16 3 Rencontre 5

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Lorsque Xiao et Mei, suivies de Katya et Georges, se retournèrent d'un même mouvement, un mélange d'étonnement et de frayeur se peignit sur leurs visages : trois silhouettes humaines se dressaient devant eux, un homme et deux femmes ne portant pas de combinaisons spatiales.

L'homme leva les mains en signe de paix et dit : “Pardonnez-moi, je ne voulais pas vous faire peur.

- Qui êtes-vous ? La question de Xiao trancha dans le silence pesant.

L’homme aux mains levées esquissa un sourire rassurant : “Je m’appelle Fred, et voici Soraya et Inès. Nous sommes terriens, comme vous, n’est-ce pas ?

- Oui, nous sommes terriens, répondit Xiao. “Lui, c’est Georges, elle, c’est Katya, voici ma fille Mei, et je suis Xiao. Et eux deux, ce sont nos humanoïdes. Comment avez-vous fait pour être ici ? Vous êtes d’une communauté ?

- Oui, Fred hocha la tête. “Nous sommes de la communauté 3. Et vous ?

- Nous sommes de la Communauté 5, répondit Xiao.

- Oh, dit Soraya, en échangeant un regard lourd de sens avec ses compagnons. “Cela fait donc environ vingt ans que nous sommes ici, déduisit-elle.

- Le temps passe vite, ajouta Inès, avec une pointe de mélancolie.

- Que faites-vous ici ? Où est la communauté 3 ? demanda Katya.

- Seuls eux savent où ils sont actuellement, la voix de Soraya se durcit. “Ils nous ont abandonnés ici lors d’une prétendue escale.

- Quoi !? Mais c’est horrible ! Comment ? répondit Xiao.

- On a été naïfs, on a pensé que c’était vraiment une escale, dit Inès. “Nous avons ensuite appris qu’il y avait des problèmes de ressources sur la communauté 3 et que le commandement a préféré nous sacrifier.

- C’est effroyable, Georges sentit sa gorge se resserrer. “Comment avez-vous survécu ?

- Ils nous ont laissé un peu de matériel, des kits CRISPR, des synthétiseurs de protéines, etc., répondit Soraya.

- Et vous savez vous en servir ? demanda Katya, impressionnée.

- Dans notre malheur, nous avons la chance d’avoir plusieurs scientifiques débrouillards, répondit Soraya.

- Mais vous êtes combien ici ? demanda Katya.

- On est treize, dont deux enfants qui sont nés ici.

- Incroyable, dit Georges.

- Votre communauté est encore ici donc ? demanda Soraya.

- Euh, oui, répondit Xiao, soucieuse des intentions des trois individus.

- Ok, donc vous ne comptez pas rester ici ? interrogea Soraya. “Vous allez poursuivre vers Proxima Centauri B, comme sont programmées toutes les communautés ?

- Oui, c’est ça, répondit Xiao.

Voyant que Xiao devient inquiète, Soraya ajouta : “Ne vous inquiétez pas, nous n’avons nullement l’intention de vous rejoindre.

- Oui, nous sommes pleinement heureux ici, confirma Fred. “Peut-être voulez-vous venir voir où on vit ? proposa-t-il.

Katya et Georges reçurent soudainement une conversation groupée initiée par Xiao au travers de leur puce neuronale. “Ils ont l’air honnêtes, on les suit. Mais avant, je vous propose d’envoyer un message au commandant du bord pour expliquer la situation, et on remonte dans une heure.

- Oui, d’accord, répondit Katya.

- Oui, très bien, dit Georges à son tour. “J’ai une arme.

- J’espère que tu n’auras pas besoin de t’en servir, dit Xiao par puce interposée.

- Oui ok, on vous suit, mais on ne pourra pas rester longtemps, dit Xiao à haute voix à Fred.

En parallèle, Xiao envoya alors un message au commandant du vaisseau qui les a emmenés sur Sinesol, pour lui expliquer la situation.

- Pas de souci, vous restez aussi longtemps que vous le souhaitez, dit Fred. “Et vous pouvez enlever vos casques, l’air est parfaitement respirable ici.

L’air s'avérait non seulement respirable, mais étonnamment plaisant, embaumé de senteurs qui évoquaient la lavande terrestre. Une bouffée de nostalgie saisit nos explorateurs tandis qu’ils retirent leurs casques.

- L’air est effectivement très agréable”, dit Katya, "comme un parfum de fleurs, même si je n’en vois pas.

- Oui, en fait, ce que tu respires est produit par certaines plantes que tu vois là-bas, Inès pointa du doigt des petits buissons. On a modifié quelques-uns de leurs gènes pour avoir ce résultat sans pour autant trop les dénaturer.

- Fascinant, dit Georges. “Comment vous vous débrouillez pour la nourriture et pour l’eau ?

- Pour la nourriture, on a découvert des champignons et des algues près du point d’eau produisant tous les nutriments dont nous avons besoin, poursuivit Inès.

- Il y a un point d’eau ? demanda Katya.

- Oui, alors ce n’est pas de l’eau exactement comme on la connaissait sur Terre, mais nous avons réussi à la rendre potable.

Le groupe déboucha sur une vaste clairière d'une beauté saisissante. La végétation fluorescente tapissait le sol d'une lueur douce, tandis qu'au plafond, d'innombrables stalactites de cristal phosphorescent diffusaient une clarté féerique. Non loin de là, se trouvait un lac, le dit point d'eau évoqué par Inès. Il n'y avait pas de maisons, quelques barrières pour démarquer des espaces personnels. Les installations étaient minimalistes mais pragmatiques et efficaces. Toutefois, rien ne semblait manquer.

Nos quatre nouveaux arrivants, émerveillés par la beauté des lieux, firent alors la rencontre des autres membres des survivants de la communauté 3, surpris de voir des nouvelles têtes. Parmi les survivants, il n'y avait qu'un seul autre homme, sept autres femmes, une fille qui semblait être du même âge que Mei et un petit garçon de cinq ans qui tenait la main à sa maman. Tous s'approchèrent alors des visiteurs.

Soraya prit la parole pour dire : “La famille, ces terriens sont d’une communauté comme nous. Ils sont là pour quelques instants avant de repartir, si j’ai bien compris.

Les autochtones dirent en chœur : “Bienvenue. Tous arborent un sourire, que ce soit du côté des arrivants comme du côté des hôtes. Ils s’installent en cercle.

- Je trouve cela trop impressionnant, non seulement la façon dont vous avez réussi à survivre en vous adaptant à cet environnement, mais aussi l’harmonie dans laquelle vous semblez vivre, dit Katya.

- Les débuts ont été stressants, mais on a très vite compris que pour survivre, nous devions faire preuve de solidarité et de partage. Tous les défauts qu’il peut y avoir dans la vie en groupe ne peuvent pas durer longtemps ici. Mais heureusement que nous ne sommes pas nombreux, dit Soraya.

- Et que nous avons des gens bien, ajouta Inès en souriant.

Tout le monde sourit à la remarque d’Inès. Pendant ce temps, les deux adolescentes ne se quittent pas du regard. Mais timides, elles ne se disent rien.

- Donc il n’y a jamais eu de conflit ? demanda Katya.

Les hôtes se regardèrent tous pour voir qui va parler de leur unique incident.

Soraya dit alors : “Pour tout vous dire, si, au tout début. Il y avait également un autre homme, qui après un temps, a essayé de dominer le groupe, surtout les femmes. Mais Fred s’est interposé pour nous défendre.

- Et l’as-tu tué ? demanda Katya, inquiète.

- Non, répondit Soraya. “L’homme est sorti de la cave en colère. Mais le destin en avait décidé autrement. Ce jour-là précisément, une pluie de météorites s’est abattue sur la planète. Nous l’avons retrouvé quelques kilomètres plus loin, écrasé par l’une de ces pierres célestes.

- Le karma, ajouta Inès.

- Comme dit, l’espace est un environnement hostile à l’homme, dit Soraya. “Les gens ne se rendent pas compte de la chance d’être sur Terre. À l’échelle de l’univers, nous sommes tous insignifiants.

Un silence lourd de réflexions s’installa, chacun mesurant la fragilité de leur existence dans l’immensité hostile de l’espace.

Georges finit par rompre ce moment contemplatif : “Vous n’avez pas essayé de rejoindre la Communauté 4 ? Ils ont forcément fait une escale à un moment, non ?

- Ils ne se sont pas aventurés jusqu’ici”, répondit Inès, “donc nous ne savons pas s’ils sont passés. Mais à vrai dire, cela n’a pas d’importance car nous sommes bien ici. Nous nous sommes adaptés et nous vivons heureux.

- Mais que faites-vous de vos journées ? demanda Katya.

- Les premières années difficiles, nous avons fait le nécessaire pour couvrir nos besoins vitaux, expliqua Soraya tout en pensant sur le long terme, avec des systèmes de recyclage. “Nous ne souhaitons pas reproduire ce qui s’est passé sur Terre. En parallèle, nous avons également travaillé à avoir une vie comme sur Terre, avec des loisirs.

- Des loisirs intelligents prenant en compte les ressources à notre disposition. Donc pas de course stupide de véhicules par exemple, dit Fred fier.

- Mais vous n’avez pas envie de voir du monde ? demanda Katya.

- Sans être fataliste, c’est quelque chose que nous ne pouvons pas contrôler, répondit Inès. “Donc à quoi bon rêver d’autres personnes ? Ici, les gens ont tous bon fond.

Au moment où Inès finit sa phrase, Xiao reçut un message du commandant leur indiquant de revenir au vaisseau. Xiao s’apprêta à prendre la parole pour s’excuser auprès de leurs hôtes, Soraya ajouta : “Et puis, dans l’exploration de la planète, nous sommes tombés un jour sur un humanoïde que la communauté 1 a laissé. Il fait office de relais pour toutes les communications avec la Terre et le dernier message reçu ne donne pas envie d’aller sur Proxima Centauri B.

- Ah bon, comment ça ? demanda Katya.

- La communauté 1 a bien atteint Centauri B, mais la réalité se révèle bien différente des promesses dorées qu’Ubiright nous avait vendues avant notre départ de la Terre.

- Elle n’a pas les ressources que l’on espérait? Demanda Georges

Prochainement : Jin rencontre la professeure Andrea Olsson, qui lui apprend une nouvelle dérangeante.

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