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Naëlle

J'ai pleurée toute la nuit, Tia Magda, la mére de substitution à été exemplaire, elle à dormie à coté de moi sur un fauteuil, dormi serait un bien grand mot, elle m'a écoutée surtout vider mon bide de tout le fiel qu'il contenait.

Tiens, un peu comme ce fameux jour ce garçon si beau aux yeux tristes, ce garçon qui est devenu mon mari, juste avant de devenir... Rien !

L'ais-je vraiment dégagé de ma vie ?

L'ais-je dit à voix haute alors que simplement je pensais cette phrase ?

Tia Magda, me la renvois dans les dents, comme un uppercut de boxeur, comme un ace de tennisman.

  • Pense tu l'avoir dégagé de ta vie, je n'en sais rien, c'est à toi de le dire, mais je n'en ai pas l'impression, vous aviez vraiment l'air proche en Espagne, l'année derniére, comment avez -vous pu partir dans des directions différentes si vite ?

Comme d'habitude, cette femmme, la soeur ainée de mon pére, qui n'avait pratiquement pas fait d'étude, avait un sens aigu des réalités, chacun de ses mots faisait mouche, touchait sa cible. Que lui répondre, que je n'avais plus aucun amour pour Claudio, à qui aurais-je donc menti le plus, à moi ou à elle ? Voulais-je vraiment plus le voir, jamais, je ne le sais pas, il m'a fait trop mal. Et si on a mal c'est qu'on aime encore non ? Mais putain oui que je l'aimais, comme une folle je l'aimais, encore. Mais je ne pouvais pas lui pardonner.

N'a t'il été qu'indélicat ? Il n'est pas toujours adroit, c'est vrai !

  • Et que cet enfant soit de Hans Wegner, celui que tu as surnommé Ragnarok, le sait-il que tu le surnomme Ragnarok d'ailleurs ? Je suis allé voir qui était ce Ragnarok sur Wikipédia, c'est le dieu loup en quelque sorte, un grand méchant loup en somme ! et tu ne serais pas le petit chaperon rouge qui adorerait te faire croquer par le grand Ragnarok ? est ce si improbable que ça que cet enfant soit de cet homme, un super prédateur ? Tu passe tout ton temps en Allemagne depuis un certain temps et au retour d'un voyage à munich tu lui annonce être enceinte, essai de le comprendre ?
  • Mais ma tante, tu ne va pas te mettre de son coté à lui ?
  • Je ne me met du coté de personne, je constate et j'essai de comprendre, je t'aime trés fort, tu le sais bien, mais derriére chaque conflit se cache des torts partagés.
  • Tu es en train de dire que j'ai sûrement dû coucher avec cet homme ?
  • Est-ce si improbable, est il môche ? est -il sot ? j'ai été une femme moi aussi ?
  • Pour tout t'avouer Tia, j'ai passée une soirée avec lui, on a baucoup picollé, de l'alcool fort, je me suis retrouvé en petite tenue le lendemain à me poser des questions, il m'a assuré qu'il ne m'avait pas touché, qu'on a flirté, guére plus, qu'il voudrait m'avoir sobre, pas saoule, je ne sais pas trop si je dois le croire ou pas, mais depuis j'ai toujours refusé de me retrouver seule avec lui aprés le travail, quand on travaille en tête à tête, qiand on a pas le choix, je refuse de boire de l'alcool et je reste sur mes gardes, et non, cet homme ne me laisse pas indifférent.
  • Et tu veux quitter ton mari juste parce qu'il a été maladroit ? aprés tout, il n'a sans doute pas eu tort de se poser cette question, de te la poser.
  • Non, vu sous cet angle là
  • Tu va donc retourner chez toi ?
  • Pas si vite, Tia, je ne t'ai pas tout racontée, de retour de Munich aprés cette soirée là, j'ai étée trés trés amoureuse avec Claudio, tu vois ce que je veux dire... c'et trés peu de temps aprés ça que je me suis rendue compte que j'étais enceinte, j'ai trop hésitée, je dois avoir dépassée le temps où l'on peux se débarasser du fétus, de toute façon, je veux le garder. Au fond de moi persiste un doute, un tout petit doute que cet enfant ne soit pas de mon mari.
  • Raconte lui l'histoire alors ! S'il t'aime, il sauras faire le bon choix.
  • C'est pas si simple Tia
  • Qu'est-ce qui n'est pas si simple ?
  • Je ne sais plus trop ou j'habite en ce moment, je ne sais plus trop qui je suis ni ou va ma vie, j'ai grimpée tous les échelons de cette boite, pour être la meilleure et maintenant que j'y suis je ne sais si c'est bien ça que je voulais, j'ai protégé Claudio comme un enfant pendant tout ce temps, j'ai bien vu qu'il s'emmerdait dans son travail, que ce n'était pas son truc de travailler et je me sens épuisée. Je n'ai plus envie de me la jouer super woman, il n'y a qu'a toi que je peux dire ça.
  • Ah ben, voilà autre chose, là je ne sais pas quoi te dire, si tu veux passer quelques jours en Espagne pour te ressourcer, et Claudio, il devient quoi la dedans, de quoi est il coupable, a part le fait qu'il peut être maladroit quelques fois ?

Elle à encore foutue le doigt où ça fait mal, elle me connait presque mieux que moi, quand j'étais gosse, quand mes parents se sont séparés ça m' a rendue malade, je ne voulais plus parler ni à l'un ni à l'autre, je n'ai jamais su pourquoi ils s'étaient séparés, je m'en moquais en fait, je ne voulais pas faire mon choix, je les aimais à deux, ensuite je ne sais plus si je les ai encore aimés, si je leur ai pardonné. le jour de mon mariage, ils étaient là, bien entendu, mais ils étaient pour moi comme des parents éloignés. Et moi, je vais faire la même chose à Louise, je parle de Louise car l'autre je ne le connais pas, je ne sais même pas s'il verra le jour, un jour.

  • Non Tia, ce n'est pas si simple, lui répondis-je
  • Mais si, ça l'est simple, il n'y a que deux solutions, comme pour le deuxiéme tour des élections, soit tu reste fachée avec Claudio pour une raison que même toi tu ne comprends pas, soit tu retourne vivre avec lui et tu dis ce que tu as sur le coeur, je ne comprend pas, tu es capable de parler avec moi toute un nuit et avec lui tu n'arrives pas à parler, j'ai bien vu en Espagne, à part vous galocher à tour de bras et vous vautrer dans l'herbe comme des lapins...

Je ne répondais pas, Tia Magda avait encore raison, elle était la famille que je n'avais pas eu, elle était un mûr porteur, une poutre maitresse. Quand je suis retourné à Douarnenez chez mon pére cette année là puis à Clermont Ferrrand chez ma mére, plus rien n'était pareil, les noëls succédaient aux Noëls, les anniversaires aux anniversaires, les cadeaux toujours plus beaux les uns que les autres n'étaient que des biens matériels. Mon pére lui s'était muré dans un silence dont il n'est sorti que depuis peu, il a vécu longtemps sans autre femme que moi, et moi je n'étais là que parce que je n'avais pas le choix. Chez ma mére, que je ne voulais plus appeler maman, et ça lui a causé du chagrin, bien fait pour sa gueule, c'était différent et c'était pareil. Je l'ai appris plus tard, c'est elle qui a quitté mon pére car elle ne l'aimait plus, elle est parti avec un autre homme. Je ne l'ai jamais aimé celui là, d'ailleurs, il est vite parti et on l'a plus vu. Quand il s'est cassé, j'étais contente, j'y ai cru, je pensais que deux personnes seules allaient se rabibaucher, Tia Magda m'a bien fait comprendre que les choses n'étaient pas aussi simple.

Et pourtant aujourd'hui, elle me dit que tout est trés simple.

  • Avec l'autre c'était pas pareil, tu n'avais pas le choix, il était violent avec toi, je l'avais vu dés le départ que c'était un con, mais Claudio, il était gentil Claudio, ou plutot, il est gentil

Je dodelinais de la tête, je n'arrivais plus à penser, j'avais trop pleurée, j'étais préte à faire ce que l'on attendait de moi et alors que je me taisais, que je pensais la disccussion terminée, elle me posa une question, je ne l'avais pas vue venir celle là :

  • Et ses bouquins, il en est ou de ses bouquins ?

Mais qu'est-ce qu'elle m'emerdais avec ça, si elle pensais que j'en avais quelque chose à fiche de sa prose, j'étais une self made girl, ça c'était tangible, lui il jouait à l'homme d'intérieur qui gribouillat un peu, je trouvais qu'il avait un air de Chateaubriand avec ses cheveux un peu long et son air réveur quand je l'avais rencontré, et quand il a pleuré dans mon corsage, ça m'a émue, ça m'a remuée, j'ai eu envie de lui tout de suite aprés ça.

  • Tu lui demande où il en est, j'ai lu ses deux premiers livres, je ne suis pas un aigle, tu le sais bien, mais je trouve qu'il écrit pas mal
  • Si tu le dis
  • Tu devrais t'interesser un peu plus à ce qu'il écrit, le pousser, l'aider, quisait, un jour il sera peut être célébre
  • Le dernier truc qu'il écrit c'est l'histoire d'un mec qui lui ressemble, qui conte fleurette à une jolie blonde à gros sein, je connais une belle blonde à forte poitrine qui lui sourit un peu trop, la boulangére au coin de la rue.
  • Et alors, ne m'a tu pas dit que celui qui a écrit sur la Guerre d'Espagne, Hemmingway changeait de femme chaque fois qu'il sortais un nouveau livre. Stendhal aussi, foutait sa derniére maitresse à chaque bout de chapitre. Il changeait de muse comme on changeait de manteau. Victor Hugo parait-il était un homme à femme également. Il s'identifie aux auteurs célébres, tiens lui la bride sérrée, il a sans doute besoin que tu t'interesse à ce qu'il fait, rentre un peu plus tot le soir et tiens lui la bride sérrée. C'est un brave gars ton Claudio, laisse le rêver et tient lui la bride serrée, si ça ne suffit pas, fous-y un mors dans la bouche et fais le cavaler, avec une bonne cravache...
  • Ce n'est pas un cheval, Tia et parfois le soir, je suis fatiguée, je sais j'ai toujours dû composer avec une autre avec lui, quand nous sommes venus en Espagne passer dix jours, c'était pour lui faire oublier une garce qu'il avait rencontrée avant moi, une femme mariée qui le rendait malheureux et jouait avec lui, je l'aimais, je lui ai passé des choses. Là, la boulangére, elle est là car moi le soir je rentre tard, parfois je reste trois quatre jours en Allemagne à travailler comme une bête de somme.
  • C'est bien ce que je pensais, vous ne discutez donc jamais, Il n'y a pas que ça dans un couple, il a eu raison quand il t'a proposé de vous balader dans les bois pour papoter un peu, vous ne communiquez pas assez. Allez ouste, j'aimerais être tranquille chez moi, va rejoindre ton mari.
  • Tu me chasse ?
  • Oui, je te fous dehors, reviens quand tu veux, mais avec ta famille, ne sois pas ausssi bornée que ton pére, il aurait pu rendre ta mére heureuse, même si ta mére ne savait pas trop où elle allait. Elle s'est laissée embarquer par un beau parleur qui ne valait rien, ton pére lui, il ne savait pas parler, il ne parlait pas, comment voulais-tu savoir s'il était heureux ou pas, il ne disais jamais rien, elle a finie par en avoir marre sa femme. N'en a tu pas assez souffert ? va retrouver ton mari...il t'aime, il me l'a dit hier au téléphone, il était dans tous ses états.
  • Alors pourquoi m'a t'il laissée partir ?
  • Tu as vue dans que état tu es arrivée, tu crois qu'on pouvait te parler ?
  • Oui, tu crois, c'est possible, j'étais débordée hier, je ne savais plus trop où j'en étais
  • Un conseil Nall, Ne dit rien pour la fois ou Toi et Ragnarok vous avez bus comme des cochons, ce qui s'est passé à Munich doit rester à Munich. Allez prend toi une douche, dors un peu et rentre chez toi.

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