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Alessandra
Le printemps était enfin arrivé en Emilie-Romagne, il était enfin arrivé dans mon appartement dans mon coeur et dans ma vie. Mes deux hommes me remplissaient de bonheur, Fabrizio d'abord qui grandissait à vue d'oeil, en septembre il ira à l'école, pour la premiére fois de sa vie il ira à l'école, mon coeur se serrait juste d'y penser, mais c'était ainsi, ce petit être qui il n'y avait pas si longtemps encore babillait rampait avait soif de connaissance et hâte de savoir et lire et compter et écrire et courir vite comme une panthére.
Mon second amour c'était attilio, le Professore, de retour de Civitavecchia nous ne nous sommes plus quittés, soit c'est lui qui dors chez moi, soit c'est moi qui dors chez lui, pas une nuit nous ne dormons l'un sans l'autre. Il est, ce qu'il m'a semblé être dés notre premiére rencontre, doux, gentil, tolérant, calme, réfléchi et accomodant. Je me demande ce que lui a reproché son ex-femme, enfin heureusement pour moi un homme pareil était sur le marché juste pour me consoler. oh je le comparais toujours à Marcello quand on était au lit, Marcello était... plus coquin, le professore était plus doux, attentionné calme réfléchi et accomodant, j'avais ma réponse, sans la chercher je l'avais, sa femme était allée chercher quelque chose de plus...peps, plus Rock an Roll surement, la gentillesse disait ma mére autrefois ne se mange pas en salade. Mais moi ça me convenait, j'en avais besoin de gentillesse et de douceur.
J'entendais la voix de Marcello aussi :
- Il ne faut pas que de l'eau claire pour nourrir un cochon.
A défaut de me faire grimper aux rideaux à tous les coups, il y arrivait quelque fois tout de même, il m'apportait le bonheur qu'il m'avait manqué ses derniers temps. Surtout la nuit, quand je me levais, juste avant de me rendormir, je pouvais le toucher, avoir un corps chaud à coté de moi, j'ai toujours détesté dormir seule, seule la nuit j'ai peur et quand j'ai peur, que montent les angoisses il me faut quelque chose de chaud à coté de moi.
Il n'était pas que ça, loin s'en faut, il était instruit cultivé, nous pouvions parler littérature pendant des heures, il a une culture générale à toute épreuve, seul Marcello aurait pu le contrer. mais Marcello n'était plus là, je l'oublie, tout doucement. Il y a longtemps que je ne suis pas allée au cimetiére, arrivera un temps ou je n'irais plus qu'une fois par an, comme tout le monde, voire plus du tout, comme beaucoups de gens.
Mon travail aussi m'avait permis de penser à autre chose, mes travaux devrais-je dire, car en plus du fait que j'étais mére et amante à plein temps, j'étais hotesse d'acceuil a l'office du tourisme le matin et traductrice quand je trouvais du temps.
Oh j'avais dépassé les blocages Dante Allighieri, Umberto Ecco ou Dino Buzzatti, il y avait plus simple comme écriture, plus contemporain. attilio lui aurait traduit ce genre de texte et Virgile en plus comme on remplit une grille de mot croisés, mais moi il me fallait un style simple direct non dénué de charme et de poésie. Mon éditeur avait trouvé un petit auteur Français qui venait d'arriver sur le marché, on ne se l'arrachait pas encore mais il avait du potentiel
Il utilisait des paraboles simples à comprendre
Face à moi, immense, rouge jaune, rose, orange, doré, un soleil de Western se couchait dans la mer. Je me garais ébloui par notre étoile, ébloui par tant de beauté.
Ou bien
Le soleil levant rougissait l’horizon, éclairait les proches montagnes. Ces coquettes s’habillaient d’automne, se paraient d’or et de roux. L'air, ce matin, embaumait le feu de bois, le champignon, le raisin et la châtaigne. Ça sentait l'été qui filait en pente douce, ça sentait les premiers frimas qui lentement arrivaient.
C'était doux à l'oreille c'était facile à comprendre et c'était beau, c'était facile à traduire
Il sole che sorge arrossisce l'orizzonte, illumina le montagne vicine. Queste coquette...
La suite était pas mal non plus :
Ah que ces trois petites heures furent longues ! Angélo errais encore, l’air niais sûrement, à la terasse de ce café où il venait d’embrasser la plus jolie femme qu'il n’ait jamais rencontré depuis son divorce. Etait-ce trop tôt pour le dire, il en étais déjà fou amoureux .
Un Roman d'amour, j'adorais ça les romances les novellas, mais il fallait que ce soit un peu écrit, sinon c'était ennuyeux au bout de quelques pages, si la suite était de cet acabit...ça pourra aller, mais il ne fallait pas qu'il y ai des lever ou des coucher de soleil rouge et jaunes à tous les coins de page, des arbres majestueux qui protégent leur amour ou d'immenses champs de fleurs multicolores qu'ils pietinaient allégrement.
De toute façon on ne me demandait pas d'aimer ou pas, on me demandait de traduire, ça devenait rare les maison qui avaient recours à des traducteurs maintenant que l'intelligence artificiélle était sur le marché, pour moins cher en plus rapide. Je n'aimerais pas lire de tels livres, est-ce lisible ainsi traduit ? s'apperçoit on que c'est un robot le traducteur ? tout ça me donne froid dans le dos. Je demanderais à atillio ce qu'il en pense quand i aura fini de préparer son cours de demain, il prépare toujours ses cours la veille, même si ça fais dix ans qu'il enseigne, il faut dire qu'il a été enseignant chercheur à Rome, avant de postuler pour Parme, pour une femme qui l'a quittée deux ans plus tard en plus. Il est trop chou avec ses petites lunettes d'intellectuel, j'ai envie de le chahuter un peu, il n'aimera pas, mais si je n'essaye pas...
Je l'ai bousculé, ça l'a surpris, dérangé peut être, mais comme il est accomodant il s'est plié à mes exigences. C'est marrant, depuis qu'on se connait c'est la premiére fois qu'on ne fais pas ça dans le lit, la lumiére éteinte, juste aprés s'être dit bonne nuit. c'était rigolo, à refaire. Pour une fois il devra reprendre un vieux cours pour demain et moi, je lis la suite, je n'ai pas pensé à lui poser la question qui me brulait les lêvres avant que je ne le chahute. je vais un peu rire, il peut être drôle aussi quand il s'y met :
- Imagine tu Ovide ou Cicéron traduits du latin par une IA, en Ttalien, en Français ou bien du Virgile du grec au latin ?
- C'est mon quotidien trés chére, souvent les gamins arrivent avec une traduction pompée Wikipédia ou autre, si je ne les intérroge pas ça pourrait passer inaperçu, même quand on sait que c'est le cas, mais je ne suis qu'un passeur de savoir, pas un gendarme, si le gamin veut se mentir à lui même, ça le regarde. Mais il faut que son IA soit bon, car tu me connais un petit peu, c'est rare que je ne donne pas un exercisse qui les forcent à réfléchir au lieu de copier bêtement ce qu'une machine traduit. et puis j'utilise des expressions à double sens, des mots polysémiques, et ça une machine ne sait pas encore le faire, trouver le vrai sens dut mot et c'est heureux. Un ami prof d'anglais à fait une expérience, il à demandé à ses éléves de traduire des articles de Wikipédia sans l'aide de l'IA ou d'un traducteur intégré, ses consignes n'ont pas étés suivies bien entendu, c'était tellement facile de trouver la solution en ligne, érreur fatale! il a trouvé des perles sur les copies, les gamins se contentaient de recopier bêtement. La tenanciére d'un lupanar chinois de San Francisco est devenue AH Jouet ( Ah Toy ) par exemple. le convoi Donner est devenue la féte de Donner ( Donner party ), alors que nous savons tous qu'ils n'étaient pas à la fête justement.
Comme d'habitude , comme disait se bon vieux Coluche, Micel Colluchi, encore un rital, à croire qu'ils ont envahis la France :
- Un technocrate c'est un mec que quand tu leur pose une question, une fois qu'ils ont finis de répondre, tu comprends plus la question que tu as posé.
Mais je me replonge dans mon bouquin
Mais il parle de Stendhal, du rouge et du noir de la chartreuse de parme, ça me fait penser à...
je retourne la couverture, l'auteur s'appelle Fabrice Jullien, quel nom commun pour un adorateur de Stendhal, il aurait pu choisir un pseudo moins facile à percer, j'en parlerais a l'éditeur, si ce n'est pas trop tard.
Je continue :
Elle adressa un gentil sourire à l'hotesse de caisse tout en rangeant ses marchandises dans des cabats. Elle Paya, pris la note qu'on lui tendit et...
Elle sortit enfin de son sac à main grenat un post-it, griffona rapidement quelques mots et le collat sur son exemplaire de Stendhal !
- Vous avez tort ! ... dans une heure, 14 rue Jean-Jaques Rousseau...je prendrai tout de même un expresso ...Suis-Je plutôt Louise ou plutôt Clélia ?
Alors là, la vérité me sauta au nez, quel goujat il ose raconter notre histoire, de quel droit, si Attilio n'était pas là j'aurais crié, mais Attilio ne connais pas l'affaire et je ne lui en parlerais pas, ce n'est que mon passé , mon histoire et celle de mon fils également et je dois proteger mon fils, le proteger plus que tout. dégoutée je jetais le livre loin de moi, atillio se retourna, me regarda amusé, avant qu'il ne dise quoique ce soit j'improvisais:
- C'est trop mal écrit.
il me le prit des mai,s et en lu une phrase ou deux
- Oui, prisonier de son amour pour Clélia il finira de mourir rongé par les remords... ce n'est pas moi qui vous le dit, mais le quatriéme de couverture de votre bouquin. Croyez-moi, prenez donc une madame de Renal, même plus vieille que vous... ça vaut mieux que de mourir de remords !
- Oh ce n'est pas si mal écrit, c'est gentil comme histoire, enfin pour le peu que j'en ai lu.
je lui arrachais des mains avant qu'il n'en lise plus, tout ça ne le regardais pas, il ne comprendrais surement pas, n'ayant pas les clés de l'histoire, mais je ne préférais pas qu'il lise, demain je téléphonerais à l'éditeur, je lui dirais que je ne peux traduire cette histoire, j'improviserais, je sais parler quand je veux. Mais il faidrait que je me calme d'abord, que je comprenne pourquoi une telle histoire que je croyais oublié entérrée me saute ainsi à la gueule, pourquoi elle me bouscule comme ça.
J'aurais dû m'en douter, ça n'existe pas des noms pareils, faut faire exprés, quand ça existe on en change sauf si on veut que ça veuille avoir un sens. je lis une phrase de plus :
il raconte le café qu'on a bu en terrasse, le trouble que ça m'a procuré, et lui, qu'en-sais je du trouble que ça lui a provoqué également, il avait l'air secoué, que raconte il d'autre, n'estce que notre aventure où qu'une partie de l'histoire, y a t'il matiére à raconter, le reste sera t'il inventé, interprété, il me faudra lire se livre jusqu'au bout si je veux en savoir plus, de toute façon il est déjà écrit... et si je refuse, l'éditeur trouvera une autre traductrice. je me sens coincée, trahie, bouleversée, je met ce livre dans un sac, si je le laisse ici Atillio voudra surement comprendre pourquoi ce livre me bouleverse autant et il n'est pas idiot, loin de là, s'il n'a pas les codes de cette histoire, il peut comprendre
De toute façon je suis trop perturbée pour réfléchir normalement, il faut que je sorte, je met ma veste, est-ce faut exprés, c'est la même veste commandant de marine que j'avais ce jour là, tans pis je l'enfile et jette à Attilio dans l'escalier :
- Il faut que j'aille faire un tour, je ne me sens pas bien
- Je viens avec toi alors, laisse moi m'habiller
- Fais comme tu veux j'y vais
et je sors, sans lui dire ou je vais, ni combien de temps je serais absente, mon téléphone éteint git dans ma poche, je ne me doutais pas qu'une telle histoire oubliée entérée puisse me perturber comme ça.

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