis à la place que je voulais être, à la tête de la division française d'HGB depuis que je l'ai aidé à le débarasser de mon ancienne patrone, une femme d'autrefois, elle me traine en justice, la vilaine, la pauvrette, c'est elle qui a signée les papiers de sa retraite, elle ne peux rien faire contre moi, aucun tribunal ne lui donnera raison, ses avocats sont des ânes batés, non des moustiques assoiffés de sang, mais je ne peux plus rien pour elle, elle a choisie son destin. Quand je vous disait qu'elle était une femme du passé, elle n'a pas compris les nouvelles régles du jeu.

Trahir mon amoureux, mon mari avec Ragnarok serait du suicide, j'aurais possedé le plus bel homme que le ciel aura déposé sur mon destin, quoi, une paire d'année, il ne quitteras jamais sa femme de toute façon et je n'aurais été qu'un trophé de plus accroché au murs de son bureau. Une autre plus jeune, plus belle me remplaçeras, elle croira ses fables, le boira du regard, mangera dans sa main, se croira la louve Alpha, ne sera qu'une biche de plus.

Je lui aii dit non et je suis toujours sur mon trone et je suis devenue son amie, son égale, son associée, je lui ai prouvé qu'une femme aussi-une vrai femme mére aimée et pleine de charme, pas une vieille pomme ridée- pouvait garder la tête froide et les idées claires.

L'enfant que je portais dans mon ventre est bien le fils de Claudio Luciano, il n'y a aucun doute à ce sujet, je le garderais, car je l'ai voulu également, il devra ma croire, il devra me croire ou me perdre.

  • Claudio Luciano, je suis fatiguée, je travaille dûr pour la famille, oui, et peut être pour moi aussi, j'ai gravi toutes les marches de mon entreprise et maintenant je suis à la tête de la division française, le beau mariage que nous avons eu, la belle maison que nous louons, c'est grace à mes revenus que nous les avons, excuse moi de te le dire ainsi, mais ce ne sont pas tes livres qui font bouillir la marmite, alors rentrons, nous ferons un beau voyage de noce aprés la naissance de notre deuxiéme enfant, au bout du monde si tu le souhaite, pour l'instant, ne gache pas les trois jours, peut-être quatre que nous avons ensemble, j'ai le droit de me reposer moi aussi...

Et j'ai continué de parler ainsi pendant de longues minutes, il voulait que je vide mon sac et bien je le vidais, je lui avais toujours été fidéle moi, contrairement à lui qui ne pouvait s'empêcher de trousser la premiére jolie fille qui lui souriait un peu trop, est-ce que je lui en avais tenu rigueur ?

Je ne lui avais jamais parlé de la boulangére, je ne lui ai jamais fait de reproches quand il est allé raccompagner la jolie fille qui s'était évanouie dans le bar où nous déjeunions, c'était loin tout ça, loin enterré et pardonné, alors pourquoi y pensais-je encore ?

Tia Magda devait avoir raison quand elle m'avait dit à demi mot, de me méfier, elle n'avait pas fini sa phrase à l'époque, elle avait dû pressentir que j'étais déjà trop amoureuse de lui, mais ça ne fait rien, je ne regrette rien.

Il essai de me retenir de m'embrasser, vat'il tenter de me coller contre un arbre ? une partie de moi le voudrais, une autre partie voudrais courir, rentrer et me blottir dans un plaid et pleurer.

Je ne fais ni l'un ni l'autre, je me contente de le repousser et je continue mon monologue, j'ai encore des choses sur le coeur.

Je ne le regarde pas, j'ai trop peur de croiser ses yeux de chien battu, ce regard d'épagneul breton qui m'a fait craquer il ya bien longtemps.Je contiens mes larmes à grand peine, la colére que j'avais emmagasinée en moi, toute cette hargne et cette fatigue que je retenais prisonniére depuis tout ce temps sort enfin, les soirées trop longues, les réunions interminables, les négociations où je devais serrer les poings, griffer la paume de la main s'enfuient. Un pauvre arbre se dresse devant moi, je le roue de coups, je dois ressembler à ce que je suis vraiment devenue depuis que je me bat au coté de Ragnarok Wegner, une walkyrie,une Walkyrie qui se bat pour rejoindre son walhalla.

Mais une walkyrie de papier maché qui aurait bien besoin de deux bras fort et d'une paire de main douce. alors que je me calme enfin, que je le laisse enfin parler, il gache tout, il commet l'irréparable, il ne m'a pas écouté, il n'a pas entendu les mots que je retenais, les mots que je n'ai pas dit.

Si tu ose me demander si l'enfant n'est pas de toi mais de Wgner, je te quitte...

Et il l'a fait

  • Cet enfant que tu porte en toi est il vraiment de moi, je vous ai entendu rire ensemble au téléphone hier...

j'explose vraiment, Il a de la chance, Louise s'est réveillée au bon moment, en pleur, il l'a prise dans ses bras, je ne peux le rouer de coups comme je l'ai fait avec l'arbre, c'est mieux comme ça, ça se serait retourné contre moi. Car il y aura un aprés, c'est sûr maintenant. cinglante, je lui aboie dessus en le regardant bien dans les yeux, je n'ai plus peur de son regard de chien battu, je vois un étranger maintenant.

  • De quel droit écoute tu aux portes, si même chez moi je dois me méfier de mes proches, Wegner est devenu un ami, sa femme et sa fille étaient malades hier, sinon ils seraient venus, et si tu veux le savoir, non, je n'ai jamais fait l'amour à un autre que toi, contrairement à toi qui couche avec tout ce qui bouge. Je ne veux plus te voir, je te raye de ma vie, tu es trop con.

L'écho emportait au loin ces quatres mots

Tu es trop con, tu es trop con, tu es trop con...

Je ne cherchais plus à retenir mes larmes désormais, j'ai couru comme une folle jusqu'à notre maison qui ne le seras bientôt plus, j'ai rassemblé en vitesse quelques fringues dans un sac, mon ordinateur, des papiers, mes papiers.

Quand je l'ai croisé devant le pas de la porte, je l'ai ignoré, je reverrais ma fille, lui non, je l'ai rayé de ma vie.

Je ne T'aime plus
Mon amour
Je ne T'aime plus
Tous les jours
Parfois J'aimerais mourir
Tellement J'ai voulu croire
Parfois J'aimerais mourir
Pour ne plus rien avoir
Parfois J'aimerais mourir
Pour plus jamais te voir
Je ne T'aime plus
Mon Amour
Je ne T'aime plus
Tous les jours
Parfois J'aimerais mourir
Tellement Y a plus D'espoir

Parfois J'aimerais mourir
Pour plus jamais te revoir
Parfois J'aimerais mourir
Pour ne plus rien savoir
Je ne T'aime plus
Mon amour
Je ne T'aime plus
Tous les jours.*

*je ne t'aimes plus, Manu Chao

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