Les couloirs de Poudlard étaient étrangement silencieux.
La plupart des élèves étaient rentrés chez eux pour les vacances de Noël, ne laissant que quelques silhouettes flânant en capes épaisses dans les salles communes et les bibliothèques désertées.

La neige recouvrait le parc, s’infiltrant jusqu’aux vitres des tours.

Louise Potter était restée.

Officiellement parce que Harry restait aussi. Parce qu’il y avait des choses à surveiller. Des secrets à comprendre.
Mais en vérité, elle n’aurait pas supporté de quitter le château. Pas maintenant.

Quelque chose l’y retenait.

Un matin glacial, en descendant dans la Grande Salle, elle croisa Drago, seul, appuyé contre une colonne, mains dans les poches, l’air nonchalant.

Il la salua d’un signe de tête un peu trop détaché, mais ses yeux brillaient d’un éclat presque… soulagé.

— Tu es resté, constata-t-elle simplement.

— Mes parents sont "en voyage d’affaires", dit-il avec une moue. C’est leur façon de dire que je les dérange pendant les fêtes.

Il haussa les épaules. Louise hocha la tête.

— Et toi ? Tu restes pour ton frère ?

Elle laissa un silence s’installer avant de répondre.

— Pas seulement.

Drago la fixa un instant, tentant de comprendre ce qu’elle ne disait pas. Mais elle ne développa pas.
Ils marchèrent côte à côte jusqu’à la table des Serpentard.
Et pendant ce bref moment, tout semblait presque… normal.

Mais la nuit venue, Louise sentit à nouveau le tiraillement.

Sa cicatrice ne lui faisait pas mal.
Elle la brûlait.

Elle se coucha plus tôt que d’habitude, incapable de supporter la lumière des bougies dans la salle commune, et s’endormit à peine sa tête posée sur l’oreiller.

Et alors… elle rêva.

Elle se trouvait dans un couloir qu’elle ne reconnaissait pas.

Les pierres ruisselaient d’une humidité étrange. La lumière était rouge, comme projetée par un feu lointain. Elle marchait pieds nus, sans baguette, mais sans peur.

Devant elle, une silhouette.

Ron Weasley.

Il se tenait immobile, les yeux fixés droit devant lui. Il semblait ne pas la voir.

— Ron ?

Il ne répondit pas.

Et soudain, elle entendit une respiration lente derrière elle.

Elle se retourna.

Et vit Voldemort.

Pas tel qu’elle l’avait vu dans les livres.
Pas avec un visage monstrueux.
Non. C’était lui, jeune, beau presque. Les yeux sombres, pas encore rouges.

Mais ses mots…
Ses mots glacèrent tout.

— Tu peux les sauver… ou les perdre tous.
Mais il faudra choisir.

Elle voulut bouger. Courir. Parler. Mais son corps ne lui obéissait plus.

Voldemort s’avança.

— Pourquoi as-tu peur de moi ? Nous sommes faits du même sang. Le même feu coule dans tes veines.

Et Louise comprit qu’elle ne rêvait pas tout à fait.

Ce n’était pas un simple cauchemar.
C’était quelque chose d’autre.

— Pourquoi n’est-il pas là ? chuchota-t-elle, plus pour elle-même que pour lui.

— Qui donc ? dit Voldemort en inclinant la tête.

— Drago…

Le nom résonna étrangement dans le couloir. Comme un mot interdit.

Voldemort sourit.

— Tu le sais déjà, Louise. Il n’a pas sa place dans ce choix.

Et d’un coup, tout bascula.

Le sol s’ouvrit sous ses pieds.

Et elle tomba.

Elle se réveilla en sursaut, le souffle court, en sueur, les draps glacés collés à sa peau.

Dans le silence du dortoir, elle resta immobile un long moment, les yeux ouverts dans l’obscurité.

Ron. Voldemort. Mais pas Drago.

Elle ne comprenait pas.
Mais quelque chose, au fond d’elle, venait de se briser un peu plus.

Le lendemain, elle descendit en silence prendre son petit déjeuner.
Drago était déjà là, seul, une tasse de thé entre les mains.

— Bien dormi ? demanda-t-il, sans ironie cette fois.

Elle hocha la tête, mais ne répondit pas.

Et en le regardant…
Elle se demanda :

Pourquoi ne l’avais-tu pas vu ?

Pourquoi… n’était-il pas dans ce rêve ?