Un hibou gris foncé tournoya au-dessus du manoir avant de se poser avec une étonnante précision sur le rebord de la grande baie vitrée du salon d’hiver. Louise l’aperçut depuis l’intérieur, assise dans un fauteuil au tissu brodé, un livre de potions sur les genoux.

Drago, assis non loin, levait à peine les yeux de sa lecture.

— Encore un hibou du ministère ? demanda-t-elle.

— Non… regarde bien, dit-il.

Louise se leva et s’approcha du hibou qui toqua doucement de son bec contre la vitre. Accroché à sa patte, un rouleau de parchemin orné d’un sceau rouge frappé de la marque de Poudlard.

Elle ouvrit la fenêtre. L’oiseau sauta aussitôt sur le dossier du fauteuil et tendit la patte. Elle détacha le message avec soin.

Le sceau de cire fondit d’un simple murmure magique.
Louise déplia la lettre. Drago s’était approché, curieux.

École de Sorcellerie de Poudlard
Chère Mademoiselle Potter,
Vous trouverez ci-joint la liste des fournitures nécessaires pour votre deuxième année à Poudlard.
Le voyage à bord du Poudlard Express aura lieu le 1er septembre, départ à 11h, de la voie 9¾, gare de King's Cross.
Une attention particulière sera portée cette année à la conduite et à la vigilance des élèves. Merci de prendre connaissance des consignes de sécurité en annexe.
Veuillez également noter que tous les élèves doivent se procurer le livre suivant :
Les Forces du Mal – Une approche théorique
par le Professeur Gilderoy Lockhart (obligatoire pour tous les niveaux).
Bien à vous,
Minerva McGonagall,
Directrice adjointe.

Louise fronça les sourcils.

— "Une attention particulière à la vigilance" ? Et c’est quoi ce livre ? Lockhart ?

Drago eut un rictus moqueur.

— Ce type se prend pour une légende. Père dit qu’il écrit plus vite qu’il ne pense. Et que tout est exagéré ou inventé.

Louise regarda la couverture de son propre manuel de potions, un ouvrage sérieux, complexe, où rien n’était enjolivé. L’idée de remplacer ça par des anecdotes héroïques mal écrites lui sembla absurde.

Mais ce n’était pas ce qui l’inquiétait le plus.

Elle se tourna vers Drago.

— Tu trouves pas ça bizarre ? Ils insistent sur la sécurité. Et ils imposent un livre contre les Forces du Mal à tous les niveaux ? Ils n’ont jamais fait ça.

Drago prit le parchemin, le relut, et hocha lentement la tête.

— Ils ont peur de quelque chose.

— Ou ils savent quelque chose.

Un silence s’installa.

Louise sentit un frisson parcourir sa nuque. Elle jeta un coup d’œil vers les grands couloirs vides du manoir, les portraits silencieux, et les longues ombres sur le marbre. Rien ne bougeait. Mais l’air lui paraissait un peu plus… tendu.

— Tu crois que ça a un rapport avec Voldemort ? chuchota-t-elle.

— Peut-être, répondit Drago sans la regarder. Mais si c’est le cas, ils ne nous diront rien avant que ce soit trop tard.

Louise plia doucement la lettre. Elle sentait la fine pression de sa cicatrice sous la peau. Pas une douleur. Pas encore. Mais une conscience. Un lien, toujours là, comme un fil invisible tiré vers un avenir incertain.

Elle glissa la lettre dans sa poche.

Il allait falloir rester en alerte cette année.

Même pendant l’été.