Banlieues françaises et proxénétisme
“Politics and prostitution have to be the only jobs where inexperience is considered a virtue. In what other profession would you brag about not knowing stuff ?” Tina Fey (2011)
Dans l’histoire européenne, les politiques publiques ont appliqué différentes mesures afin de limiter ou non la prostitution, allant de la tolérance implicite à la répression pénale. En France, depuis la deuxième moitié du XXe siècle, les gouvernements successifs ont choisi de restreindre au maximum le phénomène. La dernière loi votée, celle du 13 avril 2016, permet notamment à la Justice de pénaliser les individus utilisant (ou sur le point d’utiliser) les services d’une prostituée.
Néanmoins, de nombreux rapports institutionnels indiquent que ces politiques publiques n’ont jusqu’à maintenant qu’un faible impact sur les réseaux de proxénétisme. Dans une étude financée par le ministère des Solidarités et de la Santé, Guillemet et Pohu (2019) s’inquiètent de la stabilité du nombre de prostituées recensées sur le territoire, notamment en région parisienne, et ce, malgré les mesures en vigueur visant à lutter contre le trafic. Ils mettent également en exergue l’explosion récente d’un phénomène datant pourtant des années 80, nommé proxénétisme de cité. Ce dernier concerne essentiellement des jeunes filles mineures, la majorité d’entre elles étant âgées de 15 à 17 ans. D’après la Fondation Scelles (2019), ces enfants représentent 10% du nombre total de prostituées en France. Un rapport interministériel, adressé au secrétariat d’État en charge de l’enfance et des familles (2021), permet d’en apprendre plus sur l’ampleur du phénomène. Entre 2016 et 2021, le nombre de mineurs victimes du proxénétisme de cité a progressé de 54%. Les données recensées montrent que ces victimes sont atteintes pour la plupart de carences affectives, en raison d’un contexte familial établi comme dysfonctionnel. Selon l’Observatoire des violences envers les femmes de Seine-Saint-Denis, près de 70% des personnes interrogées avouent avoir subi des violences physiques ou sexuelles avant l’adolescence.
Le manque de données de masse, ouvertes au public, rend difficile l’identification du profil socio-économique type du proxénète. Cependant, selon le rapport de l’association l’Amicale du Nid (2012), il semblerait tout de même que ce dernier corresponde à celui d’un homme plutôt jeune, délinquant, et connu des services de police pour des faits de trafic de stupéfiant. Dans près d’un cas sur quatre, il s’agirait d’un proche de la cellule familiale de la victime.
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