Cauchemar médical

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- Ce sont mes reins ?

- Oui, mais il y a autre chose...

- J'ai un cancer ?

- Oui, au niveau du pancréas.

Voici la conversation à laquelle j'assiste ce dimanche 7 janvier à 11 heures entre le médecin des urgences et ma mère. Mon fils est là aussi, qui se décompose. J'ai soudain très chaud, j'étouffe dans ce box sans fenêtre et dois sortir.

Le cancer du pancréas, on en a entendu parler, chez moi, comme du plus rare, comme du plus grave aussi. La meilleure amie de ma mère en est morte en deux mois ; sa cousine également.

Ma mère a quatre-vingt sept ans : la veille, on m'a appelée en catastrophe parce qu'elle allait mal ; elle était apathique, n'avait pas reconnu sa voisine, avait le teint jaune ; le SAMU avait été appelé vers 13 heures ; un médecin était arrivé... vers 19 h 30 (il est à noter que maman vit dans un désert médical, que les médecins du SAMU ne sont autres que les médecins de garde, et que pour le département entier, le week end, ils sont au nombre de 2...)

Ma mère a été envoyée aux urgences du petit hôpital local, a eu une prise de sang et un scanner, puis ce verdict sans appel.

Nous passons un dimanche cauchemardesque. Elle est hospitalisée en médecine, mais refuse d'autres examens : pas d'acharnement thérapeutique, dit-elle depuis toujours. Donc on ne lui fait rien ou presque.

Le lundi, je la trouve mieux : j'en fais part à la médecin ;

- Ah ! Vous trouvez ?

D'après elle, c'est très très grave, le "collapsus est total". Et puis "Quel âge a-t-elle votre maman ?"

(l'âge de mourir ??? Est-ce ce que sous-entend cette médecin qui parle si mal français que je la comprends à peine ?)

Il se passe près d'une semaine avant qu'un gastro-entérologue la voie et la convainque d'accepter "une dérivation des voies biliaires", une petite intervention de confort. Il faut dire qu'elle a eu, de nuit, une crise de quasi-démence tant elle souffrait.

Elle doit voir un anesthésiste : on l'en a prévenue, les infirmières sont au courant, mais on a oublié d'en aviser... l'anesthésiste ! Ce dernier se querelle avec la médecin devant ma maman :

- Mon diplôme, moi, je ne l'ai pas eu dans une pochette surprise !

L'intervention est repoussée.

Enfin, dix jours après son hospitalisation, ma maman est transférée vers l'hôpital régional et on nous apprend... qu'elle n'a rien au pancréas, non, rien... mais qu'on lui a enlevé des calculs à la vésicule biliaire. Des centaines de calculs dont certains étaient aussi gros que les cailloux de la route...

Ouf ! Elle se sent mieux, moi aussi.

Mais elle a perdu dans cette affaire une grande partie de ce qui lui restait d'autonomie et ne marche quasiment plus... Il lui faudra une longue rééducation...

Réexpédiée dans notre petit hôpital local, elle tente de se remettre, mais attrape une bronchite. On me rassure cependant, son état est stabilisé... Jusqu'à ce qu'on lui fasse un nouveau scanner qui révèle... "quelque chose au pancréas" : je replonge dans mon cauchemar, d'autant qu'on la retransfère en urgence afin qu'elle voie un spécialiste.

Très inquiète, je téléphone :

- Après l'intervention qu'elle a subie, il est tout à fait normal d'avoir DE L'AIR dans les voies biliaires...

Il est vrai que "de l'air", c'est "quelque chose"... Mais la faillite de notre système de santé, ce n'est pas rien non plus !!!

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