Drago n’aimait pas se sentir impuissant.

Depuis l’enfance, il avait appris à garder le contrôle : de son apparence, de ses paroles, de sa réputation. Il maîtrisait l’image qu’il renvoyait avec la précision d’un sortilège. Mais là… il ne contrôlait rien.

Et ça le rongeait.

Louise lui échappait.

Elle marchait dans les couloirs comme une ombre, le regard lointain. Quand il lui parlait, elle répondait à peine. Quand il insistait, elle le repoussait.

Elle n’était plus vraiment là.

Et il avait beau être fier, sarcastique et un brin arrogant… il sentait une peur monter en lui qu’il ne connaissait pas. Une peur glacée, presque honteuse.

Il avait besoin de comprendre.

— Elle t’évite, constata Blaise un soir, alors qu’ils revenaient d’un cours.

Drago ne répondit pas tout de suite.

— Je sais, dit-il enfin.

Blaise lui jeta un regard en coin.

— Ça t’atteint plus que tu veux bien le dire.

— Qu’est-ce que tu veux que je fasse ? Elle ne parle plus. À personne. Même Potter a l’air largué. Et moi… moi j’ai l’impression qu’elle est en train de s’enfermer quelque part où personne ne peut la suivre.

Il disait cela avec un calme maîtrisé, mais ses poings étaient serrés.

Blaise soupira.

— Tu pourrais en parler à quelqu’un. Un professeur, peut-être ?

Drago eut un rire amer.

— À Lockhart ? Il est plus occupé à s'admirer dans le miroir qu’à remarquer quoi que ce soit. Flitwick ne dira rien. Et Rogue…

Il s’interrompit.

Blaise haussa les sourcils.

— Rogue ?

— Il l’aime bien. Je le sais. Il la protège. Mais il est aussi capable de garder des secrets bien plus sombres que nous tous réunis. Si je lui dis quelque chose… j’ignore ce qu’il en ferait.

Un silence.

Blaise ne répondit pas. Il savait que Drago disait vrai. Rogue était loyal… mais à sa manière. Et ses intentions restaient toujours un peu floues.

Cette nuit-là, Drago ne dormit presque pas.

Il avait revu dans sa tête chaque échange récent avec Louise. Chaque regard fuyant. Chaque mot coupant.

Elle était en train de s’éloigner.

Et il sentait que ce n’était pas seulement mental. Quelque chose la happait.

Quelque chose qu’elle ne voulait pas nommer.

Alors, à l’aube, il se leva. Se rhabilla. Et descendit dans les cachots.

Droit vers le bureau du professeur Rogue.

Il s’arrêta devant la porte, hésitant. Sa main resta suspendue un moment… puis il frappa.

La voix glaciale de Rogue répondit aussitôt :

— Entrez.

Drago ouvrit la porte.

— Monsieur… je dois vous parler de Louise Potter.

La porte se referma derrière lui.

Et pour la première fois depuis longtemps, Drago Malfoy ressentit quelque chose de plus fort que sa peur de paraître faible : l’envie de la sauver, elle.